le permis de protection temporaire (PPT) de la Colombie pour les migrants vénézuéliens
La Colombie est le pays qui accueille le plus de migrants et de réfugiés vénézuéliens, soit au moins 1,7 million de Vénézuéliens, ce qui représente plus de 37 % des 5,5 millions de réfugiés et de migrants vénézuéliens estimés dans le monde. Alors qu’un grand nombre d’entre eux s’étaient vus accorder un permis de séjour et un séjour régulier jusqu’en janvier 2021 (760 000), en mars 2021, environ 8 800 Vénézuéliens étaient en attente d’une demande d’asile et seuls 774 Vénézuéliens ont été reconnus en tant que réfugiés. Plus de la moitié des Vénézuéliens présents en Colombie n’ont pas de statut régulier, ce qui affecte leur capacité à accéder à leurs droits, aux services essentiels, à la protection et à l’assistance. Malheureusement, avec la pandémie de COVID-19 qui aggrave les besoins, de nombreux réfugiés et migrants vénézuéliens, qui ont déjà affronté une situation difficile, éprouvent encore davantage de difficultés à survivre car ils sont confrontés à une aggravation de la pauvreté, à des pertes d’emploi, à des expulsions, à la faim et à un manque de nourriture et d’accès aux traitements médicaux.
Les mécanismes de protection des droits de l’homme des Nations Unies et de l’Organisation des États américains ont reconnu que le Venezuela traverse une crise politique, sociale, humanitaire et économique prolongée et exacerbée. Cela signifie que les personnes qui retournent au Venezuela sont exposées à une situation où leurs droits de l’homme sont menacés, étant donné que la gravité et la détérioration de la situation économique et sociale limitent considérablement la jouissance des droits économiques et sociaux.
La Colombie est également partie aux instruments internationaux et régionaux pertinents en matière de droits de l’homme (Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et Convention américaine relative aux droits de l’homme (« Pacte de San José, Costa Rica »), entre autres).
Dans ce contexte, la Colombie a reconnu qu’il était urgent de transformer la permanence temporaire des Vénézuéliens en Colombie en un séjour temporaire plus long. La Colombie est également préoccupée par l’augmentation des marchés illégaux dans le contexte de la migration (faux documents, passeurs, trafiquants) et souhaite décourager l’augmentation de la migration irrégulière, tout en offrant des voies de migration régulières aux migrants vénézuéliens qui entrent par les zones frontalières autorisées par l’autorité migratoire. La régularisation est également la clé des solutions à long terme, y compris l’accès au marché du travail, ce qui permet de réduire la dépendance des personnes à l’égard de l’aide humanitaire tout en contribuant au redressement socio-économique du pays post-COVID-19.
Le 1er mars 2021, le gouvernement colombien a adopté, par le Décret n° 216, le statut de protection temporaire des migrants vénézuéliens dans le cadre d’un régime de protection temporaire et d’autres dispositions migratoires connexes. Ce statut est un mécanisme juridique de protection temporaire pour les migrants vénézuéliens qui souhaitent rester temporairement en Colombie et qui répondent à des critères spécifiques, notamment :
- présence régulière sur le territoire colombien en tant que titulaire d’un des permis de migration délivrés par la Colombie (permis d’entrée et de séjour (Permisos de ingreso y permanencia - PIP) ; permis de séjour temporaire (Permiso temporal de Permanencia - PTP), permis spécial de séjour (Permiso Especial de Permanencia – PEP ; Permiso Especial de Permanencia para el Fomento de la Formalización - PEPFF) ;
- présence régulière sur le territoire colombien en tant que titulaire d’un Sauf-conduit de séjour SC-2 ;
- présence en situation irrégulière sur le territoire colombien au 31 janvier 2021 ;
- entrée régulière sur le territoire colombien du 29 mai 2021 au 28 mai 2023
Ce statut de protection temporaire des migrants vénézuéliens est composé du registre unique des migrants vénézuéliens et du permis de protection temporaire (PPT), dont la validité sera de dix ans, jusqu’au 30 mai 2031. Les Vénézuéliens qui remplissent les critères susmentionnés peuvent demander le document d’identification PPT. En outre, les demandeurs d’asile et les personnes dont la procédure d’asile est ouverte peuvent décider de demander le PPT, mais leur processus de protection internationale ne sera pas affecté tant que le PPT n’aura pas été autorisé. Les migrants vénézuéliens ne pouvant pas être titulaires de deux permis, ils peuvent décider a) de conserver le PPT ou b) de demander l’asile ou de poursuivre leur procédure de protection internationale des réfugiés. Le permis spécial de séjour (PEP), le permis précédent adopté par le gouvernement colombien, peut également être converti en un nouveau PPT. Le PPT permet la régularisation de certains migrants en situation irrégulière et facilite l’accès aux droits étant donné qu’il donne accès aux services de base, y compris au système national de santé et aux plans de vaccination COVID-19.
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L’unité administrative spéciale Migración Colombia constitue l’entité responsable de ces procédures. Le gouvernement examine actuellement l’adoption de la résolution qui vise à mettre en œuvre et à rendre opérationnel le statut de protection temporaire des migrants vénézuéliens, c’est-à-dire à entamer les procédures d’identification, d’enregistrement, de collecte de données, de biométrie et d’émission du nouveau PPT.