- Renforcer la capacité de tous les agents frontaliers à répondre aux différents besoins et expériences des différents groupes sexospécifiques. Il s'agit d'appréhender la façon dont les victimes/survivants de la traite et du trafic illicite vivent ces expériences en fonction de leur genre, et de savoir détecter les victimes/survivants dont le comportement peut différer selon leur genre (plus d’information sur la Violence basée sur le genre et exploitation au Chapitre 1.3.2 « Genre et migration »).
- Veiller à ce que les agents frontaliers soient représentatifs de la population avec laquelle ils sont en contact, en particulier en termes de genre. Cela suppose d’encourager le recrutement, la rétention, la promotion et le développement des compétences du personnel féminin, non-binaire et LGBTI dans les départements en lien avec le domaine de la migration et dans les services chargés des frontières.
- Soutenir la mise en place de programmes de renforcement des capacités pour les agents frontaliers en vue de sensibilisation à la prévention de l’exploitation et des abus sexuels. Ces programmes doivent aborder : ce dont il s’agit ; ce qui est acceptable (et ce qui ne l’est pas) ; comment prévenir, détecter et dénoncer les cas d’exploitation et de maltraitance ; vers qui orienter les victimes pour obtenir une assistance ; ainsi que les conséquences pour les auteurs et victimes de ces crimes.
Les considérations de genre dans le contexte de la gestion des frontières sont vitales car les différents groupes (c’est-à-dire les femmes, les hommes, les filles, les garçons et les personnes qui ne s’identifient ni comme homme ni comme femme) vivent certaines situations de manières différentes. Le genre détermine toutes les phases du parcours migratoire, y compris les facteurs déclencheurs de la migration, la destination choisie, les moyens et les réseaux utilisés, les opportunités et les ressources à disposition dans le pays de destination, ainsi que les relations avec le pays d’origine (plus d’informations au Genre et migration).
Les États doivent attentivement prendre en compte ces différences sexospécifiques dans l’élaboration des politiques de gestion des frontières. Celles-ci doivent intégrer une compréhension adéquate des vulnérabilités sexospécifiques, des rôles attendus et des rapports de force associés au fait d’être un homme, une femme, un garçon, une fille ou une personne non-binaire, ou encore au fait de s’identifier comme lesbienne, gay, bisexuel, transgenre et/ou intersexe (LGBTI), car cela peut exposer les migrants à des types de risques différents. Prendre en considération les dimensions sexospécifiques de la migration dans les activités aux frontières permettra de garantir des mouvements transfrontaliers adaptés et efficaces, dans le respect des droits des migrants.
Compte tenu du risque de violence basée sur le genre (VBG) – volontaire comme involontaire – à la frontière, toute politique de gestion des frontières devrait adopter comme principe fondamental une approche sexospécifique de la prise en charge des mouvements. Il convient par conséquent de veiller notamment à ce que les autorités frontalières soient à même de déterminer si un voyageur est victime de VBG, de traite des personnes ou de toute autre forme d’exploitation ou de maltraitance et a besoin dans ce cas d’une assistance et de la protection internationale. En outre, les procédures opérationnelles standards sexospécifiques devraient fournir des mécanismes de protection prenant en compte le genre des migrants vulnérables. Dans l’ensemble, l’égalité de genre devrait avoir une place centrale dans toutes les problématiques et activités de mise en œuvre des stratégies de gestion des frontières.
Améliorer la capacité des autorités et institutions frontalières à tenir compte des sexospécificités peut contribuer à lutter contre la violence basée sur le genre (VBG) et l’exploitation des migrants dans les zones frontalières. Au Népal, l’organisation de la société civile Maiti a collaboré à un projet qui comprenait une formation sur le thème du genre et de la traite pour les autorités frontalières, ainsi que la création d’une unité de policières. L’objectif de la formation était de renforcer les capacités des fonctionnaires à détecter la traite des personnes et le trafic illicite des migrants, et d’améliorer le respect des droits de tous les groupes sexospécifiques à la frontière. En outre, le projet reconnaissait que les femmes étaient largement sous-représentées au sein de la communauté frontalière. L’augmentation de la présence de femmes parmi les agents est une solution pour améliorer la réponse des forces de l’ordre à la violence à l’égard des femmes et pour réduire les problèmes liés à la VBG et aux autres types de discrimination.
IDS, 2016; DCAF, OSCE/ODIHR, UN-INSTRAW, 2008.