Définitions et terminologie

Le terme « politique » est utilisé pour décrire une série d'idées et de concepts. Les écrits académiques (Hogwood et Gunn, 1984 ; cité dans Kay, 2006) définissent la politique comme suit :

  • une étiquette désignant un champ d’activité (par exemple, la politique étrangère) ;
  • l'expression d'un objectif général ou la voie à suivre afin de parvenir à une situation souhaitée ;
  • une proposition particulière ;
  • la décision d’un gouvernement ;
  • une autorisation formelle (par exemple, la législation) ;
  • un programme d'actions ;
  • les réalisations, ou ce que les gouvernements mettent réellement en œuvre, par opposition à ce que promet ou autorise la loi ;
  • les résultats ou ce qui a été effectivement atteint ;
  • une théorie ou un modèle (la notion suivant laquelle « si nous appliquons X, Y suivra »).

Sur la base de ces énoncés, nous utiliserons, dans notre programme EMM2.0, la définition suivante :

Glossary
Politique migratoire

Efforts déployés par un gouvernement pour résoudre les problèmes que posent la migration et atteindre ainsi une situation souhaitée grâce à des mesures globales et cohérentes, encadrées par une réglementation, y compris les cadres juridiques, et des programmes d'actions

Source

D'après Hogwood et Gunn, 1984 ; cité dans Kay, 2006 ; et Bjerre et al., 2015.

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Ce chapitre aborde également brièvement l'idée d’une forme globale de politique. Les objectifs et les intentions politiques s’articulent autour d’une stratégie - un projet couvrant tous les aspects de la gestion des migrations. Ils sont généralement dictés et développés par les acteurs politiques, mais pas toujours. La mise en œuvre de la stratégie passe par l’élaboration de plans d'action comprenant des politiques et des programmes individuels. Nous verrons dans ce chapitre quels sont les outils à disposition pour l’élaboration des stratégies (voir Stratégies migratoires nationales).

Dans l'idéal, celles-ci devraient se baser, à chaque étape, sur des données probantes, tenir compte des domaines connexes de la politique nationale, répondre au contexte mondial et aux obligations internationales, et intégrer les idées relatives aux valeurs et à l'identité nationales.

Qui élabore les politiques ?

Décideur politique est un terme général qui recouvre un ensemble de personnes engagées dans les processus d’énoncé des politiques et de conception des moyens pour les mettre en œuvre. Au sens large, il s'agit des hommes politiques et de leurs conseillers, des fonctionnaires et des acteurs de diverses institutions, y compris les organes consultatifs et les commissions parlementaires. Cependant, dans le cadre de l'EMM2.0, le terme désigne les fonctionnaires exerçant des fonctions en relation avec la politique migratoire. Ceux-ci peuvent travailler au sein des ministères de la justice et de l'intérieur, des instances chargées de l’immigration, de la politique sociale tels que la santé et l'éducation, du traitement des demandes d'asile, de l'intégration, des affaires étrangères et consulaires, du développement économique et des dépenses publiques. Ils peuvent travailler au niveau national ou infranational, en fonction de l'organisation des pouvoirs publics. Il peut s'agir de personnes dont la responsabilité principale est la mise en œuvre et la surveillance.

D'autres acteurs jouant un rôle de premier plan sont non gouvernementaux. Les lobbyistes, les groupes de citoyens et d'intérêts, les universitaires, les organisations intergouvernementales, les groupes de réflexion et les entreprises agissent souvent en tant que défenseurs et/ou analystes des politiques et peuvent apporter un soutien technique lors de leur élaboration en rassemblant et en synthétisant des preuves et en identifiant des solutions. L’action en faveur d’une politique migratoire peut s’avérer compliquée car le domaine de la migration est vaste et recoupe de nombreux secteurs de la politique publique. Ses défenseurs peuvent aussi servir un seul domaine d’intérêt (comme la protection de la main-d'œuvre ou la prise en compte des victimes de la traite des personnes).

Les analystes des politiques étudient la législation et la politique existantes, y compris :

  • les instruments internationaux dont l'État est signataire
  • les pratiques internationales dans des domaines connexes ou similaires de la politique nationale
  • les incidences telles que le coût de la politique et les instruments juridiques nécessaires
  • les instruments utilisés par les autorités nationales et infranationales, ainsi que leur efficacité et leur portée

Qu’entend-on par instruments politiques ?

Dans le cadre de l'EMM2.0, les instruments politiques sont des dispositifs utilisés par les gouvernements pour guider leurs actions et atteindre les objectifs politiques qu'ils se sont fixés. Les décisions relatives à ces instruments politiques et à la forme qu'ils prennent interviennent après l’énoncé des objectifs politiques. Les instruments politiques peuvent prendre de nombreuses formes et devraient tous contribuer à une cohérence d’objectifs et d’actions. Les instruments comprennent la législation et d'autres outils juridiques (conformes aux dispositions pertinentes du cadre juridique d'un État), des programmes d'action spécifiques, des frais ou des taxes, des réglementations, des directives et du matériel didactique. Dans l'idéal, ces instruments devraient fonctionner de manière complémentaire afin d’atteindre les résultats souhaités. Par exemple, les instruments utiles à une bonne gestion de la migration de main-d'œuvre pourraient inclure :

  • une législation qui fixe les conditions d'entrée des non-ressortissants d’un État à des fins de travail ;
  • une législation supplémentaire qui fonctionnerait en tandem avec la législation sur les conditions d'entrée pour exiger des employeurs qu'ils protègent de l’exploitation tous les travailleurs, y compris les travailleurs étrangers ;
  • un mécanisme d'adéquation des compétences qui optimiserait la législation afin de faciliter les accords entre les employeurs et les travailleurs migrants ;
  • une formation pour les employeurs et les travailleurs sur les droits et les responsabilités, afin de soutenir la législation et le mécanisme d'adéquation des compétences ;
  • un financement suffisant, assuré conjointement par le gouvernement et des frais de visa (une taxe) supportés par l'employeur.
La portée de la politique migratoire

La diversité même des réalités et des préoccupations mondiales en matière de migration rend le champ d'application de la politique migratoire extrêmement large. Les États vivent la migration de manière très différente et des politiques nouvelles ou renforcées en fonction du contexte national peuvent s'avérer nécessaires. Les nombreux moteurs de la migration et les liens de celle-ci avec d'autres domaines politiques nationaux et questions transnationales exigent des réponses politiques adaptées à des besoins et intérêts multiples. La migration peut également :

  • être un catalyseur d'autres objectifs politiques nationaux, tels que la croissance économique grâce à la migration de main d'œuvre entrante ou sortante, ou la mise en œuvre de politiques sociales de regroupement familial ; et
  • exiger des réponses de la part d'autres sphères politiques, telles qu'une politique d'éducation qui accueille les enfants migrants issus de milieux linguistiques différents ; des services sociaux pour soutenir les réfugiés vulnérables ou les victimes de la traite des personnes ; et des stratégies de formation et de marché du travail pour décourager l'émigration non désirée de ressortissants qualifiés.

La politique migratoire doit donc servir toute une série d'objectifs, que l'on pourrait classer comme suit :

  • Faciliter la migration. Il s'agit notamment de la migration de main-d'œuvre, de la migration des étudiants et du regroupement familial ;
  • Réguler la migration. Notamment à travers les politiques de gestion des frontières, la lutte contre le trafic illicite de migrants et la traite des personnes, et les demandes d’asile ;
  • Optimiser les résultats de la migration. Il s'agit notamment de l'ensemble des politiques d'intégration, des réponses apportées aux questions de santé dans le contexte de la migration, des stratégies de rapatriements de fonds efficaces, de la préparation et du soutien des réseaux de migrants ou de la facilitation du transfert de compétences et de l'éducation.

La politique migratoire touche un grand nombre de parties prenantes, notamment les migrants eux-mêmes ainsi que leurs familles et leurs communautés, les entreprises, les autorités infranationales et d'autres (pour plus de détails, voir le Consultation).

Ce Gestion de migrations et cycle politique rend compte de la portée de la politique migratoire et du rôle important que jouent les diverses parties prenantes dans l'élaboration d'une politique efficace.

 

Messages-clés
  • La diversité des réalités et des préoccupations liées à la migration rend le champ d'application de la politique migratoire très large. Elle peut favoriser la réalisation d'autres objectifs politiques, tels que le développement économique, et exiger des réponses de la part d'autres domaines politiques, tels que l'éducation et la santé. Point de départ idéal pour les politiques migratoires : l'élaboration d'une stratégie nationale globale en matière de migration.