Résumé
Learning Objective
Objectifs d’apprentissage
  • Être mieux à même d’identifier les considérations stratégiques relatives aux systèmes de gestion intégrée des frontières
  • Comprendre l’importance de l’équilibre entre régulation et contrôle aux points d’entrée
  • En savoir plus sur les activités menées aux frontières telles que la vérification des documents et l’application des lois
  • En savoir plus sur les données migratoires, les renseignements et l’analyse des risques
Introduction
Migration régulée dans le contexte de la gestion des frontières

L’une des plus grandes difficultés que les gouvernements rencontrent dans le domaine des politiques migratoires consiste à trouver le juste équilibre entre des priorités concurrentes et apparemment contradictoires, en particulier lorsque les intérêts relatifs à la mobilité et à la sécurité se rencontrent. D’un côté, la migration offre un vaste potentiel pour promouvoir la croissance économique et le développement social grâce aux compétences, au dynamisme et aux innovations que les migrants apportent. De l’autre, les États ont un intérêt légitime à préserver la sécurité nationale et à lutter contre la traite des personnes, le trafic illicite de migrants et le terrorisme. À cet égard, ils ont trois responsabilités. Premièrement, ils doivent admettre d’une manière qui soit aussi efficiente que possible les personnes dont l’arrivée est conforme à la loi. Deuxièmement, ils doivent empêcher d’entrer dans le pays les personnes qui n’y sont pas autorisées (à l’exception des demandeurs d’asile et des victimes de la criminalité organisée transnationale). Troisièmement, ils doivent expulser de manière humaine et efficiente les personnes non autorisées à entrer ou à séjourner sur leur territoire.

Une bonne gestion des frontières peut permettre aux États d’adopter une approche plus équilibrée qui renforce leur propre sécurité nationale, en conformité avec le droit international. Elle peut aussi protéger les droits des migrants et réduire leurs vulnérabilités potentielles. Les États peuvent ainsi concilier leurs intérêts pour ce qui est de faciliter les mouvements transfrontaliers et de préserver la sécurité. Cet équilibre dépend de mesures de gestion des frontières aux différentes étapes du voyageur (avant l’arrivée, à l’entrée, pendant le séjour et à la sortie du territoire).

Le présent chapitre s’intéresse à trois aspects de la gestion des frontières. Premièrement, la recherche d’un équilibre entre la facilitation des voyages et le contrôle à l’arrivée, y compris les considérations stratégiques relatives aux systèmes de gestion intégrée des frontières, à la coopération technique et à la collaboration transfrontalière. Deuxièmement, les activités menées aux points d’entrée et autres points de contrôle/de passage frontalier, qui déterminent le statut des migrants, telles que la vérification des documents et l’application des lois. Et troisièmement, les données sur la migration, les renseignements et l’analyse des risques.

Importance de la gestion des frontières

Ces dernières décennies, le nombre de personnes et le volume de biens circulant par-delà les frontières ont augmenté de manière exponentielle. Cette évolution a nécessité des structures de gestion des frontières permettant de gérer les flux transfrontaliers de personnes et de biens avec plus d’efficacité.

La gestion des frontières a été l’un des enjeux majeurs les plus présents sur la scène politique nationale depuis le début des années 2000. Elle comprend l’administration de mesures relatives aux mouvements autorisés des personnes (migration régulière) et des biens, en même temps que la détection de personnes qui entrent dans le pays de manière irrégulière. Elle consiste également à détecter les actes qui relèvent de la criminalité organisée transnationale et à identifier les victimes du trafic illicite de migrants et de la traite des personnes qui ont besoin de protection (voir la section sur la protection et l’assistance offertes aux migrants victimes). Des structures de gestion des frontières globales et qui fonctionnent bien permettent de réguler à la fois la sécurité et les flux transfrontaliers légitimes des personnes et des biens. Ces deux aspects doivent se compléter et non s’opposer.

Conscients des conséquences qu’ont des structures de gestion des frontières inefficaces, les gouvernements continuent d’investir plus massivement dans des activités de contrôle et de surveillance aux frontières terrestres (routes, gares), aux frontières aériennes (aéroports) et aux points de passage maritimes, lacustres ou fluviaux. L’objectif est de réguler l’entrée (ou l’intention d’entrer) et le départ des personnes, des animaux et des biens à destination et en provenance du territoire de l’État, dans l’exercice de la souveraineté de celui-ci.

Principales sources de données
Sources nationales

Il est nécessaire de disposer de statistiques précises et à jour pour planifier de manière efficace et efficiente l’élaboration des politiques frontalières. Diverses sources nationales, en particulier les données relatives aux flux migratoires, peuvent être très utiles. Les systèmes modernes de contrôle aux frontières fournissent des données administratives concernant les registres de population et le passage des frontières ainsi que des informations élémentaires sur les arrivées. Ces systèmes pourraient aussi fournir des informations plus détaillées et plus approfondies, au niveau des individus et sous forme agrégée, qui seraient utiles à un large éventail de services gouvernementaux et dans de nombreux domaines d’action, notamment les données liées à la délivrance de permis de séjour temporaire ou permanent (Portail sur les données migratoires, 2020), ventilées par type de visa ou d’entrée (tourisme, voyages d’affaires de courte durée, par opposition aux migrants de longue durée).

Les données peuvent aussi être ventilées par arrivées sans visa au titre d’accords régionaux/bilatéraux ou autres types de voyages et de mesures prises avant l’arrivée. En outre, pour faciliter l’élaboration de politiques transfrontalières, les décideurs peuvent s’intéresser aux données nationales pertinentes relatives à la migration irrégulière, à la traite des personnes et au trafic illicite de migrants.

La principale difficulté ici est que les États peuvent recueillir des données selon différents systèmes de traitement. Ainsi, tous les mouvements transnationaux sont généralement enregistrés par le ministère concerné et idéalement stockés dans un système d’information pour la gestion des frontières, mais certains pays continuent d’utiliser des systèmes d’archivage sur papier. De même, certains États recueillent des données sur les départs, tandis que d’autres ne le font pas. Par conséquent, les données sur les mouvements sont recueillies au moyen d’un ensemble hétérogène de systèmes manuels et automatisés, ce qui peut influer sur la qualité des statistiques relatives à la migration et aux arrivées/départs, en partie à cause du manque de coordination de la collecte et du traitement des données, notamment en ce qui concerne la conception, la fourniture et la récupération des cartes de passager à l’arrivée/au départ.

De nombreux pays automatisent leurs systèmes de collecte d’informations, en regroupant les informations rassemblées au moyen des cartes au format papier remplies par les passagers avec des données publiques existantes. Le recours à cette méthode de collecte des données par l’intermédiaire du système d’information pour la gestion des frontières permet un décompte complet et une mesure plus juste de l’ensemble des arrivées/départs à destination/en provenance de pays étrangers. Les variables habituellement enregistrées dans les systèmes sont l’âge, le sexe, le pays de naissance, le pays de citoyenneté, le pays d’embarquement, le pays de résidence/séjour, la durée du séjour, l’adresse locale pendant le séjour et la raison du voyage.

Sources internationales

normalisation des concepts et des définitions utilisés au niveau national en rapport avec ces données, en particulier concernant les flux, afin de faciliter la coordination à l’échelle régionale et la comparaison des données sur la migration. Cet aspect est fondamental pour mettre au point un contrôle efficace des entrées de migrants et renforcer la coopération régionale et la sensibilisation de la communauté internationale autour des questions migratoires. Les États sont encouragés à échanger des données migratoires normalisées avec les partenaires régionaux et bilatéraux afin de constituer une base solide permettant de comprendre les tendances et les réalités de la migration au sein de la sous-région et d’améliorer la sécurité nationale de tous les États de la région.

Les systèmes existants de collecte de données sur la migration se développent également. Les données pertinentes sont consolidées systématiquement de manière transparente et accessible, et la collaboration interorganisations est encouragée afin d’éviter les doubles emplois. Les sources de données internationales ci-dessous renferment des statistiques pertinentes concernant la gestion transfrontalière :

  • Le Portail sur les données migratoires présente des statistiques détaillées à jour et des informations fiables sur la migration à l’échelle mondiale. Il contient des pages thématiques qui seront utiles pour la gestion des frontières, notamment sur les flux migratoires internationaux, la traite d’êtres humains, le trafic illicite de migrants et la migration irrégulière.
  • La Division de la population du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies a élaboré une base de données sur la population de migrants internationaux. Ce portail présente des données ventilées par pays de naissance et de citoyenneté, par sexe et par âge en reprenant les informations des recensements de population, des registres de population, des enquêtes représentatives menées à l’échelle nationale et d’autres sources statistiques officielles de plus de 200 pays et territoires dans le monde.
  • Eurostat est l’office statistique de l’Union européenne. Il fournit des statistiques fiables et objectives permettant d’effectuer des comparaisons entre pays et régions et d’éclairer les décisions des acteurs pertinents en matière de migration. Ce rapport annuel comprend en particulier des données nationales communiquées par l’Association européenne de libre-échange sur les premiers permis de séjour et le nombre total de permis de séjour délivrés à des ressortissants de pays tiers et valides au 31 décembre de chaque année (populations).
  • La Division de statistique de l’Organisation des Nations Unies recueille des statistiques sur la migration, notamment sur les flux annuels, au moyen de l’Annuaire démographique. Ce document de travail, en particulier, fournit une vue d’ensemble des normes envisageables et existantes, ainsi que des réflexions et des idées sur la ventilation des données.
Good Practice
En matière coopération régionale : échange de données et d’informations

Le réseau ANDEX (Asian Network for Document Examination) est une plateforme régionale d’échange d’informations sur les réseaux de trafic illicite de migrants, qui réunit des spécialistes reconnus originaires des États membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), du Bangladesh, de Sri Lanka et des Maldives.

Le réseau a pour objectif ultime de lutter contre la migration irrégulière et de protéger les migrants, en accordant une attention particulière à la lutte contre le trafic illicite de migrants et les actes criminels connexes. Il promeut la mise en réseau de spécialistes nationaux de l’examen des documents, avec pour principal objectif d’identifier les tendances régionales concernant la fraude aux passeports et à l’identité. Parmi les programmes de renforcement des capacités et ressources utiles pour l’examen des documents, on peut citer :

  • Le système Verifier Travel Document & Bearer (Verifier TD&B), utilisé pour l’inspection secondaire des documents de voyage.
  • La plateforme en ligne sécurisée ANDEX Fraudulent Documents Reporting System (AFDRS), qui permet de partager des informations non sensibles à caractère non personnel sur les cas de fraude détectés aux différents points de passage frontaliers.
  • L’analyse cohérente des tendances régionales en matière de fraude, qui fournit des informations ventilées selon le sexe, le groupe d’âge et l’État de délivrance des documents de voyage utilisés dans les pays participants cibles
Source

Bureau régional de l’OIM pour l’Asie et le Pacifique., Initiative DESC (Document Examination Support Center).

Instruments, initiatives et dialogues internationaux
Droit et principes internationaux

La gestion des frontières impose certaines obligations qui sont définies dans divers accords internationaux auxquels les États sont parties, et qu’ils doivent observer. Par exemple, la Convention relative au statut des réfugiés de 1951 (y compris son protocole de 1967) s’applique, entre autres lieux, aux frontières. Elle dispose qu’« [a]ucun des États Contractants n’expulsera ou ne refoulera, de quelque manière que ce soit, un réfugié sur les frontières des territoires où sa vie ou sa liberté serait menacée en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques » (article 33[1]). Les fonctionnaires des États doivent par conséquent permettre aux personnes demandeuses d’une protection internationale d’entrer sur le territoire et d’accéder à des procédures d’asile justes et efficaces (pour plus d’informations, voir la section relative à la protection contre le refoulement au chapitre 1.3.1 sur les droits de l’homme des migrants, ainsi que la section relative au droit des réfugiés au sur le droit international de la migration).

D’autres obligations internationales s’appliquent aux décisions d’autoriser un ressortissant étranger à entrer dans un pays, de placer en détention un ressortissant étranger en cas d’infractions relatives à la migration, ou d’expulser un ressortissant étranger. Par exemple, l’expulsion d’un ressortissant étranger présent légalement constituerait une violation de l’obligation faite aux États en vertu de l’article 13 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) si l’expulsion n’est pas fondée sur la législation nationale et si elle n’a pas été effectuée dans le respect des protections procédurales voulues (voir le sur les droits de l’homme des migrants et la section sur la détention administrative dans le présent chapitre). En outre, conformément au droit à la liberté (article 9 du PIDCP), les États ne doivent recourir à la détention des migrants adultes qu’en dernier ressort, dans le respect des principes du caractère raisonnable, de la nécessité et de la proportionnalité pour chaque cas. Et en application du principe de l’« intérêt supérieur », les enfants migrants ne devraient jamais être placés en détention (pour plus d’informations, voir le sur les enfants et la migration).

Le droit international aérien comporte également des dispositions concernant la gestion des frontières, qui reposent sur le principe selon lequel les États exercent leur souveraineté sur l’espace aérien qui couvre leur territoire (pour plus d’informations, voir le sur le droit international de la migration).

List
Instruments mondiaux

Note : cette liste n’est pas exhaustive.

Instruments régionaux

Instruments régionaux

Note : cette liste n’est pas exhaustive.

To Go Further
  • OIM, Droits aux frontières dans le contexte de la migration (e-learning). Ce cours décrit les compétences des Etats et leurs obligations aux frontières internationales, ainsi que les droits correspondants des personnes en déplacement, tant aux frontières terrestres que maritimes. Il décrit également les droits et obligations découlant du droit international des droits de l'homme et d'autres normes pertinentes du droit international de la migration.
Initiatives et engagements

Programme de développement durable à l’horizon 2030

Les interventions menées aux frontières peuvent contribuer à la réalisation de plusieurs cibles des objectifs de développement durable (ODD) énoncés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Au premier rang de celles-ci figure la cible 10.7, à laquelle s’ajoutent plusieurs autres cibles relatives aux objectifs 16 et 17, qui concernent également la bonne gestion des frontières. En renforçant les capacités permettant aux gouvernements de mettre en œuvre des politiques migratoires bien gérées aux fins d’une meilleure gestion des frontières, il est possible de parvenir à des migrations mieux ordonnées, plus sûres, plus régulières et plus responsables (cible 10.7).

SDG
Programme de développement durable à l’horizon 2030
  • Cible 10.7                                                                                                   Faciliter la migration et la mobilité de façon ordonnée, sûre, régulière et responsable, notamment par la mise en œuvre de politiques migratoires planifiées et bien gérées.
  • Cible 16.4 

    D’ici à 2030, réduire nettement les flux financiers illicites et le trafic d’armes, renforcer les activités de récupération et de restitution des biens volés et lutter contre toutes les formes de criminalité organisée.
  • Cible 16.5

    Réduire nettement la corruption et la pratique des pots-de-vin sous toutes leurs formes.
  • Cible 16.a

    Appuyer, notamment dans le cadre de la coopération internationale, les institutions nationales chargées de renforcer, à tous les niveaux, les moyens de prévenir la violence et de lutter contre le terrorisme et la criminalité, en particulier dans les pays en développement.
  • Cible 17.18

    D’ici à 2020, apporter un soutien accru au renforcement des capacités des pays en développement, notamment des pays les moins avancés et des petits États insulaires en développement, l’objectif étant de disposer d’un beaucoup plus grand nombre de données de qualité, actualisées et exactes, ventilées par niveau de revenu, sexe, âge, race, appartenance ethnique, statut migratoire, handicap et emplacement géographique, et selon d’autres caractéristiques propres à chaque pays.
  • Cible 17.19

    D’ici à 2030, tirer parti des initiatives existantes pour établir des indicateurs de progrès en matière de développement durable qui viendraient compléter le produit intérieur brut, et appuyer le renforcement des capacités statistiques des pays en développement.

Note : cette liste n’est pas exhaustive.

Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières

L’amélioration des pratiques de gestion des frontières peut contribuer à la réalisation de plusieurs objectifs énoncés dans le Pacte mondial, dans lequel il est indiqué qu’« [u]ne politique migratoire nationale efficace doit trouver et maintenir un équilibre entre les mesures traitant de divers problèmes liés aux migrations ». Des structures de gestion des frontières globales et qui fonctionnent bien (objectif 11) peuvent permettre de trouver cet équilibre, favorisant la sécurité tout en facilitant les flux transfrontaliers légitimes de personnes et de biens, et garantissant dans le même temps le respect et la protection des droits de tous les migrants.

Les interventions menées dans différents domaines de la gestion des frontières répondent à cette nécessité de plusieurs façons. Le placement en détention de migrants devrait être uniquement une mesure de dernier recours pour les migrants adultes (objectif 13 ; voir le sur les droits de l’homme des migrants et la section sur la détention administrative dans le présent chapitre). Les États devraient également « protéger et respecter à tout moment les droits et l’intérêt supérieur de l’enfant [...] en œuvrant par ailleurs à mettre fin à la pratique de la rétention d’enfants dans le contexte des migrations internationales » (objectif 13[h]) (pour plus d’informations, voir le sur les enfants et la migration). En outre, le Pacte mondial encourage la collecte d’informations relatives à la migration fiables et précises, notamment aux frontières (objectif 1). Il est essentiel d’encourager le partage d’informations dans le cadre d’une plus grande collaboration nationale, bilatérale et internationale afin de parvenir à une gestion efficace des frontières qui améliore le niveau de sécurité que les États peuvent offrir à leurs nationaux ainsi qu’aux migrants.

GCM
Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières
  • Objectif 1.a     

    Élaborer et appliquer une stratégie globale d’amélioration des données sur les migrations aux niveaux local, national, régional et mondial, avec la participation de tous les acteurs concernés, sous la direction de la Commission de statistique de l’Organisation des Nations Unies, en harmonisant les méthodes de collecte des données et en renforçant l’analyse et la diffusion de données et d’indicateurs liés aux migrations.
  • Objectif 1.b     

    Améliorer la comparabilité et la compatibilité internationales des statistiques et des systèmes de données nationaux sur les migrations, notamment en affinant et en appliquant la définition statistique de ce qu’est un migrant international, en élaborant un ensemble de critères permettant de mesurer les populations de migrants et les flux migratoires et en recueillant des données sur les types de migrations et leur évolution, les caractéristiques des migrants ainsi que les causes et les incidences des migrations.
  • Objectif 1.c

    Mettre au point un programme mondial de développement et de renforcement des capacités de collecte, d’analyse et de diffusion des données, afin de partager les données, d’obtenir les données manquantes et de dégager les grandes tendances en matière de migrations, l’objectif étant d’encourager la collaboration entre les acteurs concernés à tous les niveaux, d’offrir des activités de formation, un appui financier et une assistance technique ad hoc, et d’exploiter de nouvelles sources de données, y compris des mégadonnées, sous la supervision régulière de la Commission de statistique.
  • Objectif 1.i                                                               Intensifier la collaboration entre les organismes publics chargés des données sur les migrations et les organismes nationaux de statistiques afin de produire des statistiques sur les migrations, notamment par l’utilisation, à des fins statistiques, des registres administratifs, comme les données enregistrées aux frontières, les dossiers de visa et de permis de séjour, les registres de population et toute autre source utile, tout en défendant le droit à la vie privée et en protégeant les données personnelles.
  • Objectif 3.b     Promouvoir et intensifier une coopération et un dialogue systématiques aux niveaux bilatéral, régional et international afin d’échanger des informations sur les phénomènes liés aux migrations, notamment au moyen d’outils communs tels que des bases de données, des plateformes en ligne, des centres internationaux de formation et des réseaux d’échanges, tout en défendant le droit à la vie privée et en protégeant les données personnelles.
  • Objectif 4.b     

    Harmoniser les titres de voyage conformément aux prescriptions de l’Organisation de l’aviation civile internationale, afin de faciliter leur interopérabilité et leur reconnaissance universelle, et de lutter contre la fraude à l’identité et la contrefaçon de documents, notamment en investissant dans la numérisation et en renforçant les dispositifs de partage des données biométriques, tout en défendant le droit à la vie privée et en protégeant les données personnelles.
  •  Objectif 7.a    

    Examiner les politiques et pratiques pertinentes afin de veiller à ce qu’elles n’exposent pas les migrants à de nouvelles vulnérabilités et qu’elles n’exacerbent ni n’accroissent pas involontairement celles auxquelles ils sont déjà exposés, notamment par une démarche axée sur les droits de l’homme tenant compte de la problématique femmes-hommes et de celle du handicap ainsi que des questions liées aux personnes âgées et aux enfants.
  • Objectif 7.e     

    Prendre en considération les enfants migrants dans les systèmes nationaux de protection de l’enfance en établissant des dispositifs solides de protection des enfants migrants dans les procédures et décisions législatives, administratives et judiciaires, ainsi que dans toutes les politiques et tous les programmes relatifs aux migrations qui ont des effets sur les enfants, notamment les politiques et les services de protection consulaires, ainsi que des cadres de coopération transfrontière, afin de veiller à ce que le principe de l’intérêt supérieur de l’enfant soit correctement intégré, interprété de manière cohérente et appliqué en coordination et en coopération avec les autorités chargées de la protection de l’enfance.
  • Objectif 7.g     

    Veiller à ce que les migrants aient accès à des services publics ou indépendants d’assistance et de représentation juridiques à un coût abordable, pour les procédures judiciaires qui les concernent, y compris en cas d’audience judiciaire ou administrative, pour garantir que tous les migrants, où qu’ils se trouvent, soient considérés comme des personnes devant la loi et que la justice soit rendue de façon impartiale, sans discrimination.
  • Objectif 7.k     

    Associer les autorités locales et les acteurs concernés aux actions visant à identifier, aiguiller et assister les migrants en situation de vulnérabilité, notamment au moyen d’accords avec les organes nationaux de protection et les prestataires d’aide juridictionnelle et de services, et par la participation des équipes d’intervention mobile s’il en existe.
  • Objectif 9.b     

    Tirer parti des mécanismes transnationaux, régionaux et bilatéraux pour échanger des informations et des renseignements pertinents sur les itinéraires empruntés par les réseaux de trafiquants, leurs modes opératoires et leurs opérations financières, ainsi que sur les vulnérabilités des victimes et d’autres aspects, afin de démanteler ces réseaux et d’améliorer les actions menées en commun face à ce phénomène.
  • Objectif 9.c     

    Élaborer des protocoles de coopération qui tiennent compte de la problématique femmes-hommes et des besoins des enfants le long des itinéraires de migration, et qui prévoient des mesures progressives permettant d’identifier les migrants victimes de trafic et de leur apporter l’aide voulue, conformément au droit international, et faciliter la coopération transfrontière en matière de renseignement et d’application de la loi afin de prévenir et de combattre le trafic de migrants, de manière à mettre fin à l’impunité des passeurs et à endiguer le phénomène des migrations irrégulières, tout en veillant à ce que les mesures prises pour lutter contre ce trafic respectent pleinement les droits de l’homme.
  • Objectif 10.i    

    Mettre en place des systèmes d’information et des programmes de formation nationaux et locaux pour alerter et éduquer les citoyens, les employeurs, les agents publics et les fonctionnaires des services chargés de l’application de la loi, et renforcer la capacité des pays d’origine, de transit et de destination à repérer les signes de traite des personnes tels que le travail forcé ou obligatoire ou le travail des enfants.
  • Objectif 11.a  

    Intensifier la coopération internationale, régionale et interrégionale en matière de gestion des frontières, en tenant compte de la situation particulière des pays de transit, afin d’identifier formellement, d’orienter efficacement et sans délai, et d’aider et protéger adéquatement les migrants en situation de vulnérabilité aux frontières internationales ou à proximité de celles-ci, conformément au droit international des droits de l’homme, en adoptant une approche cohérente à l’échelle de l’ensemble des services de l’État, en organisant des formations transfrontalières conjointes et en encourageant les mesures de renforcement des capacités.
  • Objectif 11.b  Mettre en place des structures et des mécanismes appropriés en vue d’une gestion intégrée et efficace des frontières, en adoptant des procédures détaillées et efficaces pour le passage des frontières, qui prévoient notamment un précontrôle avant l’entrée sur le territoire, la déclaration préalable des passagers par les transporteurs et l’utilisation des technologies de l’information et des communications, tout en respectant le principe de non-discrimination, le droit à la vie privée et la protection des données à caractère personnel.
  • Objectif 11.c   

    Examiner et réviser les procédures nationales relatives aux contrôles aux frontières, aux évaluations individuelles et aux procédures d’entretien, afin que les formes régulières soient respectées aux frontières internationales et que tous les migrants soient traités conformément au droit international des droits de l’homme, notamment en coopérant avec les institutions nationales de défense des droits de l’homme et d’autres parties prenantes concernées.
  • Objectif 11.d  

    Élaborer des accords de coopération technique qui permettent aux États de demander ou d’offrir des moyens, du matériel et d’autres formes d’assistance technique pour que les frontières soient mieux gérées, en particulier en ce qui concerne les activités de recherche et de sauvetage ou d’autres situations d’urgence.
  • Objectif 11.e  

    Veiller à ce que les services de protection de l’enfance soient rapidement informés lorsqu’un enfant non accompagné ou séparé traverse une frontière internationale et à ce qu’ils prennent part aux procédures visant à déterminer l’intérêt supérieur de l’enfant, conformément au droit international, notamment en formant les gardes-frontières aux droits de l’enfant et aux procédures adaptées aux enfants, telles que celles qui interdisent la séparation des familles et prévoient le regroupement familial en cas de séparation.
  • Objectif 11.f

    Examiner et réviser les lois et règlements pertinents afin de déterminer si la prise de sanctions est appropriée en cas d’entrée ou de séjour irrégulier sur le territoire et, dans l’affirmative, veiller à ce que celles-ci soient proportionnées, équitables, non discriminatoires et pleinement conformes aux garanties d’une procédure régulière et aux autres obligations découlant du droit international.
  • Objectif 11.g  

    Améliorer la collaboration transfrontière entre les États, voisins ou non, en ce qui concerne le traitement des personnes qui franchissent ou cherchent à franchir des frontières internationales, notamment en tenant compte des principes et directives recommandés sur les droits de l’homme aux frontières internationales établis par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme pour déterminer quelles sont les meilleures pratiques à appliquer.
  • Objectif 12.b

    Mettre au point et organiser aux niveaux régional et interrégional des formations spécialisées sur les droits de l’homme qui tiennent compte des traumatismes subis par les migrants à l’intention des premiers intervenants et des agents de l’État, notamment les fonctionnaires des services chargés de l’application de la loi et de la police aux frontières, les représentants consulaires et les agents des organes judiciaires, afin de faciliter et de normaliser l’identification et l’orientation des victimes de la traite, des migrants en situation de vulnérabilité, notamment les enfants, en particulier lorsqu’ils sont non accompagnés ou séparés, et des victimes de toute forme d’exploitation ou d’abus liés au trafic de migrants avec circonstances aggravantes, et de leur fournir une assistance appropriée et des conseils qui tiennent compte de leur culture.
  • Objectif 12.c   

    Mettre en place des mécanismes d’orientation qui tiennent compte de la problématique femmes-hommes et des besoins particuliers des enfants, notamment en améliorant les mesures de contrôle et méthodes d’évaluation individuelle aux frontières et sur les sites d’arrivée, en appliquant des procédures opérationnelles normalisées mises au point en coordination avec les autorités locales, les institutions nationales de défense des droits de l’homme, les organisations internationales et la société civile.
  • Objectif 13.a  

    Utiliser les mécanismes de défense des droits de l’homme existants pour assurer un meilleur suivi indépendant de la rétention administrative des migrants, en veillant à ce que celle-ci ne soit utilisée qu’en dernier recours, qu’elle ne donne lieu à aucune violation des droits de l’homme et que les États encouragent, appliquent et cherchent d’autres solutions, en privilégiant les mesures non privatives de liberté et la prise en charge communautaire, en particulier pour les familles et les enfants.
  • Objectif 13.b                                                                   Tenir à jour et diffuser un recueil détaillé des meilleures pratiques en ce qui concerne les solutions fondées sur les droits de l’homme qui sont envisageables pour éviter un placement en rétention administrative dans le contexte des migrations internationales, notamment en facilitant les échanges réguliers entre les États, et entre ces derniers et les parties prenantes concernées, ainsi que l’élaboration d’initiatives inspirées des pratiques recommandables.
  • Objectif 13.c                                                              Examiner et réviser la législation, les politiques et les pratiques relatives à la rétention administrative afin de garantir que les migrants ne soient pas retenus arbitrairement et que les décisions de placement en rétention se fondent sur le droit et soient proportionnées, légitimes et prises au cas par cas, dans le plein respect des procédures et des formes régulières, et que la rétention ne soit pas encouragée en tant que mesure de dissuasion ni utilisée comme une forme de traitement cruel, inhumain ou dégradant, conformément au droit international des droits de l’homme.
  • Objectif 13.d  

    Assurer l’accès à la justice de tous les migrants placés en rétention administrative ou susceptibles de l’être dans les pays de transit et de destination, notamment en facilitant leur accès, gratuit ou pour une somme modique, à des conseils juridiques et à l’assistance d’un avocat qualifié et indépendant, ainsi que le droit à l’information et à un réexamen régulier d’une ordonnance de mise en rétention administrative provisoire.
  • Objectif 13.e  

    Veiller à ce que tous les migrants en rétention administrative soient informés des motifs de leur rétention, dans une langue qu’ils comprennent, et faciliter l’exercice de leurs droits, notamment celui de communiquer sans délai avec leur mission consulaire ou diplomatique, un représentant légal et leur famille, conformément au droit international et aux garanties prévues par la loi.
  • Objectif 13.f   

    Réduire les conséquences négatives et potentiellement durables d’un placement en rétention administrative pour les migrants en garantissant une procédure régulière et le respect du principe de proportionnalité, en veillant à ce que la rétention dure le moins longtemps possible et ne mette pas en danger l’intégrité physique ou mentale des personnes concernées, et en faisant au minimum le nécessaire pour qu’ils soient correctement nourris, qu’ils aient accès à des soins de santé de base, à des services d’orientation et d’assistance juridiques, à l’information et aux moyens de communication et pour que les installations dans lesquelles ils sont retenus soient adéquates.
  • Objectif 13.g  

    Veiller à ce que tous les fonctionnaires et tous les acteurs du secteur privé dûment chargés d’administrer la rétention administrative des migrants exercent leurs fonctions dans le respect des droits de l’homme et aient suivi des formations sur la non-discrimination et la prévention des arrestations et rétentions arbitraires dans le contexte des migrations internationales, et à ce qu’ils répondent de toute violation des droits de l’homme ou de toute atteinte à ces droits.
  • Objectif 13.h  

    Protéger et respecter à tout moment les droits et l’intérêt supérieur de l’enfant, quel que soit son statut migratoire, en prévoyant diverses mesures de substitution autres que la rétention administrative qui soient viables et non privatives de liberté, au premier rang desquelles la prise en charge communautaire, qui garantissent l’accès à l’éducation et aux soins de santé et respectent le droit à la vie et à l’unité familiale, et en œuvrant par ailleurs à mettre fin à la pratique de la rétention d’enfants dans le contexte des migrations internationales.
  • Objectif 14.f   

    Mettre à profit les missions consulaires pour offrir à nos ressortissants un appui sous la forme de conseils, notamment sur les lois et les coutumes locales, les interactions avec les autorités, l’inclusion financière et la création d’entreprises, et leur délivrer des documents utiles, tels que des documents de voyage et des documents d’identité consulaires, susceptibles de faciliter l’accès aux services, l’obtention d’une assistance en cas d’urgence, l’ouverture d’un compte bancaire et l’accès aux services d’envoi de fonds.
  • Objectif 23.e  

    Nouer, aux niveaux bilatéral, régional ou multilatéral, des partenariats sur mesure, transparents et utiles à toutes les parties, dans le respect du droit international, dont l’objectif est de trouver des solutions ciblées aux problèmes d’intérêt commun qui se posent dans les politiques migratoires et d’examiner les enjeux et défis que représentent les migrations dans la perspective du Pacte mondial.

Note : cette liste n’est pas exhaustive.

Dialogues politiques interétatiques

La coopération transfrontalière et les relations avec les pays voisins peuvent être problématiques si ces derniers disposent de moyens jugés insuffisants pour contrôler leurs frontières et gérer la migration irrégulière. Les mécanismes consultatifs interétatiques sur la migration (MCIM) offrent la possibilité d’apaiser les tensions bilatérales, d’améliorer la gouvernance régionale des migrations et d’encourager le dialogue sur les questions migratoires dans une atmosphère de coopération et de compréhension mutuelle.