L’absence de mécanismes établis pour la coopération et la collaboration entre les pays d’origine, de transit et de destination se traduit souvent par de graves lacunes dans la protection des enfants migrants. Les procédures visant à déterminer l'identité des enfants, à estimer leur âge, à identifier leurs besoins spécifiques et à mettre en œuvre des solutions pérennes et protectrices sont souvent complexes et nécessitent l'implication de plusieurs acteurs dans différents pays afin de recueillir les bonnes informations, notamment lorsque des questions de documents manquants, d'apatridie ou de statut se posent. Dans certains cas, l'absence de contact avec les autorités ou les organisations non gouvernementales dans les pays d'origine ou de transit pour réunir des pièces justificatives sur l'enfant et l'adulte affirmant s'occuper de lui a entraîné le transfert des victimes de la traite dans des centres pour migrants en même temps que leurs exploiteurs. Dans d'autres cas, le manque de coordination ou de contact entre les acteurs ou les autorités concernés dans les pays d'origine, de transit ou de destination empêche les enfants d'accéder à l'éducation ou aux soins dont ils ont besoin. C'est le cas, par exemple, lorsque l'absence ou la non-transférabilité de documents empêche que les résultats scolaires obtenus dans un pays soient reconnus dans un autre. De même, l'impossibilité d'accéder aux dossiers mentionnant les problèmes de santé ou les soins reçus dans un pays peut affecter les soins que les enfants peuvent recevoir à leur arrivée dans un autre pays.

Plusieurs dispositions de la Convention des Nations unies relative aux droits de l'enfant (CRC ou CIDE) traitent explicitement de la coopération transnationale entre les États. Certaines d'entre elles concernent directement les dispositions relatives à la protection des enfants, notamment l'obligation pour les États de prendre toutes les mesures nationales, bilatérales et multilatérales appropriées pour protéger les enfants contre l'exploitation et les sévices sexuels ; de prévenir l'enlèvement, la vente ou la traite d'enfants ; de veiller à ce que l'adoption internationale soit effectuée par des autorités compétentes uniquement ; et d'assurer une protection appropriée aux enfants cherchant à obtenir le statut de réfugié ou étant considérés comme tels (CRC ou CIDE, articles 21, 22, 34, 35).

 

Policy Approaches
Renforcer la coordination transfrontalière pour mieux protéger les enfants migrants
  • Veiller à ce que les plans stratégiques nationaux et régionaux de lutte contre la migration mixte et irrégulière comportent une section sur la protection des enfants migrants, notamment des enfants non accompagnés et séparés. Cela permettra de façonner l’élaboration et la mise en œuvre des procédures de protection des enfants par-delà les frontières.
  • Mettre en place un groupe de pilotage inter-agences et inter-pays pour soutenir la mise en œuvre des plans stratégiques nationaux ou régionaux. Le groupe de pilotage vise à soutenir l’élaboration, la mise en œuvre et l'harmonisation des politiques, ainsi que la coordination entre les gouvernements.
  • Veiller à ce que des systèmes d'orientation soient en place pour fournir des services aux enfants migrants et, le cas échéant, les renforcer dans le but de faciliter l'accès des enfants migrants à un minimum de services.
  • Veiller à ce que divers processus de formation et de mobilisation des ressources soient conçus et dispensés régulièrement au personnel impliqué dans la protection des enfants migrants. Le personnel peut inclure divers débiteurs d’obligations (agents de l'immigration, travailleurs sociaux), mais aussi de la communauté dans son ensemble (professionnels de la santé et de l'éducation, travailleurs sociaux et éducateurs) qui se trouvent à proximité des frontières.