Pro-migration

La diversité comme atout

Une population diversifiée présente de nombreux avantages. Sur le plan économique, c’est le signe d’une économie dynamique et compétitive qui attire une main-d'œuvre polyvalente et expérimentée, incitant ainsi les entreprises à investir. L’impact intellectuel, culturel et social de cette diversité, à laquelle contribue la présence des migrants (OIM, 2019), apporte d'autres avantages tangibles et intangibles aux communautés et économies d’accueil (plus d’informations sur le thème Intégration et récits sur l’immigration au « Intégration et cohésion sociale »).

To Go Further
  • La campagne « Je suis migrant » de l’OIM est une plateforme mondiale permettant aux migrants de raconter leurs histoires et expériences personnelles – bonnes et mauvaises. Avec déjà plus de 1 200 témoignages dans sept langues, le site est une ressource précieuse pour mieux comprendre les dimensions humaines de la migration.

Avantages économiques de la migration

Les migrants sont souvent évoqués en termes de valeur pour le pays de destination, en fonction de ce qu’ils apportent et de ce qu'ils coûtent. L'un des arguments les plus courants en faveur de la migration réside dans le fait que les migrants acceptent les emplois dont les populations d’accueil ne veulent pas et sont ainsi indispensables aux services et fonctions essentiels. Bien qu’en grande partie exact, ce récit utilisé seul relègue les migrants aux marges de la société. Cette vision ignore également la participation des migrants à tous les niveaux de l’économie et considère leur contribution aux fonctions économiques sous le seul angle de la main-d'œuvre, occultant ainsi leur rôle en tant que créateurs d’emploi et acteurs de la diversité de la société.

Par ailleurs, il importe que le narratif souligne également que la migration est une composante essentielle du développement durable. Grâce aux rapatriements de fonds, à l’investissement, à l’innovation et à l'entrepreneuriat, la migration permet de redistribuer les bénéfices de la croissance entre différentes parties du monde (voir le « Migration et développement »).

Revitalisation de sociétés vieillissantes

Dans les pays de destination plus développés, les migrants jouent un rôle actif en tant que contribuables et contrepoids au vieillissement des sociétés. Pour être correct, le discours sur la migration doit reconnaître ces deux dimensions. Sans la contribution des migrants, de nombreux pays ne seraient pas en mesure de maintenir leur régime de sécurité sociale. Dans les principaux pays de destination, les taux de migration sont trop faibles pour répondre à ce défi démographique (De Haas, 2017). Les pays d’origine devenant eux-mêmes des lieux de destination, il est possible qu’à l’avenir, l’un des défis de la communication consiste à déterminer de quelle manière attirer des migrants. Le partage d’informations sur les pénuries de compétences et les déséquilibres démographiques dans diverses régions du pays, ainsi que sur leur impact socio-économique tangible sur les communautés se révèle être une stratégie importante pour sensibiliser les médias et l'opinion publique à la logique des politiques migratoires et en lien avec les migrations

Policy Approaches
Nourrir les récits pro-migration
  • Partager des expériences vécues au contact des migrants (par exemple, des personnes qui emploient des migrants ou sont employées par des migrants, ou encore des migrants qui sont à la fois employeurs et travailleurs) de manière à refléter les priorités et contextes locaux, et non pas uniquement des perspectives nationales.
  • Encourager l’organisation de formations en communication pour les chefs de file des migrants et les associations afin de favoriser leur autonomie et ainsi leur permettre à terme de communiquer efficacement. Les migrants seront ainsi assurés que leur voix sera entendue.
  • Garantir l’inclusion de différents groupes sexospécifiques, de minorités ethniques et de personnes d’âges et de métiers différents par souci d’objectivité et de diversité au moment de la définition des stratégies de communication.
  • Solliciter un éventail élargi de commentaires et d’idées sur les problématiques de migration à travers divers moyens de communication bidirectionnelle, tels que des centres communaux, des groupes de travail, des centres d’appel ou des plateformes numériques, à destination de divers publics cibles.
Anti-migration

Sécurité

Le récit consistant à dépeindre les migrants comme des malfaiteurs - des criminels et des terroristes - est malheureusement récurrent dans nos sociétés, et ce, pour de multiples raisons. Il s'agit notamment de récits présentant les hommes migrants comme des fondamentalistes religieux et des terroristes, et les femmes migrantes comme des victimes de l’oppression exercée par une culture qui prive les femmes de libertés fondamentales (EJN, 2017). La radicalisation des migrants et des minorités ethniques est souvent considérée comme le résultat de l’exclusion sociale ou d’un processus motivé par des rapports de force inégaux (OIM, 2017a) (plus d’information sur les Facteurs politiques au « Le contexte global de la migration internationale »).

La sensibilisation d’autres agences gouvernementales à ce problème de communication – selon une approche pangouvernementale – contribue à gérer la manière dont sont perçus les migrants et la migration. Ce type de sensibilisation peut également être étendu aux médias. Par exemple, il importe que les journalistes amenés à couvrir des opérations de maintien de l’ordre connaissent les objectifs et les cibles de ces opérations à l’avance. Si le reportage n’a pas pour thème les migrants ou l’éthnie la couverture médiatique visuelle doit éviter de montrer des migrants ou des minorités ethniques afin de ne pas créer ou confirmer des idées erronées.

Absence d’intégration et menace pour l’identité culturelle

Les situations permettant aux migrants de préserver leur identité, leur langue, leurs croyances, leurs coutumes ou leurs valeurs sont souvent à l'origine d'inquiétudes, auprès de l'opinion publique, quant à leur volonté de s’intégrer. Dans ce cas, il existe une confusion entre intégration et assimilation, ce qui tend à alimenter les discours populistes alertant sur la menace pesant sur l'identité culturelle de la majorité voire sur sa disparition. Les enjeux de l’intégration relèvent de diverses fonctions gouvernementales, qui toutes poursuivent des objectifs propres. Ainsi, le ton des communications gouvernementales est particulièrement important pour éviter d’amplifier les émotions négatives auprès du grand public (plus d’informations sur la Gouvernance multiniveau en faveur de la migration au « Intégration et cohésion sociale »).

Fardeau économique et menace pour la santé publique

En 2017, les migrants internationaux ont généré plus de 9 % du PIB mondial. Néanmoins, les préoccupations économiques relatives à la migration, en particulier concernant les coûts et l’impact fiscal des immigrants, sont au moins égales, voire supérieures, aux préoccupations liées au crime et à la sécurité (McAuliffe et Ruhs, 2017). Au niveau mondial, les discours décrivant les migrants comme des menaces pour l’emploi, les salaires et la santé publique sont profondément ancrés dans la culture populaire et politique. Par conséquent, il importe de démontrer la contribution des migrants à tous les niveaux de l’économie, au travers de récits personnels et de données factuelles et ainsi d'établir leur importance en matière de création d’emploi, d’investissement et de croissance de l'économie nationale et locale.

En outre, des études montrent qu’il n’existe pas de lien systématique entre la migration et l’importation de maladies contagieuses (plus d’informations sur la Santé à l’arrivée/dans le pays de destination et durant l’intégration au  « Santé et migration »). Même en période de crises économiques ou sanitaires qui semblent propices à ces types de stéréotypes et de préjugés, le fondement de ces idées reçues est essentiellement « de nature culturelle et sécuritaire » (Kaufmann, 2017; Bello, 2017b) et non pas lié à l’économie ou à la santé.

Policy Approaches
Dépasser les récits anti-migration
  • Inclure systématiquement les avantages de la migration dans les stratégies de communication.
  • Veiller à ce que toutes les communications dans les différents formats soient sexospécifiques avec un langage neutre du point de vue du genre, le cas échéant. Elles doivent être représentatives de la population ciblée et ne pas renforcer les stéréotypes.
  • Reconnaître les défis de la migration et les questions sensibles sur ce thème comme un sujet à part entière de manière objective afin de renforcer la confiance de l'opinion publique et la crédibilité, tout en ne négligeant pas les intérêts nationaux plus larges.
  • Inclure, lors des communications sur la migration, des informations émanant de sources diversifiées, y compris des migrants eux-mêmes, de dirigeants communautaires et d'experts. Cette approche conduira à un récit public plus réfléchi.
  • Souligner systématiquement dans les messages que la dépendance à l’aide sociale n’est pas une stratégie viable pour les migrants et que l’accès aux prestations sociales est pratiquement impossible pour les migrants irréguliers.
Réflexions à l’ère du numérique

Compétences informatiques des publics cibles et des bénéficiaires

Pour les gouvernements, l’évolution des technologies numériques est à la fois une source d’opportunités et de défis pour communiquer avec les publics cibles. Même si les utilisateurs de smartphones représentent les deux tiers de la population mondiale – un chiffre en croissance constante – les problèmes de « fracture numérique » et de compétences informatiques demeurent (Frouws et Brenner, 2019). Par exemple, les jeunes migrants en zone urbaine sont plus susceptibles d’avoir un smartphone et de mieux s’y connaître techniquement que les autres groupes de migrants (ibid). Pour plus d’information sur la Migration des jeunes et l’information numérique, voir le  « Jeunesse et migration ».

Contenus créés par les utilisateurs et émergence de la désinformation

Depuis peu, les discussions sur les interconnexions entre migration et communications s'intéressent aux différents impacts des nouvelles technologies de l’information sur de nombreux aspects de la migration. Les migrants privilégient les canaux personnels et informels pour s'informer sur le marché du travail, les conditions juridiques et la vie dans les pays de destination (Dekker et Engbersen, 2013), au détriment des sources officielles, qu'ils considèrent partiales. À cet égard, les communications numériques, en particulier les réseaux sociaux, permettent aux migrants de simultanément créer et partager des contenus, tout en développant des réseaux solides. Les migrants sont ainsi en mesure de défendre eux-mêmes leurs intérêts, en décrivant leurs expériences, leurs aspirations et leurs préoccupations.

Image / Video

Source

IOM, 2018.

Diverses applications et autres initiatives, y compris celles développées par les migrants eux-mêmes, ont vocation à aider les migrants à s’adapter à leurs nouveaux environnements : communautés, lieux de travail et culture (McAuliffe, 2018). D’autres applications servent à partager des informations en temps réel, notamment sur les meilleurs itinéraires pour la migration tant régulière qu’irrégulière. En outre, les réseaux sociaux sont aussi bien utilisés par les militants des droits humains que par les groupes anti-immigration. L’émergence de l’intelligence artificielle est un autre changement technologique qui exercera une profonde influence sur les marchés de l'emploi et la nature du travail, et aura donc des conséquences importantes sur les travailleurs migrants (ibid).

Cependant, l'impact de la technologie sur d’autres aspects de la migration est de plus en plus au centre de l'attention et fait l'objet d'une vigilance accrue. Le phénomène croissant de microciblage de publics crédules sur les réseaux sociaux avec de fausses informations sur la migration est difficile à déceler. Les intox et fausses informations peuvent être acceptées, par erreur, aussi bien par le gouvernement, les politiciens, le public que par les médias. Étant donné que la migration est un sujet majeur de désinformation, en particulier lors d'importants événements électoraux, il est essentiel de présenter des informations rigoureuses de manière proactive pour neutraliser les répercussions de ces fausses informations. L’information doit être diffusée sur de multiples canaux et plateformes pour toucher toute la société. Par cette démarche, il est possible de rassurer les populations de migrants confrontées à des niveaux élevés de xénophobie, d’apaiser les inquiétudes du grand public et de renforcer la cohésion sociale.

To Go Further
  • OIM, MigApp. Cette application pour les migrants fournit des informations rigoureuses et vérifiées émanant de sources fiables sur les risques de la migration, sur la réglementation en matière de visas en vigueur dans différents pays et sur la santé, les droits des migrants et les politiques migratoires des gouvernements.
  • McAuliffe, M., The link between migration and technology is not what you think, 2018. Ce blog suggère que l'une des connexions les plus étroites entre la migration et la technologie réside dans le pouvoir accru des groupes de pression dont l’objectif est de modeler, souvent avec un agenda anti-immigration, les trajectoires générales des politiques migratoires.

Réseaux sociaux

La presse et les autres médias traditionnels sont aujourd'hui largement délaissés par les lecteurs, qui privilégient désormais les réseaux sociaux pour suivre l'actualité. Pour certains groupes, la radio et la télévision demeurent les principaux outils d'information. Cependant, les réseaux sociaux jouent un rôle de plus en plus important dans la réalité migratoire, aussi bien pour les personnes, les ONG, le monde de l'entreprise, les médias que le gouvernement (Brekke et Thorbjørnsrud, 2018). Les innovations des réseaux sociaux permettent à tous de s’informer en temps réel sur les opportunités et les défis. Il est ainsi possible de visionner des films et des séries réalisés dans des pays à revenu élevé, qui mettent en avant des exemples de réussite à l'étranger.

Les campagnes au format numérique et sur les réseaux sociaux sont des outils de communication convaincants de plus en plus utilisés pour faire évoluer les mentalités et les comportements. Cependant, l’usage des réseaux sociaux diffère selon l’âge, le genre, l’origine ethnique et le niveau d’alphabétisation. Des écarts sont également constatés entre régions urbaines et rurales. De fait, les campagnes de communication doivent prendre en considération divers aspects, notamment le niveau d’éducation, la détention ou non d'un smartphone et l’accès à l'Internet des audiences cibles (Réseau européen des migrations [REM], 2016). Si les migrants utilisent des plateformes parallèles sans possibilité de recoupement des informations, les stratégies et campagnes de communication devront pallier cette lacune pour garantir un rayonnement plus efficace.

Les réseaux sociaux permettent de communiquer des informations essentielles de manière flexible, actualisée et pérenne à toutes les étapes du processus migratoire, non seulement aux migrants eux-mêmes mais aussi au grand public, aux médias et à d’autres collectifs. Grâce à leur simplicité d'utilisation, les réseaux sociaux sont un outil de communication bidirectionnelle et directe idéal pour engager un dialogue continu avec le public, migrants inclus, et pour construire des passerelles avec les communautés. Cependant, les réseaux sociaux doivent faire l'objet de mesures de modération afin de contrôler les interactions des internautes et d'empêcher la diffusion de propos haineux et xénophobes depuis les plateformes gouvernementales.

Policy Approaches
Communiquer de manière efficace sur la migration à l’ère du numérique
  • Utiliser les canaux informels (notamment les réseaux sociaux) afin d'endiguer la méfiance suscitée par les médias officiels et de mieux informer les publics cibles. Par exemple, les gouvernements peuvent conclure des partenariats avec des migrants, la diaspora et les communautés locales pour leur fournir des informations à jour, qu'ils pourront relayer au sein de leurs propres réseaux.
  • Cartographier les profils des migrants sur les réseaux sociaux en fonction de caractéristiques telles que l’âge, le genre, l’origine ethnique, les niveaux d’alphabétisation, la localisation géographique (zone urbaine/rurale) et les handicaps, dans l’optique de l'élaboration de campagnes. Cette approche concourra à identifier les plateformes, les outils et les approches de communication adaptés à des messages plus nuancés et une diffusion plus large.
  • Comprendre le contexte local de l'audience cible et les canaux utilisés pour partager ses inquiétudes et perceptions.
  • Faire appel aux migrants, aux communautés d’accueil et à d’autres personnes possédant une expérience de la migration lors de l'élaboration de campagnes de communication afin de porter leurs messages.

Stratégies de communication ciblée sur les migrants en contexte de crise

Lors de toute crise, qu'il s'agisse d'un conflit ou d'une catastrophe, il est indispensable que les autorités communiquent à l'ensemble de la population des informations claires et à jour, qui permettront de sauver des vies, de répondre aux inquiétudes et d'éviter les tensions. Ces informations doivent être rigoureuses, répondre à des questions concrètes, notamment que faire, où aller, comment obtenir de l'aide, et communiquer des contacts utiles (voir le « Dimensions de mobilité liées aux crises »). Des stratégies et mesures spécifiques sont nécessaires pour les migrants et requièrent une planification et des recherches en amont de la crise. Il peut s’agir de :

  • Recenser et localiser les migrants avant une crise.
  • Diversifier les stratégies afin de s'adresser aux différents groupes de migrants, quelle que soit leur situation et localisation, par le biais de canaux de communication tant formels qu’informels.
  • Diffuser les informations en plusieurs langues adaptées aux différents âges, niveaux d’alphabétisation et handicaps.
  • Communiquer l’information sous différents formats – audio, visuel, animé, écrit – sur des plateformes couramment utilisées par les migrants.
  • S'assurer que les migrants ont accès à l’information sans crainte d’être repérés, placés en détention ou déportés.
  • Permettre à tous les migrants de faire des commentaires et d’être consultés.
  • Cibler les informations communiquées aux migrants selon leurs besoins : services/acteurs spécifiques, droit aux services ou flexibilité des conditions à l’immigration, etc.
To Go Further
Messages clés
  • Une approche pansociétale et pangouvernementale de la communication, qui ne favorise pas un groupe plus que les autres, améliore la compréhension de la migration.
  • Bien qu'offrant des possibilités de communication et d'interactions bidirectionnelles, les réseaux sociaux ne peuvent résoudre à eux seuls tous les problèmes de communication dans le cadre de la gestion et de la gouvernance des migrations.
  • Les réseaux sociaux doivent faire l'objet de mesures de modération afin de contrôler les interactions des internautes et d'empêcher la diffusion de propos haineux et xénophobes depuis les plateformes gouvernementales.
  • La diffusion d'informations à jour, proactives et rigoureuses réfutant les fausses informations préjudiciables, contribue à prévenir les crises et à combler les vides informationnels dangereux.
  • La mise en œuvre et la mobilisation de partenariats avec les communautés locales et les migrants permettent de garder le lien avec les migrants lors des crises et des catastrophes, et ainsi de sauver des vies.
  • Des formations en communication s'adressant aux chefs de file des migrants et aux associations leur donnent les moyens de devenir leur propre porte-parole, d’élaborer les récits de la migration et de contribuer au débat public. Elles répondent également à la problématique de méfiance à l’égard des communications gouvernementales et à la dépendance aux canaux informels.