Beaucoup des personnes de retour dans leur pays d’origine reviennent dans des zones confrontées à de multiples défis environnementaux, tels que la dégradation des sols ou l’exposition aux aléas naturels, dont beaucoup sont aggravés par le changement climatique. Ces facteurs environnementaux figuraient peut-être (ou pas) parmi les facteurs déclencheurs de la décision originale de migrer prise par ces migrants de retour. Mais ils pourraient bien être des facteurs de re-migration. En elles-mêmes, les actions contribuant à renforcer la résilience aux défis environnementaux dans les communautés et pays vers lesquels les migrants retournent sont de plus en plus considérées comme un élément important de la durabilité globale de l’aide au retour volontaire et à la réintégration (ARVR). Il existe également un intérêt croissant pour l’exploration de moyens de soutien à de telles actions par le biais de projets financés par les programmes de réintégration.

Un certain nombre de considérations environnementales sont importantes pour une approche intégrée de la réintégration. Elles doivent prendre « en considération les différents facteurs affectant la réintégration d’une personne, notamment les facteurs économiques, sociaux et psychosociaux ainsi que les dimensions individuelles, communautaires et structurelles// » (OIM, 2017). Ces approches peuvent notamment créer des synergies entre la protection de l’environnement et la réintégration pérenne des migrants de retour si elles se concentrent sur l’« économie verte », c’est-à-dire sur « une économie qui améliore le bien-être humain et l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et les pénuries écologiques » (UNEP, 2011). Par exemple, les migrants de retour peuvent être formés et employés dans des projets communautaires d’adaptation au changement climatique. Ces projets peuvent adopter une approche favorisant les « travaux verts » qui emploient beaucoup de main-d’œuvre et utilisent les compétences et ressources disponibles localement, principalement dans les domaines de la réhabilitation des terres agricoles et de rétention de l’eau De la même manière, ils peuvent également soutenir les « emplois verts », lesquels à leur tour soutiennent l’adaptation aux effets du changement climatique (OIT,2016).

Policy Approaches
Considérations environnementales pour une approche intégrée de la réintégration
  1. Interventions au niveau structurel
  • Impliquer les autorités locales et nationales et les parties prenantes pour soutenir la continuité de l’aide au moyen de services publics locaux appropriés, notamment :
    • Mise en place d’une structure de coordination nationale réunissant les acteurs environnementaux et ceux travaillant dans le domaine de la gestion de la migration (y compris dans la réintégration) et des services pour l’emploi, ou encore en intégrant les acteurs environnementaux dans des structures de coordination existantes ;
    • Appui aux partenariats pour le développement (par exemple, les partenariats public-privé) aux niveaux national et local afin de promouvoir les opportunités d’emploi des migrants de retour dans les secteurs de l’« économie verte ».
  1. Interventions au niveau communautaire
  • Explorer les opportunités d’emploi dans les projets communautaires pour les migrants de retour. Il peut s’agir d’une opportunité de réponse aux défis environnementaux tels que l’approvisionnement en eau, la dégradation des sols ou les risques de catastrophes.
  • Impliquer les communautés locales et les migrants de retour dans l’identification et la conception de projets.
  • Veiller à ce que les projets fournissent également de l’emploi ou d’autres bénéfices aux membres de la communauté (par exemple, des emplois à court terme peuvent être créés au moment de la mise en œuvre du projet, tandis que des opportunités à plus long terme peuvent être créées grâce aux résultats obtenus par la mise en œuvre du projet).
  1. Interventions au niveau individuel
  • Soutenir les opportunités d’emploi pour les migrants de retour dans l’économie verte, par voie de développement des entreprises (« entrepreneuriat vert »), de formation professionnelle et d’insertion des migrants de retour sur le marché de l’emploi.
  • Rechercher des opportunités de création d’« emplois verts » pour les migrants de retour lors du développement de partenariats au niveau structurel (par exemple, faciliter la participation de certains migrants de retour à des formations et leur accès à des opportunités d’emploi, comme dans des secteurs tels que le recyclage ou la gestion des déchets).

         4. Limiter l’empreinte environnementale négative des projets de réintégration

  • Afin d’éviter les effets négatifs sur l’environnement, que ce soit en milieu rural ou urbain, par exemple en raison de l’augmentation de la demande en ressources naturelles, des émissions carbone ou des quantités de déchets à éliminer :
    • Veiller à ce que toutes les propositions de projet soient « passées au crible » au moyen d’un questionnaire et d’une liste de critères préétablis ayant trait à la viabilité environnementale ;
    • Appliquer les normes internationales et nationales en matière de viabilité environnementale lors de la mise en œuvre des projets, notamment dans le cadre de l’exploitation forestière et de la pêche durables ;
    • Prendre en compte les normes et critères environnementaux lors de la passation de marchés, par exemple en donnant la priorité aux ressources disponibles localement lorsqu’elles proviennent de sources durables.