Par nature, la réintégration pérenne est liée au développement du pays d’origine. La réintégration pérenne d’un individu dépend de différents facteurs, notamment les capacités environnementales et structurelles mais également les opportunités économiques et de développement disponibles dans le pays d’origine. Dans les pays où ces éléments font défaut, la réintégration pérenne peut s’avérer compliquée voire impossible. Par ailleurs, le retour peut engendrer de nombreux défis liés au développement pour les pays d’origine (tel qu’énoncé dans la discussion de la Réintégration après le retour). Ces problèmes peuvent survenir plus particulièrement si un grand nombre de personnes reviennent dans un court laps de temps et si la communauté locale n’a pas la capacité d’absorber ces retours. La concurrence pour les ressources disponibles et le ressentiment à l’égard des migrants de retour peuvent conduire à des tensions sociales susceptibles d’entraver le développement local. De plus, les migrants de retour cesseront d’envoyer des fonds à leurs familles (s’ils en envoyaient auparavant), ce qui peut également avoir un impact sur la situation économique de foyers individuels et de communautés entières.

Les initiatives de réintégration peuvent contribuer à résoudre ces questions lorsqu’elles s’attachent également à répondre aux besoins de développement local. Elles peuvent avoir un impact à la fois sur les migrants de retour et sur l’ensemble de la communauté et renforcer les capacités d’absorption des pays et des communautés de retour. Les interventions centrées sur la communauté encouragent généralement de la même façon la participation des migrants de retour et de la population non migrante. Elles soutiennent donc également la cohésion sociale entre les migrants de retour et leur communauté (Graviano et al., 2017).

Good Practice
Dialoguer pour identifier les besoin d’une communauté

Le conflit qui sévit depuis des années en Somalie a entraîné le déplacement de nombreuses personnes, tant à l’intérieur de leur propre pays qu’au-delà des frontières. La construction d’un pont dans le district de Baidoa, dans l’État du Sud-Ouest, fut l’une des initiatives visant à fournir un accès inclusif aux services de base tout en contribuant à la réduction des conflits et à la consolidation de la paix. La communauté locale s’était largement impliquée dans la reconnaissance du pont en tant que moyen d’intervention efficace pour venir en aide à près de 30 000 personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDI), 37 500 migrants de retour (c’est-à-dire les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, les réfugiées et les migrants qui reviennent), et 82 500 membres des communautés d’accueil. Il s’agissait d’un processus participatif dans lequel les autorités nationales et locales, ainsi que l’OIM, avaient invité la communauté à participer de la manière suivante.

Tout d’abord, une équipe de facilitateurs a été créée pour diriger le processus de consultation. Elle comprenait des membres désignés de la communauté ainsi que des fonctionnaires du ministère de la Planification et de la Coopération internationale, du ministère de l’Intérieur de l’État du Sud-Ouest de la Somalie, du bureau du gouverneur de la région de Bay, des bureaux municipaux de Baidoa et de la Commission de l'État du Sud-Ouest pour les réfugiés. Ils ont été formés à la facilitation et ont joué un rôle central dans la participation et l’adhésion de la communauté aux processus de consultation et de planification.

Des consultations ont ensuite été organisées pour identifier les différents groupes socio-économiques de la ville et sélectionner des représentants. Deux groupes ont ainsi été constitués : un groupe d’action composé de 22 représentants de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, de migrants de retour, de femmes, de jeunes, de personnes âgées ainsi que de villages spécifiques, avec pour mission de prendre part aux processus de consultation et de planification ; et un groupe plus restreint de quatre personnes, composé de représentants désignés, avec pour tâche de participer au suivi et à l’évaluation de la construction du pont. Le premier groupe a contribué à identifier l’intervention la plus appropriée et le second groupe a contribué sa mise en œuvre ainsi qu’à son suivi et évaluation. Même si les autorités nationales et locales et l’OIM ont participé à toutes les étapes, ce processus a permis à la communauté de véritablement s’approprier le pont

Source

Lorsque les migrants de retour sont réintégrés avec succès dans la société et le marché du travail au niveau local, ils peuvent être des facteurs déclencheurs de développement pour leur pays d’origine, comme l’a noté Debnath (2016). Les migrants de retour peuvent : 

  • faire profiter les pays d’accueil de leur capital humain et de leurs compétences, plus particulièrement dans le cas de migrants de retour hautement qualifiés ;  
  • investir dans l’économie locale grâce à leurs envois de fonds et aux richesses accumulées à l’étranger ; 
  • tirer avantage de leurs liens transnationaux pour faciliter la mise en place de partenariats innovants ou la création d’entreprise entre les pays d’accueil et d’origine ; 
  • jouer le rôle d’acteurs du changement social dans leur pays d’origine. 

Pour un exemple concret, consulter les informations sur les modèles de coopération du Partenariat mondial sur les compétences et la migration dans Partenariats : le besoin de coopération et de coordination.

Une approche globale serait plus à même de soutenir à la fois la réintégration et le développement. Celle-ci implique l’inclusion de la réintégration des migrants dans les plans de développement et les politiques nationales, mais également la prise en compte des opportunités pour renforcer le développement local par des initiatives de réintégration. Il est nécessaire d’établir une coordination efficace entre les différentes parties prenantes – acteurs gouvernementaux ou non, mais également les entités publiques et privées aux niveaux local et international – afin de garantir que les besoins spécifiques des migrants de retour et des communautés soient pris en compte dans l’ensemble des efforts déployés. Il est important d’identifier la manière dont les différents instruments de financement, et l’allocation de budgets peuvent être associés pour gérer la problématique des retours et soutenir la coopération pour le développement. Voir, par exemple, l’étude ci-dessous et les interconnexions Environnement, changement climatique et réintégration.

Case Study
Étude de cas – partenariats publics-privés pour des emplois verts en Éthiopie

En Éthiopie, les partenariats existants entre les autorités publiques (y compris l’enseignement technique et professionnel et les instituts de formations), les entreprises privées et les organisations de la société civile ont concentré leur travail sur la création d’emplois et de programmes pour du travail décent, en collaboration avec l’OIM et l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Dans le cadre de ce projet, 25 femmes éthiopiennes, que l’OIM avait aidées à revenir d’Arabie Saoudite, ont bénéficié d’un soutien à la réintégration économique via l’initiative d’une organisation partenaire : Penda Manufacturing PLC, une entreprise de recyclage de papier à Addis Abeba. Cette initiative offre une rémunération financière fixe par kilogramme aux membres de la communauté qui apportent leurs déchets papier dans des sites désignés. Ce projet respecte la stratégie pour une économie verte en Éthiopie. Cette dernière agit en faveur d'une économie verte résiliente face au changement climatique d’ici 2025 grâce à des approches durables, c’est-à-dire qui s’éloignent des stratégies conventionnelles qui contribuent à l’augmentation des émissions de carbone.

Source

La solution la plus efficace serait d’incorporer l’aide à la réintégration dans les stratégies de développement des pays d’origine. Toutefois, l’aide au développement ne doit pas avoir pur objectif de limiter les nouvelles migrations. L’amélioration des indicateurs de développement entraîne généralement une augmentation de la mobilité à court terme, en raison de l’élargissement des opportunités et de l’ouverture de voies de migration régulières. Cependant, dans le contexte du retour, l’amélioration des facteurs structurels affectant la réintégration permet aux rapatriés de faire un choix libre, plutôt que d’opter pour une réémigration (en grande partie irrégulière) par nécessité (Graviano et al., 2017).

Policy Approaches
Encourager le développement par le retour et la réintégration

Vous trouverez ci-dessous un processus étape par étape de rationalisation des retours et de la réintégration qu'il convient d'intégrer dans les stratégies et politiques de migration et de développement : 

1. Sensibilisation Les parties prenantes clés sont réunies pour échanger sur la finalité et les objectifs de l’activité d’intégration afin de participer à l’élaboration d’une proposition de processus.
2. Détermination du champ d’application Il s’agit d’identifier les aspects liés au retour et à la réintégration dans les politiques sectorielles et les cadres de planification du développement et d’évaluer les calendriers associés, parties prenantes clés, les défis et les éventuelles manières de structurer le processus.
3. Définition des objectifs Identifier et établir des priorités en matière d’objectifs. Ce processus doit inviter toutes les parties prenantes clés de la réintégration à participer et prendre en compte leurs retours d’information et priorités. Cette étape doit, si possible, s’intégrer dans les processus continus de planification du développement national.
4. Planification d'actions L’objectif est de sélectionner et développer des programmes afin de réaliser les objectifs prioritaires sélectionnés. Ainsi, il convient de définir les bénéficiaires cibles, préciser les activités clés à mener et identifier les partenaires pertinents. 
5. Mise en œuvre Sur la base du plan d’action choisi, l’entité publique responsable doit élaborer un plan de mise en œuvre et une stratégie de mobilisation des ressources afin que les ressources, la prise de décision, les rôles et responsabilités et les rapports soient clairement définis
6.Suivi Le plan doit être analysé, mis à jour et adapté en continu. Toute politique ou action de retour et de réintégration mise en œuvre mais non incluse dans le plan initial doit également être prise en considération afin de suivre et de surveiller toutes les activités d’intégration dans un seul document.

 

Source

Directement tiré de la figure 4.5 dans OIM, 2019

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