Cette section présente une vue d'ensemble des domaines d'action programmatique sélectionnés dans le domaine de la santé des migrants, ainsi que des approches politiques et des exemples pratiques. Elle n'est en aucun cas exhaustive. Les priorités seront établies selon le contexte national, tel qu'il a été défini lors de consultations multipartites et intersectorielles et décrit dans un plan national de santé dans le contexte migratoire dans le présent chapitre).n (voir Élaboration d'un plan national global de santé en matière de migration dans ce chapitre). Les domaines étudiés ci-dessous sont généralement très pertinents et peuvent être pris en compte dans ces plans

Mécanismes de protection sociale pour promouvoir la santé des migrants

Dans la plupart des pays, les migrants en situation de vulnérabilité, ceux qui n'ont pas les moyens de souscrire une assurance maladie et ceux qui n'ont pas les papiers requis sont systématiquement exclus de tous les soins de santé, à l'exception des soins d'urgence. Fournir des soins de santé de qualité, abordables et accessibles aux migrants ne profite pas seulement aux populations migrantes, mais protège également les populations des communautés de transit et d'accueil (pour en savoir plus sur les aspects sexospécifiques liés à la protection sociale et à l'assurance maladie, voir l'analyse de l’Accès aux services dans Genre et migration).

On parle de dépenses de santé catastrophiques lorsque les paiements directs pour les services de santé absorbent une part si importante du revenu disponible d'un ménage que celui-ci risque de plonger dans la pauvreté (voir Organisation mondiale de la santé [OMS], n.d. Et OMS, 2019). Pour que les migrants bénéficient d'une couverture sanitaire universelle (CSU), il faudra mettre en place des pratiques et des politiques innovantes permettant d'équilibrer les coûts de santé publique dus à l'exclusion et à un manque de soins et récolter ainsi les fruits de l’intégration d’une population migrante en bonne santé. Les régimes de sécurité sociale en sont un exemple. Des mécanismes d’extension de la protection sociale pour la santé et d’amélioration de la couverture de sécurité sociale pour les migrants et leurs familles peuvent permettre l’accès aux services de santé et éviter les paiements directs quand les travailleurs migrants ont besoin de services de santé et les soins d’urgences inutilement coûteux. Il pourrait s'agir de régimes d'assurance maladie souples et transfrontaliers (transférables).

Case Study
Régime d'assurance maladie en Thaïlande

La Thaïlande adopte une approche progressive pour étendre la couverture médicale à tous. L’une des phases concerne le régime de sécurité sociale et consiste à le mettre à disposition des ressortissants thaïlandais et des migrants réguliers. Il s'agit d'un exemple de régime à cotisations définies. Un autre régime concerne les travailleurs migrants du secteur informel, dont certains sont des sans-papiers. En 2004, le gouvernement thaïlandais a mis en place un régime d'assurance maladie pour les migrants. Il s'agit d'un régime d'assurance maladie prépayé, basé sur des primes, offert aux migrants, y compris aux sans-papiers. Pour être couverts par ce régime, les migrants paient une cotisation de 50 USD par an. Les sans-papiers, pour y avoir accès, doivent s'enregistrer auprès du gouvernement ; une démarche qui s’inscrit dans un processus régularisation et d'obtention de papiers. Les prestations offertes par les différents régimes d'assurance maladie sont similaires, de sorte qu'il n'existe aucune discrimination en termes de forfaits pour les migrants ou les nationaux. Cette pratique contribue à l'extension de la couverture santé, ainsi qu'à l'inclusion et à la cohésion sociale.

Source
To Go Further
Policy Approaches
Mesures de protection sociale pour promouvoir la couverture sanitaire universelle des migrants
  • Envisager d'accroître la couverture sociale des migrants et de leur famille, ce qui pourrait inclure des régimes d'assurance maladie souples et transfrontaliers (transférables) :
  • Investir dans la fourniture de soins de santé primaires qui tiennent compte des migrants (OMS, OIM et gouvernement espagnol, 2010).
  • Fournir davantage de fonds pour permettre aux autres partenaires et aux communautés de répondre aux besoins immédiats, à moyen et à long terme des migrants en matière de santé.
Des systèmes de santé sensibles à la problématique de la migration pour atteindre les objectifs de santé mondiaux

Les systèmes de santé axés sur les personnes et tenant compte de la migration contribuent à accélérer les progrès en matière de santé et à réduire les inégalités sanitaires entre les populations, y compris entre les migrants et les communautés d'accueil. Afin de mettre l’individu au cœur de ces systèmes, il faut instaurer une culture dans laquelle la santé des migrants est intégrée aux décisions prises dans tous les secteurs de la société et, en particulier, aux politiques publiques. Le discours actuel autour de la migration et de la santé recommande une évolution vers l'équité et l'inclusion des migrants, en mettant l'accent sur les approches que les pays peuvent adopter pour cibler les domaines ci-dessous (voir Figure 7).

Image / Video
Figure 7. Santé, régimes de santé et santé mondiale
Policy Approaches
Développer des services de santé adaptés aux migrants
  • Établir des pare-feux, à savoir des mesures visant à séparer les activités d'application des lois sur l'immigration de la fourniture de soins de santé, afin d'éviter que les migrants n’aient pas immédiatement accès aux soins ou pas du tout, ou de façon limitée.
  • Concevoir et mettre en œuvre des outils, y compris le renforcement des capacités des prestataires de soins de santé qui s'attaquent aux barrières culturelles et linguistiques, à la xénophobie et à la discrimination, ainsi qu'aux obstacles juridiques et financiers, avec la participation des professionnels de la santé migrants.
  • Fournir des informations factuelles, opportunes et faciles d’accès sur les droits humains et les besoins sanitaires des migrants pour lutter contre la stigmatisation.
  • Faire participer les communautés de migrants et la société civile à l’élaboration, à la fourniture et à l'évaluation des services de santé destinés aux migrants et aux communautés d'accueil.
  • Identifier et renforcer les compétences des populations migrantes en matière de soins de santé grâce à la formation et à la certification, conformément aux normes nationales et à l'évaluation.
Example
Prévention et traitement de la tuberculose chez les migrants

Le 19 mai 2014, la soixante-septième Assemblée mondiale de la santé (AMS) a adopté la nouvelle stratégie et les nouveaux objectifs mondiaux de lutte contre la tuberculose pour l'après-2015. Cette stratégie vise à mettre fin à l'épidémie mondiale de tuberculose en fixant des critères et des objectifs spécifiques jusqu'en 2035. La stratégie s'appuie sur l'approche « Connaître son épidémie » et se concentre particulièrement sur les personnes qui n’ont pas accès aux soins - les populations les plus vulnérables et les plus marginalisées. Conformément aux principes et aux trois piliers de la nouvelle stratégie, la tuberculose et la migration peuvent être abordées comme suit :

  • Plans nationaux de lutte contre la tuberculose incluant les migrants:
    • Prendre en considération la tuberculose chez les migrants et leurs besoins dans les évaluations épidémiologiques et les examens des programmes nationaux.
    • Inclure les migrants dans les processus nationaux d'élaboration des plans stratégiques nationaux de lutte contre la tuberculose et de mobilisation des ressources.
    • Renforcer les systèmes de suivi nationaux afin d'y inclure des données ventilées sur les migrants, le cas échéant.
  • Soins et prévention adaptés aux migrants:
    • Sensibiliser le personnel de santé aux besoins des migrants en matière de tuberculose et développer des compétences culturelles adaptées à ces besoins.
    • Veiller à ce que les services chargés du diagnostic, des traitements et des soins de la tuberculose soient adaptés aux besoins des migrants, y compris la gestion de la tuberculose multirésistante (TB MR) et d’une co-infection TB/VIH, ainsi que l'accès aux nouvelles technologies de lutte contre la tuberculose.
    • Mettre en place des systèmes d'orientation transfrontaliers avec recherche des contacts et partage d'informations pour assurer la continuité des soins aux migrants et harmoniser les protocoles de traitement le long des couloirs de migration.
    • Renforcer l'autonomie des communautés de migrants par la mobilisation sociale et la communication en matière de santé.
  • Des politiques et des systèmes intersectoriels audacieux:
    • Assurer la cohérence des politiques entre les secteurs de la santé et les autres, tels que l'immigration et le travail, afin de soutenir les interventions de lutte contre la tuberculose chez les migrants au niveau national et international.
    • Adopter des politiques et/ou des réglementations qui améliorent l'accès des migrants aux services et à la protection financière et sociale, indépendamment de leur statut.
    • Éliminer les obstacles juridiques et administratifs discriminatoires.
    • Favoriser l'inclusion de la tuberculose dans les accords bilatéraux ou régionaux sur la migration, en veillant à ce que les responsables rendent compte de leur action ; instaurer des partenariats novateurs entre le public et le privé.
  • Recherche opérationnelle:
    • Mener des études, notamment sur les déterminants sociaux, les nouveaux outils et les approches d'intervention, en tenant compte des besoins des migrants.
Source

OIM et OMS, 2014.

To Go Further

 

Approches de la sécurité sanitaire mondiale d’un bout à l’autre du continuum de mobilité

La mobilité humaine locale, régionale et mondiale peut amplifier la propagation des maladies transmissibles et les effets des événements de santé publique si la prévention et les services de santé publique ne sont pas inclusifs et ne prennent pas véritablement en compte les migrants. La pandémie de COVID-19 et d’Ebola en Afrique de l'Ouest nous le rappellent. Afin de répondre efficacement aux préoccupations en matière de sécurité sanitaire mondiale, il convient d’améliorer la prévention, la détection et la réponse à la propagation des maladies tout au long du continuum de mobilité (aux points de départ, de transit, de destination et de retour) et de ses espaces de vulnérabilité où les migrants et les populations mobiles interagissent avec les communautés locales. Ceci nécessite une approche multisectorielle coordonnant la gestion des frontières avec la sécurité sanitaire, soutenant au final la mise en œuvre du Règlement sanitaire international (RSI) de 2005. Il est primordial de bien comprendre la dynamique de la mobilité humaine pour élaborer des initiatives de santé publique visant à prévenir, détecter et répondre aux menaces sanitaires internationales et ainsi, aider à la réalisation du Programme de sécurité sanitaire mondiale (GHSA). Il faut également posséder une connaissance actualisée des schémas de la mobilité, et savoir identifier et hiérarchiser les espaces de vulnérabilité où les mesures de santé publique doivent être renforcées. Connaître les points de départ, les itinéraires et les destinations des migrants, et veiller à ce qu’ils soient pris en compte dans les systèmes de santé permet d’anticiper les schémas de transmission des maladies.

La cartographie de la mobilité de la population (PMM) est importante puisqu’elle permet de guider les initiatives de santé publique. Elle peut servir d’outil fondé sur des données probantes pour l'installation de postes de dépistage sanitaire et l’élaboration de mécanismes d'orientation dans les espaces de vulnérabilité, notamment aux frontières internationales, en cas de progression rapide d’une épidémie ou d'autres risques sanitaires. Il est particulièrement important de mettre en place des mesures de santé publique et de surveillance dans les communautés frontalières afin de prévenir et de détecter les menaces sanitaires et d'y répondre. L’identification et la hiérarchisation des espaces de vulnérabilité, permettent d’activer les mesures de santé publique dès qu'une menace sanitaire est détectée, grâce à une coordination étroite entre les points de transit et de rassemblement, les centres d'opérations d'urgence (COU) et les services de santé d'orientation.

To Go Further
  • Programme de sécurité sanitaire mondiale (GHSA). Lancé en 2014, ce Programme est un partenariat entre près de 70 pays et d'autres parties prenantes qui vise à promouvoir la sécurité face aux menaces de maladies infectieuses, à réunir les pays pour qu'ils prennent des engagements concrets et fassent de la sécurité sanitaire mondiale une priorité nationale. Les initiatives de sécurité sanitaire mondiale visent à minimiser les risques et les conséquences dévastatrices des pandémies, des urgences sanitaires et des systèmes de santé déficients.
  • OIM, Cadre de gestion de la santé, des frontières et de la mobilité, 2021., 2021. Le cadre de gestion de la santé, des frontières et de la mobilité (GSFM) de l'OIM  donne aux gouvernements et aux communautés les moyens de prévenir et détecter les menaces pour la santé publique et d'y riposter d’un bout à l’autre du continuum de la mobilité. Le GSFM s'efforce de mettre en place des systèmes de santé efficaces en matière de mobilité, ouverts à tous et adaptés à la dynamique de la mobilité humaine, afin de garantir une couverture sanitaire universelle, essentielle pour la sécurité sanitaire mondiale.
  • Le document, Assessing Population Mobility Dynamics and Patterns for Public Health Emergency Preparedness and Response, 2017c de l’OIM cartographie la mobilité de la population, une méthodologie qui adapte des éléments du cadre de la matrice de suivi des déplacements pour comprendre les schémas de mobilité transfrontalière afin d'orienter la préparation et la réponse du secteur de la santé.
Policy Approaches
Mécanismes choisis pour renforcer la santé transfrontalière

Établir des accords bilatéraux ou multilatéraux sur l'accès à la santé, tels que :

  • L'accès aux services de santé d’un pays à l’autre ;
  • Le transfert en temps opportun des données relatives à la santé des migrants afin de garantir la continuité des soins ; il est également important de veiller à ce que des protocoles appropriés de protection des données soient mis en place et que la propriété des dossiers médicaux personnels des migrants soit garantie ;
  • L'harmonisation des protocoles et des régimes de traitement et l'interopérabilité des informations entre les prestataires de soins de santé et les autorités transfrontalières ;
  • La participation des migrants, des populations mobiles et des communautés le long des zones frontalières pour une approche autonome de la santé en termes d'éducation, de promotion et de prévention ;
  • La séparation des mesures de contrôle aux frontières et de l'accès aux soins de santé ;
  • La collaboration transfrontalière, ou harmonisation régionale, entre les pays de destination et d'origine pour le traitement des maladies transmissibles, telles que la tuberculose, le VIH/SIDA et le paludisme.
Lutter contre la vulnérabilité sanitaire et promouvoir la résilience des migrants

Une combinaison de facteurs au cours du processus de migration peut influencer l'état de santé des migrants. Comme le montre la Figure 8, ces facteurs peuvent être individuels, sociétaux, structurels et contextuels(voir Migration en tant que déterminant de la santé).

Image / Video
Figure 8. Vulnérabilité et résilience en matière de santé des migrants

Dans le contexte de la santé, la vulnérabilité inclut la notion d'inégalité des chances, d'exclusion sociale et d'autres facteurs socioéconomiques et culturels qui influent sur la santé d’un individu (OIM, OMS et gouvernement du Sri Lanka, 2017) (pour en savoir plus sur la migration en tant que déterminant de la santé, voir La santé dans le contexte de la migration). Les femmes, les enfants, les personnes handicapées et celles qui s'identifient comme LGBTI peuvent être plus vulnérables, et les déplacements induits par la dégradation de l'environnement et les événements climatiques peuvent accroître les risques sanitaires des migrants (pour plus de détails, voir Environnement, changement climatique, migration et santé, et Genre, protection et services au Genre et migration).

En revanche, la résilience (OIM, OMS et gouvernement du Sri Lanka, 2017) serait influencée par certaines caractéristiques individuelles telles que le jeune âge, de bonnes conditions de vie et des niveaux d’aide plus élevés permettant aux migrants d'obtenir de bons résultats en matière de santé. Des groupes d'entraide, des espaces sûrs pour les discussions communautaires, de l’aide au renforcement des compétences et de bons canaux de communication avec les familles restées au pays peuvent tous constituer des réponses adaptées à la culture des migrants pour renforcer la résilience. L'autonomisation et la reconnaissance du rôle des travailleurs de la santé migrants et issus de la diaspora dans le renforcement de la résilience des communautés dans les pays d'origine et de destination sont également pertinentes dans le contexte de la santé des migrants (OIM, 2018b ; voir Considérations relatives à la santé dans le cadre de la migration de main-d'œuvre).

Policy Approaches
Promouvoir la résilience des migrants pour des effets positifs sur la santé
  • Améliorer ou modifier les cadres réglementaires et juridiques afin de répondre aux besoins sanitaires spécifiques des populations migrantes vulnérables, conformément aux lois nationales et internationales en vigueur.
  • Donner la priorité au financement et à la mise en œuvre en temps opportun des services de santé destinés aux migrants, tels que les soins de santé maternelle (y compris les soins prénataux et postnataux), les soins spécialisés pour les victimes de violences, les initiatives pour la santé infantile et les services de santé mentale.
  • Garantir un accès équitable aux traitements pour les travailleurs migrants dans le cadre professionnel, en particulier dans les secteurs connus pour être propices à l'exploitation et aux conditions de travail dangereuses.
  • Promouvoir l'autonomisation et le renforcement de la résilience des migrants grâce à des interventions sanitaires. Parallèlement, promouvoir l'inclusion des migrants dans les sociétés afin qu'ils puissent accéder aux soins de santé et en bénéficier. Promouvoir les partenariats intersectoriels qui soutiennent l'autonomisation, le renforcement de la résilience et l'inclusion (voir l'étude de cas ci-dessous).
Case Study
Renforcer la résilience des migrants pour qu'ils deviennent des agents du changement et participent activement aux interventions sanitaires

Le gouvernement néerlandais finance un programme continu visant à améliorer la santé sexuelle et reproductive, les droits et les résultats en matière de VIH pour les migrants, les adolescents et les jeunes, ainsi que pour les travailleurs du sexe dans les communautés concernées par la migration en Afrique australe, en mettant l'accent sur les régions frontalières où les niveaux de mobilité sont élevés. Plus de 1 400 agents du changement se mobilisent depuis 2016, et la grande qualité de leur travail se traduit par une hausse du nombre de personnes pouvant bénéficier d’un ensemble complet de services de santé sexuelle et reproductive, et du taux d'orientation qui atteint plus de 60 % des patients référés par les communautés aux établissements de santé locaux. L'utilisation d'un modèle holistique pour les capacités des services - avec sensibilisation et montée en compétences du personnel des établissements de santé, des agents de sécurité, cliniciens, administrateurs, etc. - a contribué à garantir des services adaptés aux migrants dans les communautés qui en ont besoin.

Source

OIM Bureau régional pour l’Afrique australe, 2019b.

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Innovation technologique et sociale

La technologie et l'innovation sociale à travers le monde ne favorisent pas seulement les liens entre les migrants et leurs familles, elles leur permettent aussi d’accéder aux informations et aux services de santé.

Les technologies innovantes en ligne et la téléphonie mobile pour les prestataires de soins de santé incluent l'apprentissage en ligne, la télémédecine et la téléchirurgie offerts aux professionnels de la santé travaillant dans des zones reculées, dans des zones de conflit et dans d'autres contextes (pour en savoir plus sur les contextes de crise, voir Urgences et réponses). Les rendez-vous en ligne font partie des solutions pouvant améliorer l'efficacité des systèmes de santé dans des contextes où les ressources, telles que les professionnels de santé qualifiés disponibles, sont rares.

Technologies innovantes en ligne et téléphonie mobile en faveur de la santé des migrants. On appelle mHealth l'utilisation des téléphones mobiles dans les soins médicaux. Au vu du nombre d'utilisateurs de téléphones mobiles, les interventions mHealth peuvent résoudre certaines des difficultés sanitaires associées à la mobilité. mHealth peut aider à améliorer l'adhésion aux régimes médicaux parmi les populations marginalisées ou difficiles à atteindre, telles que certains groupes de migrants, grâce à la thérapie sous observation directe (DOT) qui utilise la technologie mobile ou la thérapie par vidéo. Elles peuvent améliorer l'efficacité des systèmes de santé dans des contextes où les ressources, y compris les professionnels de la santé formés, sont rares (par exemple, via l'utilisation de services de messages courts [SMS] pour suivre les patients ou leur rappeler de prendre leurs médicaments). Des solutions peuvent également faciliter l’accès des migrants aux informations sur les systèmes de santé.

Case Study
Mise en œuvre du dossier personnel et de santé électronique pour promouvoir l'accès et l'intégration dans l'Union européenne

Ces dernières années, les migrations internationales vers l'Union européenne ont considérablement augmenté. L'importance des directives visant à améliorer les soins de santé transfrontaliers et le partage des données sont donc de plus en plus manifestes. Soutenu par des évaluations préalables approfondies sur le terrain et conformément à l'Agenda européen en matière de migration, le projet Re-Health1 a été lancé en 2016 en partenariat avec l'OIM. Re-Health1 entend aider les États membres de l'Union européenne, notamment s’ils connaissent une pression migratoire, à traiter les problèmes sanitaires liés à la migration, tout en luttant contre d’éventuelles maladies transmissibles et en gérant des événements sanitaires transfrontaliers.

Le projet rappelle l’importance de posséder un outil unifié d'évaluation de la santé au niveau de l'Union européenne. Celui-ci permet de retracer l'historique médical des migrants nouvellement arrivés, facilite le transit vers les pays de destination et favorise l'intégration dans les systèmes de santé nationaux. Le projet a aussi permis de créer une base de données électronique de dossiers électronique d’information relative à la santé d’un patient (Personal health record ou PHR) et de la piloter dans différents pays d'Europe. La Croatie, la Grèce et la Slovénie, avec le soutien de l'OIM, ont mis en œuvre et consolidé l'utilisation du PHR en tant qu'outil unique d'évaluation de la santé. L'OIM développe aussi actuellement une version révisée de l'outil et de la plateforme électronique concernée, avec pour objectif général de contribuer à l'intégration dans les systèmes de santé des États membres de l'Union européenne des migrants et des réfugiés nouvellement arrivés, y compris ceux devant être réinstallés.

Ces efforts sont alignés sur les priorités et les actions définies dans le cadre du programme européen sur la santé publique de 2017, ainsi que sur les ODD relatifs à la bonne gestion de la migration, à la couverture sanitaire universelle et à l'engagement des gouvernements à « ne laisser personne de côté », et sur la résolution WHA70.15 sur la santé des migrants et des réfugiés et sur le Pacte mondial pour la migration.

Source
Santé mentale et soutien psychosocial

Toute forme de migration implique une redéfinition des identités individuelles, familiales et collectives, ainsi que des rôles et des systèmes de valeurs, qui peuvent mettre les individus, les familles et les communautés concernés sous pression. Une approche inclusive, fondée sur les droits humains et garante de la disponibilité et de l'accessibilité d’une aide psychosociale et des soins de santé mentale à tous les migrants (quel que soit leur statut) et à leurs communautés d'accueil peut avoir des résultats positifs au niveau social, économique et culturel pour les migrants, leurs familles, leurs communautés et la société dans les pays d'origine et de destination. Les initiatives sanitaires dans le contexte de la migration peuvent se traduire par :

  • le renforcement des capacités des prestataires de services en matière de santé mentale et de mobilité des populations ;
  • des actions favorisant l'accès des migrants aux services de santé mentale, notamment en veillant à la continuité de l’aide psychosociale ;
  • l'intégration des soins de santé mentale pour les migrants dans les structures de soins de santé primaires ;
  • le renforcement des capacités pour l'intégration de l'interprétation, de la médiation, de l'approche des diverses populations et de la sensibilisation à la diversité culturelle dans les services de santé mentale.
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Messages clés
  • Les objectifs de santé mondiaux appellent à une évolution vers l'équité et l'inclusion des migrants ; les systèmes de santé axés sur les personnes et sensibles à la migration accélèrent les avancées en matière de santé et réduisent les inégalités sanitaires entre les populations.
  • Afin de faire avancer le programme de sécurité sanitaire mondial, il faut d’abord comprendre la dynamique de la mobilité humaine et les approches multisectorielles pour élaborer des initiatives de santé publique visant à prévenir et à détecter les risques sanitaires internationaux et à y riposter d’un bout à l’autre du continuum de la mobilité.
  • La technologie et l'innovation sociale, telles que les technologies en ligne et la téléphonie mobile pour les prestataires de soins de santé et les migrants, peuvent être utilisées pour aider les migrants à garder le lien avec leur famille et leur donner accès aux informations et aux services de santé.
  • Tous les migrants, quel que soit leur statut, doivent avoir accès à une aide psychologique et à un soutien psychosocial en sus des services de santé physique, qui ont des retombées sociales, économiques et culturelles positives pour les migrants, leurs familles, leurs communautés et la société dans les pays d'origine et de destination.