- Comprendre les conséquences de l’environnement sur la mobilité humaine
- Décrire les facteurs déclencheurs de la migration environnementale dans le contexte du changement climatique, et les mettre en relation avec la vulnérabilité et la résilience
- Reconnaître les principaux cadres juridiques et politiques existants ayant trait à la migration environnementale au niveau international
- Comprendre dans quelle mesure la migration environnementale est un défi politique transversal nécessitant des réponses « pangouvernementale »
- Identifier les interventions politiques sur la migration environnementale qui peuvent contribuer à réduire les mouvements forcés, et encourager le potentiel positif de la migration
Un nombre croissant de personnes se déplacent dans le contexte d’aléas environnementaux tels que les inondations, les sécheresses et le changement climatique à plus long terme. Le changement climatique affecte les facteurs déclencheurs de la migration en intensifiant les défis environnementaux existants, notamment en augmentant la fréquence et l’intensité des aléas naturels, ou en aggravant la dégradation des sols et la rareté des ressources. Il arrive que les personnes se déplacent pour sauver leur vie quand ils sont frappés par des événements soudains, ou en réponse aux pressions sur leurs moyens de subsistance, Ce qui est d'autant plus vrai pour les personnes vivant en milieu rural, car elles sont particulièrement touchées par les effets du changement climatique, notamment la variabilité de la pluviométrie et l’érosion des sols. Les formes de mouvement sont diverses, allant de la migration temporaire de main-d'œuvre d’un membre du foyer à la réinstallation planifiée permanente d’une communauté tout entière. Les éleveurs, dont les moyens de subsistance reposent sur la mobilité, sont désormais plus souvent forcés de déplacer leurs troupeaux sur de plus grandes distances à la recherche de pâturages et d’eau. La réinstallation est déjà une réalité pour un certain nombre de communautés dans le monde entier.
En réduisant les ressources disponibles pour la migration (par exemple, en diminuant le rendement des cultures), les changements environnementaux peuvent aussi diminuer la capacité des personnes à partir des zones affectées. Les populations piégées (c’est-à-dire, les personnes qui voudraient quitter une zone à risque mais n’en sont pas capables) sont certainement parmi les personnes les plus vulnérables aux effets du changement climatique (Foresight, 2011), de même que les personnes qui pourraient se déplacer mais qui, pour diverses raisons, « choisissent de rester » peuvent aussi être vulnérables.
Définir la migration environnementale
Il n’existe pas de terme internationalement reconnu pour décrire les personnes en mouvement dans le contexte des changements environnementaux. La terminologie dans ce contexte est très discutée car différents termes supposent différents droits et obligations et impliquent différents acteurs. L’OIM a mis en avant le terme « migration environnementale » avec comme définition opérationnelle:
Une personne ou un groupe de personnes qui, essentiellement pour des raisons liées à un changement environnemental soudain ou progressif influant négativement sur leur vie ou leurs conditions de vie, sont contraintes de quitter leur lieu de résidence habituelle ou le quittent de leur propre initiative, temporairement ou définitivement, et qui, de ce fait, se déplacent à l’intérieur ou hors de leur pays d’origine ou de résidence habituelle.
Cette définition n’a pas vocation à servir une finalité juridique, à établir des normes ni à impliquer l’octroi de droits. Elle correspond plutôt à une tentative de saisir la complexité des enjeux et de décrire les diverses situations dans lesquelles les personnes se déplacent dans le contexte de phénomènes et processus environnementaux. Cette définition volontairement large tente d’inclure tous les types de mouvements, qu’ils soient forcés ou volontaires, temporaires ou permanents, internes ou internationaux.
Si la migration est un terme global incluant différents types de mouvements (plus d’informations sur les Facteurs déclencheurs de la migration au Chapitre 1.1 Contexte global de la migration), celui de « mobilité humaine » est de plus en plus souvent utilisé dans les discussions politiques internationales dans le contexte du changement climatique ; dans ce chapitre, ces termes sont donc employés de manière interchangeable.
La distinction entre la migration « forcée » et « volontaire » donne lieu à de nombreux de débat. Comme réponse aux facteurs de stress environnementaux (par exemple, le changement climatique, la montée des eaux et la disponibilité des ressources naturelles telles que les nappes phréatiques et les stocks de poissons), la mobilité peut prendre différentes formes. Il est plus judicieux de considérer la distinction forcée/volontaire comme un continuum, avec des mouvements clairement forcés, d’autres clairement volontaires, mais la majorité se situant dans la zone grise entre les deux (plus d’informations sur Le continuum entre la migration volontaire et forcée au Chapitre 1.1 Contexte global de la migration). Néanmoins, dans ce chapitre, « migration volontaire » sera utilisé, le cas échéant, pour distinguer certains mouvements d’autres, qui sont plus clairement forcés – comme quand les personnes fuient des catastrophes, pour lesquels le terme « déplacement » est utilisé.
Le terme réfugié environnemental (ou climatique) est également utilisé, principalement par les médias et les groupes de défense. Cependant, ce terme problématique est rejeté par la plupart des États et organisations internationales, parce qu’il n’a pas de fondement juridique dans le droit international.
La Convention relative au statut des réfugiés ne s’applique pas aux migrants environnementaux pour les raisons suivantes :
- Le statut de réfugié est accordé à une personne « craignant avec raison d’être persécutée ». Il est entendu que l’agent de la persécution est un « État ». Les phénomènes ou processus environnementaux ne sont pas considérés comme de la persécution telle que définie dans le droit des réfugiés.
- Les effets du changement climatique et environnemental ne rentrent pas dans les cinq types de persécution clairement exposés dans le texte de la Convention. Il s’agit de persécution « du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques ».
Néanmoins, dans les cas où conflits et catastrophes se conjuguent comme facteurs déclencheurs de la migration ou si les catastrophes entraînent une aggravation de la violence ou d’un conflit, le droit des réfugiés pourrait être applicable.
Ce chapitre traitera brièvement des déplacements liés aux catastrophes. Veuillez consulter le Chapitre 2.13 Dimensions de mobilité liées aux crises pour plus d’informations sur les déplacements causés par les événements soudains.
- L’OIM propose aux décideurs politiques et aux intervenants des ateliers de formation sur mesure sur la gestion de la migration environnementale. Pour plus de détails, voir Migration,environnement et changement climatique de l'OIM. Pour demander la formation, veuillez contacter MECCHQ@iom.int.
La migration motivée par les changements environnementaux est une préoccupation politique mondiale qui attire de plus en plus d’attention, surtout depuis les dix dernières années. Il est attendu que les changements environnementaux conduisent progressivement à l’augmentation de la migration interne et transfrontalière, affectant de manière disproportionnée les pays les moins à même d’y faire face ou de s’y adapter (Kumari Rigaud et al., 2018). Pour les États, l’absence de réponse aux défis posés peut donner lieu à des déplacements de masse de plus en plus fréquents et dévastateurs, des défis majeurs de développement et d’intégration dans les zones d’accueil des migrants, ainsi que des programmes de réinstallation onéreux et complexes en milieux ruraux et urbains. Pour les migrants environnementaux (potentiels), l’absence de soutien adéquat est plus susceptible de conduire à des déplacements, des réinstallations, ou à des formes volontaires de migration exacerbant les vulnérabilités existantes. Des personnes vulnérables peuvent également se retrouver piégées.
Les interventions préventives en vue de réduire les risques et de gérer la migration de manière positive peuvent participer à éviter les pires conséquences (mouvement forcé ou impossible) et favoriser le rôle positif de la migration en tant que stratégie d’adaptation choisie. Si les mouvements dus à l’environnement posent des problèmes particuliers et nécessitent du soutien aussi bien à court qu’à long terme, il n’en demeure pas moins que la migration peut également jouer un rôle positif qu’il convient de ne pas oublier. La migration autonome planifiée – potentiellement facilitée par les gouvernements – peut être une stratégie d’adaptation importante. La migration temporaire peut renforcer la résilience et permettre de prévenir ou de retarder l’émigration permanente. Des programmes préventifs de réinstallation planifiée peuvent être envisagés pour déplacer les personnes en dehors des zones exposées à d’intenses aléas récurrents, ou à de sévères dégradations irréversibles. Les réinstallations devraient, cependant être une solution de dernier recours, étant donné leurs conséquences (plus d’informations sur la Facilitation de la migration liée aux changements environnementaux ci-dessous, dans ce chapitre).
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Les données sur la migration dans le contexte des sécheresses ou de processus lents tels que le changement climatique et la dégradation des sols ne sont pas régulièrement collectées. En cause : le manque de ressources pour la collecte des données dans les zones affectées, et la multicausalité de la migration, qui peut compliquer l’identification de la migration environnementale. Les données dans le contexte d’aléas soudains sont plus largement disponibles, mais sont souvent limitées à des estimations du nombre de personnes déplacées. Dans les deux cas, la plupart des données disponibles ne sont présentées que sous la forme de chiffres agrégés et ne donnent pour ainsi dire aucune indication sur la manière dont les différents groupes démographiques sont affectés. Le manque de données ventilées par sexe et par âge est une préoccupation singulière, car il limite la compréhension de la vulnérabilité, de la résilience et des besoins des différents sous-groupes. Ces informations sont fondamentales pour améliorer les stratégies d’intervention et fournir un soutien et une assistance efficaces aux populations touchées.
D’autres défis à l’élaboration de politique sur la migration environnementale découlent du manque de données, dans de nombreux pays, sur des éléments clés, notamment :
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- la migration interne (durée, schémas migratoires, chiffres) ;
- les rapatriements de fonds internes ;
- les populations immobiles ;
- les effets de la migration sur le bien-être, la vulnérabilité et la résilience.
- OIM et Eurasylum Ltd., Migration Policy Practice. Special issue on data, human mobility and the environment, 2020. Discussion des défis et des opportunités pour la collecte de données sur la migration et l’environnement.
Les recensements et études démographiques peuvent fournir des données sur la migration interne, utiles pour avoir des indications sur les mouvements de population liés aux facteurs environnementaux ; néanmoins, ils ne collectent pas efficacement les données sur les mouvements temporaires (les cycles de recensements s'étendent généralement sur dix ans), et n’incluent pas nécessairement de questions pour identifier les facteurs environnementaux de ces mouvements de personnes.
- Le Portail de la Migration Environnementale de l'OIM présente des profils par pays (en anglais) sur le lien entre la migration et l’environnement.
- Améliorer la collecte de données pertinentes à la migration environnementale (déplacement, migration volontaire et réinstallation) via:
- l’inclusion de questions pertinentes dans les recensements.
- l’élaboration de systèmes de veille et de compilation des données sur la migration interne.
- le soutien à d'autres études de cas/sondages des foyers, pour améliorer les données concernant la migration environnementale sur la durée (« données de série chronologique »):
- distinguer les déplacements liés aux catastrophes des mouvements plus volontaires et distinguer entre les mouvements volontaires saisonniers, temporaires et permanents , temporary and permanent movements;
- distinguer les mouvements internes des mouvements transfrontaliers ;
- collecter des données ventilées par genre et par âge ;
- obtenir des données sur les rapatriements de fonds (y compris les rapatriements de fonds internes) pour améliorer la compréhension du rôle potentiel de la migration vis-à-vis du renforcement de la résilience face aux défis environnementaux dans les régions d’origine ;
- analyser les impacts sur les régions d’origine et de destination
- Soutenir/améliorer la collecte des données sur les facteurs de stress environnementaux (le changement climatique, la montée des eaux et la disponibilité des ressources naturelles telles que les nappes phréatiques et les stocks de poissons).
- Mettre en œuvre une évaluation nationale de la migration, des changements environnementaux et du changement climatique afin d’identifier les populations exposées et vulnérables, y compris les populations immobiles. Mettre régulièrement à jour l’évaluation.
- Désigner des entités responsables de la collecte et de la communication des données pertinentes (par exemple, les données sur les déplacements liés aux catastrophes, la migration interne, les rapatriements de fonds).
- Créer une structure de coordination et désigner une entité principale en charge de la compilation et du partage des données sur la migration environnementale, bénéficiant de canaux clairs de suivi et de distribution.
- Promouvoir et utiliser des termes standardisés, faisant la distinction entre:
- les déplacements liés aux catastrophes (et au sein des déplacements liés aux catastrophes, distinguer entre les évacuations planifiées et les déplacements non gérés);
- la migration volontaire ;
- la réinstallation planifiée.
- Veiller à ce que les données collectées soient partagées avec les décideurs politiques des secteurs pertinents (par exemple, par le biais d’une structure nationale de coordination sur la migration environnementale).
- Investir dans le renforcement des capacités des organes/départements gouvernementaux pertinents.
Il n’existe pas encore d’ensembles de données exhaustifs sur la migration environnementale au niveau international, mais un certain nombre d’initiatives ont commencé à collecter des données dans plusieurs pays. Parmi les sources et initiatives clés :
- La Matrice de Suivi des Déplacements (DTM) de l’OIM est un système destiné à suivre et surveiller la mobilité des populations, y compris dans le contexte des catastrophes et des changements environnementaux. Les données sont régulièrement enregistrées, traitées et diffusées pour assurer une meilleure compréhension des mouvements et de l’évolution des besoins des populations déplacées et des migrants. Le cas échéant, la DTM collecte des données sur les déplacements liés aux sécheresses.
- L'Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC) en ligne et sa Global Internal Displacement Database (GIDD) compile les données mondiales sur les déplacements internes dans le contexte d’aléas soudains. Les chiffres sont publiés dans le Rapport mondial sur le déplacement interne (GRID) annuel. l’IDMC analyse aussi des données sur les déplacements liés aux catastrophes à évolution lente, telles que les sécheresses. Le Global Displacement Risk Model de l’IDMC présente des données sur les risques de déplacement associés aux aléas soudains en évaluant la probabilité que de tels mouvements de population aient lieu à l’avenir.
- Famine Early Warning Systems Network fournit aux gouvernements et aux organismes d’aide humanitaire des ensembles de données d’alerte précoce, ainsi qu’une analyse impartiale de la grave insécurité alimentaire fondée sur des données probantes pour les aider à se préparer et à répondre aux crises humanitaires.
- Global Risk Data Platform est un effort multipartite de partage des données spatiales sur les risques mondiaux liés aux aléas naturels, notamment les cyclones tropicaux et ondes de tempête associées, les sécheresses, les tremblements de terre, les feux de biomasse, les inondations, les glissements de terrain, les tsunamis et les éruptions volcaniques.
- Helix (High-End Climate Impacts and Extremes) met à disposition des études sur les conséquences et l’adaptation climatiques en lien avec divers scénarios de réchauffement climatique (2, 4 et 6 degrés Celsius), en utilisant l’analyse prédictive et en incluant des considérations de mobilité.
Voir plus d’informations sur les principales sources de données, d’études et d’analyses au Données, études et analyses dans le cadre de l'élaboration d’une politique. Plus de sources sur les déplacements au Dimensions de mobilité liées aux crises
Alors qu’il n’y a actuellement pas d’instruments juridiques mondiaux relatifs spécifiquement aux migrants environnementaux ou à la migration environnementale, il existe un certain nombre d’instruments et de principes aux niveaux international et régional qui protègent ou peuvent être utilisés pour protéger les migrants environnementaux.
Dans le cas des mouvements transfrontaliers, le contrôle de l’admission des non-nationaux sur leur territoire relève de la souveraineté de l’État. Cependant, les États se doivent de respecter les normes contraignantes du droit international, (notamment, le principe de Protection contre le refoulement et le principe de l’Intérêt supérieur de l’enfant, tels que détaillés, respectivement, au Chapitre 1.3.1 Droits humains des migrants et Chapitre 1.3.3 Enfants et migration). Par exemple, le principe de non-refoulement peut être invoqué dans le cadre de l’interdiction de la torture et des traitements cruels inhumains ou dégradants (article 7 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques [PIDCP]) lorsque les catastrophes ou les conséquences du changement climatique sont particulièrement sévères et généralisées, au point de prévenir le retour des migrants, même si le seuil requis pour l’application de cette provision est relativement élevé et rarement atteint dans les situations de catastrophes.
- Comité des droits de l'homme des Nations Unies (CCPR), Constatations adoptées par le Comité au titre de l’article 5 (par. 4) du Protocole facultatif, concernant la communication no 2728/2016, 2020. Vous trouverez une analyse de la position du CCPR tel qu’il aborde le changement climatique et la migration ici (OIM, 2020).
Instruments globaux |
Remarque : cette liste n’est pas exhaustive
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Toutes les personnes qui se déplacent à cause de phénomènes et de processus environnementaux sont protégées par le cadre international des droits humains. Les deux pactes généraux (PIDCP et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels [PIDESC]) couvrent un large ensemble de droits pouvant être pertinents à la protection des personnes touchées par les chocs et stress environnementaux, notamment :
- Le droit à la vie et à l’intégrité physique (article 6 PIDCP), lesquelles pouvant être menacées par les effets du changement climatique ;
- Le droit de se déplacer librement au sein d’un pays et de choisir sa résidence (article 12(1) PIDCP) suite à une obligation de départ ;
- Le droit de quitter son pays (article 12(2) PIDCP) ;
- Le droit à un niveau de vie suffisant (article 11 PIDESC), y compris une nourriture, un vêtement et un logement suffisants, et, conformément à l’Observation générale du Conseil économique et social (ESC), de l’eau en suffisance. En reconnaissant le droit à une amélioration constante des conditions d'existence, les États parties s’engagent également à adopter des mesures pour réduire la vulnérabilité des personnes et renforcer leur résilience afin de résister aux catastrophes ou de faire face à d’autres effets des changements environnementaux.
De même, l’article de la Déclaration universelle des droits de l’homme établissant que « nul ne peut être arbitrairement privé de sa propriété » peut se trouver particulièrement pertinent :
- Par exemple, pour les personnes qui ont perdu leur propriété lors d’aléas soudains (séismes, inondations et ainsi de suite), dans le contexte de mouvements forcés ;
- Pour les personnes laissant des possessions (et des terres) derrières elles, dans le contexte de programmes de réinstallation planifiée.
À plusieurs reprises, le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies a envisagé voire commandé l’étude des implications sur les droits humains de la mobilité humaine dans le contexte du changement climatique.
- HCDH, Rapport A/HRC/38/21, 2018. Aborde les moyens de combler les lacunes en matière de protection des droits humains dans le contexte du changement climatique, et fait des recommandations fondées sur la consultation d’un large éventail de parties prenantes, y compris d'États membres.
- Appave, G. et al., Organizational perspectives: International Organization for Migration’s role and perspectives on climate change, migration and the law (Chapitre 13 de Mayer et Crépeau), 2017.
Plusieurs projets liés aux implications de la mobilité humaine du changement climatique ont eu lieu dans le cadre des négociations internationales sur le changement climatique.
Selon la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), les accords suivants sont fondamentaux :
- L’Accord de Cancun, adopté lors de la Seizième Conférence des Parties (COP16), cite la réduction des risques de catastrophes et les « migrations, déplacements et réinstallations causés par le changement climatique » comme éléments auxquels s’atteler (paragraphe 14 (f) de la Décision 1/CP.16).
- L’Accord de Paris adopté lors de la COP21 est un jalon sans précédent parce qu’il encourage explicitement les Parties de la CCNUCC à « respecter, promouvoir et prendre en considération leurs obligations respectives concernant les droits… des migrants » lorsqu’elles « prennent des mesures face à ces changements [climatiques] ». De plus, la COP21 a créé une équipe spéciale [...] en vue d’élaborer des recommandations relatives à des démarches intégrées propres à prévenir et réduire les déplacements de population liés aux effets néfastes des changements climatiques et à y faire face ».
- Des Recommandations fondées sur les contributions de l’équipe spéciale chargée des déplacements ont été soumises par le Mécanisme international de Varsovie relatif aux pertes et préjudices et soutenues par la COP24 en 2018.
- Conférence des Parties (COP) de la CCNUCC, Rapport du Comité exécutif du Mécanisme international de Varsovie relatif aux pertes et préjudices liés aux incidences des changements climatiques, 2018a. Le rapport inclut, en annexe, les recommandations sur des démarches intégrées propres à prévenir et à réduire les déplacements de population liés aux effets néfastes des changements climatiques et à y faire face.
- Traore Chazalnoël, M. et D. Ionesco, 10 key takeaways from the COP24 recommendations on integrated approaches to address displacement and climate change, 2019.
- Traore Chazalnoël, M. et D. Ionesco, Advancing the global governance of climate migration through the United Nations Framework Convention on Climate Change and the Global Compact on Migration (Chapitre 7 de Behrman et Kent), 2018b.
- Inclure des études sur l’ensemble du spectre de la mobilité humaine (c’est-à-dire les déplacements liés aux catastrophes, la migration volontaire, la réinstallation planifiée) dans les stratégies nationales d’adaptation au changement climatique (plans nationaux d’adaptation, contributions déterminées par pays, etc.).
- Renforcer la cohérence politique dans les divers secteurs dans le cadre de la riposte au changement climatique.
Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification
La migration est progressivement plus incluse dans les délibérations des États parties de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) :
- La reconnaissance que « la désertification/dégradation des sols et la sécheresse sont des défis environnementaux, économiques et sociaux majeurs pour le développement durable mondial notamment pour [...] la résilience affaiblie au changement climatique et la migration forcée » (Déclaration d’Ordos adoptée lors de la COP13 en 2017a).
- L’engagement à fournir des efforts afin que « Beaucoup moins de personnes [soient] contraintes de migrer du fait de la désertification et de la dégradation des terres. » (Objectif 2, CNULCD 2018–2030 Cadre stratégique adopté lors de la COP13, 2017b).
- Les résolutions centrées sur la migration ICCD/COP(13)/L.25 (2017c) et Décision 22/COP.14 (2019) encouragent à l’action pour répondre aux facteurs déclencheurs de migration liés aux sols, et notamment à « promouvoir la restauration des terres dégradées comme manière de changer le récit au sein des communautés touchées par la désertification/ dégradation des sols et la sécheresse ».
- OIM et CNULCD, Addressing the Land Degradation–Migration Nexus:The Role of the United Nations Convention to Combat Desertification, 2019, sur le rôle joué par les mesures prises dans le cadre de la Convention dans la réponse à la désertification/dégradation des sols et la sécheresse, en tant que facteurs déclencheurs de la migration. L’étude a ensuite été référencée dans la Décision 22/COP14.
Autres domaines du droit international pertinents à la migration internationale
Parmi ces domaines :
- Les Conventions sur l’Apatridie de 1954 et 1961, en lien avec les États insulaires de faible élévation dont l’existence territoriale est remise en question par la montée du niveau de la mer ;
- Le droit humanitaire ;
- Le droit en matière de réponse aux catastrophes (particulièrement pertinent au sujet de l’accès à l’aide humanitaire sans discrimination) ;
- Le droit en matière d’environnement (qui est particulièrement pertinent pour les droits à l’information et à la participation publique) ;
- Le droit en matière de changement climatique.
Voir le Dimensions de mobilité liées aux crises pour plus d’informations sur les instruments concernant les catastrophes.
Un accord généralisé existe et indique qu'il faudrait faire davantage pour renforcer les cadres juridiques et les mesures opérationnelles de la protection des migrants environnementaux et des autres populations touchées. Cependant, il y a un manque de consensus concernant la meilleure manière d'agir. Certains plaident pour une révision de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés ; d’autres recommandent la création d’un instrument, contraignant ou non, au sein de la CNULCD en se basant sur les recommandations de l’équipe spéciale chargée des déplacements ; d’autres encore défendent l’idée d’une convention internationale dédiée ; et d’autres, enfin, avancent que les cadres existants devraient suffire, s’ils sont correctement mis en œuvre.
- Mayer, B. et F. Crépeau, Research Handbook on Climate Change, Migration and the Law, 2017.
- HCDH et Plateforme sur les déplacements liés aux catastrophes (PDD), The Slow Onset Effects of Climate Change and Human Rights Protection for Cross-border Migrants, 2018.
Instruments régionaux |
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Remarque : cette liste n’est pas exhaustive.
La Convention de l'Union africaine sur la protection et l'assistance aux personnes déplacées en Afrique (« Convention de Kampala ») prévoit la protection des personnes forcées de se déplacer à l’intérieur de leur propre pays du fait, entre autres, de catastrophes et du changement climatique. Elle est fondée sur les Principes directeurs relatifs au déplacement de personnes à l'intérieur de leur propre pays, non contraignants, adoptés en 1998, (voir Initiatives et engagements ci-dessous) mais elle va plus loin, en incluant le changement climatique parmi les causes de déplacement listées dans la définition d’une personne déplacée à l’intérieur de son propre pays.
Un autre exemple au niveau infrarégional est le Protocole des Grands Lacs sur la protection et l’assistance aux personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays. Également fondé sur les Principes directeurs susmentionnés, il a été adopté en 2006 par les États membres de la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs, dans le cadre du Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la région des Grands Lacs.
- Global Protection Cluster (GPC), Regulatory Frameworks on Internal Displacement: Global, Regional and National Developments, 2016. Le Global Protection Cluster du système de coordination humanitaire mondial apporte des recommandations sur les manières d’incorporer les Principes directeurs relatifs au déplacement de personnes à l'intérieur de leur propre pays (et les instruments régionaux pertinents) au droit et aux politiques nationales.
Programme de développement durable à l’horizon 2030
Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et ses objectifs de développement durable (ODD) propose aux gouvernements plusieurs points d’entrée pour gérer la migration environnementale. Plusieurs objectifs répondent aux facteurs de migration environnementale à évolution lente, notamment la rareté de l’eau et la dégradation des sols, et d’autres s’adressent aux événements soudains et aux catastrophes. Plusieurs objectifs spécifiques existent également autour de la gestion de la migration (ODD10) et du renforcement des capacités d’adaptation au changement climatique (ODD13). Pour plus d’informations sur les catastrophes et la résilience, voir le « Dimensions de mobilité liées aux crises ».
- Cible 1.5
D’ici à 2030, renforcer la résilience des pauvres et des personnes en situation vulnérable et réduire leur exposition et leur vulnérabilité aux phénomènes climatiques extrêmes et à d’autres chocs et catastrophes d’ordre économique, social ou environnemental - Cible 2.4
D’ici à 2030, assurer la viabilité des systèmes de production alimentaire et mettre en œuvre des pratiques agricoles résilientes qui permettent d’accroître la productivité et la production, contribuent à la préservation des écosystèmes, renforcent les capacités d’adaptation aux changements climatiques, aux phénomènes météorologiques extrêmes, à la sécheresse, aux inondations et à d’autres catastrophes et améliorent progressivement la qualité des terres et des sols - Cible 6.1 D’ici à 2030, assurer l’accès universel et équitable à l’eau potable, à un coût ab
- Cible 10.7
Faciliter la migration et la mobilité de façon ordonnée, sûre, régulière et responsable, notamment par la mise en œuvre de politiques migratoires planifiées et bien gérées - Cible 11.5
D’ici à 2030, réduire considérablement le nombre de personnes tuées et le nombre de personnes touchées par les catastrophes, y compris celles d’origine hydrique, et réduire considérablement le montant des pertes économiques qui sont dues directement à ces catastrophes exprimé en proportion du produit intérieur brut mondial, l’accent étant mis sur la protection des pauvres et des personnes en situation vulnérable - Cible 11.b
D’ici à 2020, accroître considérablement le nombre de villes et d’établissements humains qui adoptent et mettent en œuvre des politiques et plans d’action intégrés en faveur de l’insertion de tous, de l’utilisation rationnelle des ressources, de l’adaptation aux effets des changements climatiques et de leur atténuation et de la résilience face aux catastrophes, et élaborer et mettre en œuvre, conformément au Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (2015-2030), une gestion globale des risques de catastrophe à tous les niveaux - Cible 13.1
Renforcer, dans tous les pays, la résilience et les capacités d’adaptation face aux aléas climatiques et aux catastrophes naturelles liées au climat - Cible 13.2
Incorporer des mesures relatives aux changements climatiques dans les politiques, les stratégies et la planification nationales - ODD 15
Préserver et restaurer les écosystèmes terrestres, en veillant à les exploiter de façon durable, gérer durablement les forêts, lutter contre la désertification, enrayer et inverser le processus de dégradation des sols et mettre fin à l’appauvrissement de la biodiversité
- Traore
- Traore Chazalnoël, M. et D. Ionesco, 10 key takeaways from the COP24 recommendations on integrated approaches to address displacement and climate change, 2019.
- Mach, E., Implementation of the migration, environment and climate-change related commitments of the 2030 Agenda (Chapitre 2 de Appave et Sinha), 2017.
Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières
Le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières contient de multiples références à la migration environnementale. En termes d’engagements concrets, la plupart des références sont faites dans le cadre de l’« Objectif 2 : Lutter contre les facteurs négatifs et les problèmes structurels qui poussent des personnes à quitter leur pays d’origine », dans la section dédiée aux « catastrophes naturelles, effets néfastes des changements climatiques et dégradation de l’environnement » (paragraphes 18.h–18.l). D’autres objectifs sont également pertinents, même si c’est de manière indirecte (par exemple, la perspective de soutenir la migration de manière à participer au renforcement de la résilience des populations touchées par les changements environnementaux).
- Objectif 2
Lutter contre les facteurs négatifs et les problèmes structurels qui poussent des personnes à quitter leur pays d’origine - Objectif 5
Faire en sorte que les filières de migration régulière soient accessibles et plus souples
h) Coopérer pour trouver des solutions ou améliorer celles qui existent déjà en faveur des migrants contraints de quitter leur pays d’origine en raison d’une catastrophe naturelle larvée, des effets néfastes des changements climatiques ou de la dégradation de l’environnement, comme la désertification, la dégradation des terres, la sécheresse et l’élévation du niveau des mers, notamment en prévoyant des options de réinstallation planifiée et des modalités de visas, dans les cas où il ne leur serait pas possible de s’adapter à la situation ou de rentrer dans leur pays d’origine - Objectif 7
S’attaquer aux facteurs de vulnérabilité liés aux migrations et les réduirej) rendre des mesures de soutien spéciales pour veiller à ce que les migrants piégés par des situations de crise dans des pays de transit et de destination aient accès aux services de protection consulaire et d’assistance humanitaire, notamment en facilitant la coopération transfrontière et, plus largement, internationale, et en prenant en compte les populations migrantes dans la préparation aux crises, les interventions en cas d’urgence et les mesures de sortie de crise
- Objectif 23 Renforcer la coopération internationale et les partenariats mondiaux pour des migrations sûres, ordonnées et régulières
b) Accroître la coopération internationale et régionale afin d’accélérer la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 dans les aires géographiques où les migrations irrégulières prennent systématiquement leur origine en raison de la pauvreté, du chômage, des changements climatiques et des catastrophes, des inégalités, de la corruption et de la mauvaise gouvernance, entre autres facteurs structurels, en nous appuyant sur des cadres de coopération adaptés, des partenariats innovants et la participation de tous les acteurs concernés, tout en respectant à la fois les prérogatives des États et nos responsabilités partagées
Plus encore, le Pacte mondial sur les migrations repose sur un certain nombre d’instruments mondiaux concernant la migration environnementale, dont :
- la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et les Accords de Paris
- la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD)
- le Programme de développement durable à l’horizon 2030
- le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe
En outre, il souligne la nécessité de cohérence politique en soulignant l’importance des recommandations émanant d’initiatives pilotées par les États en dehors du contexte des Nations Unies, telles que l’Initiative Nansen et son héritière la Plateforme sur le déplacements liés aux catastrophes (PDD), ainsi que l’Initiative « Migrants dans les pays en crise » (MICIC).
Simultanément, alors que le Pacte mondial sur les migrations est une avancée notable en termes d’engagement des États dans la réponse à la migration environnementale, il se limite à prendre en considération la migration internationale. Cette limite est significative, étant donné que la majorité de la migration environnementale a lieu à l’intérieur des pays (migration interne).
Principes directeurs relatifs au déplacement de personnes à l'intérieur de leur propre pays
Les Principes directeurs relatifs au déplacement de personnes à l'intérieur de leur propre pays, adoptés par les États en 1998, incluent explicitement la mention de « catastrophes naturelles ou provoquées par l’homme » comme motif de déplacement, mais également les conflits armés, les situations de violence généralisées, et les violations des droits humains. Les Principes directeurs organisent les droits par phases :
- Protection contre le déplacement forcé
- Protection au cours du processus de déplacement
- Retour, réinstallation et réintégration
Même si les Principes directeurs ne sont pas juridiquement contraignants et ne requièrent pas des États qu'ils accordent un statut juridique spécial aux personnes déplacées à l’intérieur de leur pays, ils sont pourtant fondés sur et en accord avec les droits humains et le droit humanitaire contraignants, et bénéficient d’une légitimité internationale considérable. Ils ont également été repris sous la forme d’instruments contraignants régionaux et nationaux (voir les Interconnexions entre Environnement, changement climatique, migration et santé). Pour plus d’informations sur les déplacements internes voir les Dimensions de mobilité liées aux crises.
Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030
Le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030, adopté par les États à la troisième Conférence mondiale des Nations Unies en 2015, contient plusieurs références explicites à la mobilité humaine. Ce cadre renforce la reconnaissance de l’importance de la mobilité humaine dans le contexte des catastrophes, y compris celles associées aux changements environnementaux et climatiques, en termes de réduction de la vulnérabilité et de renforcement de la résilience, ainsi que de préparation à la gestion des catastrophes et de réponse à y apporter, ainsi que de la reconstruction qui s'ensuit (plus de détails aux Initiatives et engagements pour répondre aux migrations et Dimensions de mobilité liées aux crises).
L’Initiative de Nansen
Processus piloté par les États, l’Initiative de Nansen a été instaurée en 2012, et traite des déplacements transfrontaliers dans le contexte des catastrophes et du changement climatique. Elle se concentrait sur la réponse aux « lacunes en matière de protection » pour les personnes déplacées au-delà des frontières dans le contexte des catastrophes et du changement climatique, nonobstant la protection fournie dans le cadre des droits humains et d’autres instruments pertinents tels qu’exposés plus haut. L’initiative de Nansen a permis :
- L’adoption d’un Agenda pour la protection des personnes déplacées au-delà des frontières dans le cadre de catastrophes et de changements climatiques en octobre 2015 par 109 délégations gouvernementales ;
- La mise en place de la Plateforme sur le déplacements liés aux catastrophes en 2016, au cours du Sommet humanitaire mondial à Istanbul, pour aider à mettre en œuvre les recommandations de l'Agenda pour la protection. La Plateforme promeut l’intégration de pratiques efficaces par les États et les organisations régionales et infrarégionales au sein de leurs propres cadres normatifs selon leurs situations particulières. Si initialement, l’accent était mis sur les déplacements liés aux catastrophes transfrontaliers, (plus de détails au Dimensions de mobilité liées aux crises), son travail s’étend sur le spectre entier de la mobilité humaine dans le contexte des catastrophes et des changements environnementaux.
L’initiative Migrants dans les pays en crise
Les lignes directrices en ont été présentées en 2016 suite au processus de consultation Migrants dans les pays en crise (MICIC) pilotée par les États (voir plus d’informations dans Initiatives et engagements pour répondre aux migrations au Initiatives et engagements en lien avec la migration). L'objectif de l’Initiative MICIC était d’améliorer la protection des migrants bloqués dans des pays en conflit/rencontrant de l’instabilité civile et des catastrophes, y compris liés au changement climatique. Le travail de l’initiative concernait tous les migrants, avec ou sans statut légal, présents dans un pays de manière temporaire ou permanente au moment d'une crise.
Le Forum sur la vulnérabilité climatique
Le Forum sur la vulnérabilité climatique (CVF) est un groupe de coopération internationale pour les pays en développement très vulnérables au réchauffement de la planète. Il s’agit d’une plateforme de coopération Sud-Sud permettant aux États participants de travailler ensemble pour faire face au changement climatique, y compris à ses conséquences pour les migrants.
Initiatives régionales
Des accords régionaux interétatiques visant à favoriser la mobilité transfrontalière des personnes peuvent se révéler pertinents dans le cadre de la migration environnementale, même s’ils ne ciblent pas les migrants environnementaux de manière spécifique. Les accords régionaux sur la transhumance correspondent à un type d'accord (voir des exemples dans la section Facilitation de la migration liée aux changements environnementaux de ce chapitre). De la même façon, les ententes et accords bilatéraux, tels que les programmes de migration de main-d'œuvre ou les accords non réciproques, ouvrent des voies de migration régulière dans le cadre de l’assistance humanitaire pour les migrants déplacés par des catastrophes liées aux changements environnementaux (voir des exemples dans la section Facilitation de la migration liée aux changements environnementaux de ce chapitre).
La migration environnementale est de plus en plus mentionnée dans les dialogues autour de la politique migratoire. En plus de plusieurs engagements bilatéraux et multilatéraux, il existe des forums au sein de groupements régionaux formels et des mécanismes consultatifs interétatiques sur la migration (MCIM) rassemblent les États participants, de manière informelle, afin de promouvoir le dialogue sur des intérêts communs, de partager les expériences et les meilleures pratiques, d’échanger des informations et de mettre en œuvre des plans d’action et des stratégies communes sur des questions particulières (voir plus d’informations au Chapitre 1.2.2 Dialogues politiques interétatiques sur la migration).
Diverses organisations intergouvernementales régionales et unions politiques et économiques formelles travaillent pour gérer la migration environnementale, notamment le Secrétariat du Forum des îles du Pacifique, l’Association sud-asiatique de coopération régionale (ASACR), l’International Centre for Integrated Mountain Development (ICIMOD), l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), la Commission européenne, la Commission de l’Union africaine, la Commission de l’océan Indien, la Communauté de développement de l'Afrique australe (CDAA), et d’autres encore.
Remarque : cette liste n’est pas exhaustive.
Du fait de ces dialogues, certains processus consultatifs régionaux ont identifié des pratiques concrètes ajustées au contexte régional spécifique par le biais desquelles répondre à la migration environnementale. Par exemple, la RCM a publié un Guide des pratiques efficaces pour les pays membres de la RCM : Protection for Persons Moving across Borders in the Context of Disasters (2016), and the SACM CSM Lineamientos Regionales en Materia de Proteccion y Asistencia a Personas Desplazadas a Traves de Fronteras y Migrantes en Paises Afectados por Desastres de Origen Natural (2018).
- OIM, OIT et UNDP, Cartographier la mobilité humaine (migration, déplacement et réinstallation planifiée) et le changement climatique dans les processus, politiques et cadres juridiques internationaux (Mapping human mobility (migration, displacement and planned relocation) and climate change in international processes, policies and legal frameworks, en anglais), 2018.
- UNHCR, IOM and Advisory Group CSOs and PDD, Mapping of existing international and regional guidance and tools on averting, minimizing, addressing and facilitating durable solutions to displacement related to the adverse impacts of climate change, 2018.