Les membres des organisations intergouvernementales (OIG) sont des États souverains. Les OIG sont généralement établies par des traités ou des chartes qui définissent le champ d’application et les paramètres de leurs fonctions. À toutes fins utiles, il existe une distinction entre une « organisation intergouvernementale » et une « organisation internationale » car cette dernière peut également comprendre des organisations non gouvernementales (ONG) parmi ses membres.

Le système des Nations Unies compte plusieurs organisations intergouvernementales, généralement appelées agences des Nations Unies. Plusieurs agences des Nations Unies déploient des activités en lien avec la migration, même si cette problématique ne fait pas partie des premières priorités de leurs interventions, car la migration a une incidence directe ou indirecte sur leur mandat principal. Ainsi, ONU Femmes déploie divers projets qui ciblent ou ont une incidence sur les migrants et leurs communautés. Il existe également des OIG en dehors du système des Nations Unies. Ici aussi, la migration ne fait pas nécessairement partie du mandat principal de ces OIG mais elles déploient des opérations qui y sont liées.

Nations Unies

L'ensemble des lois et des principes internationaux qui, ensemble, définissent les droits et obligations des États dans le domaine de la migration, y compris les droits des migrants, est établi par des traités internationaux et d’autres instruments adoptés par les États dans le cadre des Assemblées Générales des Nations Unies. Les organes de l'Organisation des Nations Unies, tels que les organes de traités, soutiennent l’application de ces conventions (pour en savoir plus, veuillez consulter les Mécanismes de respect des dispositions au Chapitre 1.2.4 Droit international de la migration).

Dans le contexte plus large de l’Assemblée Générale des Nations Unies, il existe également des initiatives et résolutions directement ou indirectement liées à la migration. Ces initiatives et résolutions traitent de questions telles que la protection des migrants, la migration et le développement ainsi que la facilitation et la réduction des coûts de transfert des rapatriements de fonds des migrants.

L’OIM en tant qu’agence des migrations des Nations Unies

La principale organisation en charge des migrations aux Nations Unies est l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). Fondée en 1951, l’OIM est devenue la principale organisation intergouvernementale dans le domaine des migrations. Elle travaille en étroite collaboration avec des partenaires gouvernementaux, intergouvernementaux et non-gouvernementaux, y compris avec les migrants eux-mêmes. En 2020, elle comptait 173 États membres, 9 États observateurs, 155 OIG et ONG ayant le statut d'observateur ainsi que plus de 430 bureaux dans plus de 100 pays. Jusqu’en 2016, l’OIM était une OIG indépendante. En septembre 2016, l’OIM est entrée dans le système des Nations Unies en tant que « organisation liée », appelée Agence des migrations des Nations Unies. Depuis ses débuts en tant qu’agence de logistique opérationnelle, l’OIM a élargi son champ d’intervention mais demeure attachée au principe selon lequel une migration humaine et ordonnée est dans l’intérêt de tous, des migrants et de la société.

Le travail de l’OIM est guidé par le Cadre de gouvernance des migrations (MiGOF) et la Vision stratégique de l’OIM 2019–2023 (OIM, 2019). Adopté par le Conseil de l’OIM en 2015, le Cadre de gouvernance des migrations énonce les éléments essentiels pour faciliter des migrations planifiées et bien gérées. L’OIM respecte et promeut les principes du MiGOF, et aide ainsi les gouvernements à se conformer aux normes internationales, à élaborer et mettre en œuvre des politiques fondées sur la connaissance des faits qui concernent différents secteurs politiques et à promouvoir des partenariats à l'échelle mondiale, régionale et nationale. Sa mission relative à la gestion des migrations couvre un éventail de domaines thématiques destinés à promouvoir le bien-être socioéconomique des migrants et de la société, des migrations sûres et ordonnées dans le respect de la dignité mais aussi, en cas de besoin, les dimensions de mobilité des crises.

Image / Video
Figure 1. Principes et objectifs du MiGOF
Table
Tableau 1. Domaines thématiques de l’OIM par objectif du MiGOF
OBJECTIF 1 : BIEN-ÊTRE SOCIOÉCONOMIQUE DES MIGRANTS ET DE LA SOCIÉTÉ OBJECTIF 2 : DIMENSION DE LA MOBILITÉ DES CRISES OBJECTIF 3 : MIGRATIONS SÛRES, ORDONNÉES ET DANS LA DIGNITÉ

 

  • Mobilité sûre et régulière de la main-d'œuvre
  • Promotion de l’inclusion sociale, économique et culturelle des migrants
  • Amélioration du bien-être financier et économique des migrants et des membres de leur famille
  • Lutte contre la traite des êtres humains, l’exploitation et l’abus des migrants
  • Migration, environnement et changement climatique
  • Réintégration

 

  • Préparation aux crises
  • Réponse aux crises
  • Mise en œuvre des Directives MICIC
  • Transition, reconstruction et stabilisation
  • Terres, biens et réparations
  • Réinstallation et gestion des mouvements

 

  • Migrations sûres et régulières, facilitation des visas
  • Gestion des frontières et de l’identité
  • Évaluations sanitaires et assistance durant le voyage
  • Aide au retour volontaire
Example
Programmes d'évaluation sanitaire de l’OIM dans le contexte migratoire

Les évaluations sanitaires dans le contexte migratoire comptent parmi les services de gestion des migrations les mieux rodés de l'OIM. À la demande des gouvernements des pays d'accueil, l'OIM effectue une évaluation de l'état de santé physique et mentale des migrants pour faciliter leur réinstallation, leur recherche d'emploi à l’échelle internationale, l’obtention de visas temporaires ou permanents, ou leur participation à des programmes particuliers d’aide aux migrants (voir, par exemple, OIM, 2020). L’OIM réalise des évaluations sanitaires rapides et efficaces qui sont techniquement fiables, respectueuses de la législation nationale et internationale en matière de santé, et qui profitent et sont accessibles de manière équitable aux migrants. Étant donnée la diversité des politiques et pratiques en matière d’immigration à l’échelle nationale, les prescriptions et protocoles en matière d’évaluation sanitaire varient d’un pays d’accueil à l’autre. Ces prescriptions peuvent être particulières à certaines maladies posant des problèmes de santé publique, comme la tuberculose, ou avoir une portée bien plus large. Par ailleurs, les migrants sont au cœur du processus d’évaluation sanitaire, qui est adapté à leurs profils particuliers et à leur exposition individuelle aux risques. L’OIM s’efforce d’intégrer ses services d’évaluation sanitaire dans les programmes de contrôle et de prévention de maladies existant à l’échelle nationale, en collaborant avec des partenaires nationaux, en formant des fournisseurs de services locaux et en employant du personnel local. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de la mission de sensibilisation de l’OIM, qui peut aider les gouvernements à se conformer aux normes régionales et internationales.

Source

 OIM, n.d.

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En vertu du Pacte mondial pour la migration, l’OIM est investie de nouvelles responsabilités de coordination et de secrétariat du Réseau des Nations Unies sur la migration.

Réseau des Nations Unies sur la migration

Établi par le Secrétaire général en 2018, le Réseau des Nations Unies sur la migration entend apporter un soutien efficace, rapide et coordonné à l'échelle du système pour la mise en œuvre, le suivi et l’examen du Pacte mondial pour les migrations (PMM). L’OIM en assurera la coordination et le secrétariat (Pacte mondial pour les migrations, paragraphe 45).

Le Réseau des Nations Unies sur la migration réunit 39 entités du système des Nations Unies, dont neuf composent le Comité exécutif (Annexe I).  Le Réseau noue des relations avec diverses parties prenantes, y compris conformément au principe directeur du Pacte sur l’approche mobilisant l’ensemble de la société (Pacte mondial pour la migration, paragraphe 15, j). Sa mission englobe celle poursuivie par les Réseaux nationaux et régionaux ou par des mécanismes similaires de coordination des migrations, ainsi que par les équipes de pays des Nations Unies.

Table
Tableau 2. Membres du Réseau des Nations Unies sur la migration

Agences des Nations Unies

  • SecrÉtariat du Conseil des chefs de secrÉtariat (CCS)
  • Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
  • SecrÉtariat du ComitÉ permanent interorganisations (IASC)
  • Fonds international de dÉveloppement agricole (FIDA)
  • Organisation internationale du Travail (OIT)
  • Organisation maritime internationale (OMI)
  • Organisation Internationale pour les Migrations (OIM)
  • Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA)
  • Bureau des fonds d’affectation spÉciale pluripartenaires (MPTFO)
  • Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA)
  • Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH)
  • Bureau d’appui à la consolidation de la paix (PBSO)
  • Alliance des civilisations de l’Organisation des Nations Unies (UNAoC)
  • Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF)
  • ConfÉrence des Nations Unies sur le commerce et le dÉveloppement (CNUCED)
  • DÉpartement de l’Information Publique des Nations Unies (DPI)
  • Programme des Nations Unies pour le dÉveloppement (PNUD)
  • DÉpartement des affaires Économiques et sociales des Nations Unies (ONU DAES)
  • Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la science et la culture (UNESCO)
  • Commission Économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA)
  • Commission Économique des Nations Unies pour l’AmÉrique latine et les Caraïbes (CEPALC)
  • Commission Économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique (CESAP)
  • Commission Économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie occidentale (CESAO)
  • Commission Économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE)
  • EntitÉ des Nations Unies pour l’ÉGALITÉ des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes)
  • Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE)
  • Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC)
  • Haut COMMISSARIAT DES NATIONS UNIES POUR LES RÉFUGIÉs (HCR)
  • Programme des Nations Unies pour les Établissements humains (ONU-Habitat)
  • Organisation des Nations Unies pour le dÉveloppement industriel (ONUDI)
  • Institut des Nations Unies pour la formation et la recherche (UNITAR)
  • Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC)
  • Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP)
  • SecrÉtariat du Groupe des Nations Unies pour le dÉveloppement durable
  • UniversitÉ des Nations Unies (UNU)
  • Union postale universelle (UPU)
  • Programme alimentaire mondial (PAM)
  • Banque mondiale
  • Organisation mondiale de la Santé (OMS)

Remarque : Les organisations en gras font partie du Comité exécutif.

Le Réseau donne des impulsions pour que soit menée une action coordonnée et concertée dans le domaine de la migration, notamment en parlant d’une seule voix. Il fournit des idées, des outils, des données et des informations fiables, des analyses et des orientations stratégiques sur des questions de migration, et souligne ainsi les préoccupations et les pratiques positives. Comme préconisé par le Pacte mondial pour les migrations, le Réseau a institué le Fonds d’affectation spéciale pluripartenaires (M-MPTF) ainsi que le Pôle du Réseau sur les migrations (ensemble, le Pôle de liaison et la plateforme mondiale de connaissances) afin de renforcer la capacité des États à mettre en œuvre le Pacte. Ce dernier héberge des fonctionnalités, telles qu'une Communauté de pratiques, une base de données d’experts par thème, un espace de discussion en ligne et un large répertoire de ressources révisées par des pairs.

Par ailleurs, le Réseau appuie l’élaboration du rapport biennal du Secrétaire général des Nations Unies à l’Assemblée générale sur la mise en œuvre du Pacte mondial sur les migrations. Il apporte son appui aux mécanismes de suivi et d’examen dans le cadre des examens régionaux et mondiaux accomplis, successivement, tous les quatre ans (conformément aux paragraphes 48-54 du Pacte mondial pour les migrations). À cette fin, il participe à la préparation et à l’organisation du Forum d’examen des migrations internationales, notamment en recueillant les données communiquées volontairement à l'échelle locale, nationale, régionale et internationale sur les initiatives visant à mettre en œuvre le Pacte. Ces données seront mises à disposition sur le site Internet du Réseau sur la migration (pour en savoir plus sur le forum, voir Ensemble des initiatives et engagement pour répondre aux migrations au Chapitre 1.2.3 Initiatives et engagements pour répondre aux questions de migration).

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Organisations intergouvernementales opérant en dehors du système des Nations Unies

Les organisations intergouvernementales ne faisant pas partie du système des Nations Unies sont des acteurs importants qui instaurent des forums utiles à l'élaboration des politiques et programmes migratoires dans certaines régions et sous-régions. En font notamment partie :

  • L’Union africaine
  • La Communauté économique de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN)
  • La Communauté et le Marché commun des Caraïbes (CARICOM)
  • Le Système d'intégration d'Amérique centrale (SICA)
  • L’Union économique eurasiatique
  • L’Union européenne
  • Le Marché européen de l’Amérique du Sud (MERCOSUR)

 

De même, d’autres organisations sont à l’origine de forums importants sur l’élaboration des politiques et programmes migratoires dans certaines régions et sous-régions. La Communauté des États indépendants (CIS) et l’Organisation des États américains (OEA) en constituent deux exemples.

À mesure que le paysage de la migration évolue, de plus en plus d'acteurs réfléchissent à la question. Des partenariats innovants sont conclus avec les OIG, comme l’illustrent les accords avec les unions parlementaires et les banques multilatérales de développement.

Example
De coopération entre États et organisations intergouvernementales

En décembre 2018, l’Union interparlementaire (UIP) a collaboré avec le Parlement du Royaume du Maroc afin de coorganiser une Conférence parlementaire sur les migrations en prévision de l'adoption du Pacte mondial sur les migrations. À la suite de cette conférence, des parlementaires du monde entier se sont engagés à contribuer à la mise en œuvre du Pacte mondial pour les migrations et à œuvrer, au sein de leur parlement, à l'élaboration et à la mise en œuvre, d'un « plan d'action parlementaire pour les migrations » et à faire rapport à l'UIP en 2021.

De même, en 2009, le gouvernement français (ministère de l’Immigration, de l’Intégration et du Développement solidaire) s’est associé à la Banque africaine de développement (BAD) afin d’instituer un Développement multilatéral. Le fonds avait pour objet la réduction des coûts associés à l’envoi et à la réception des rapatriements de fonds. Il s’intéressait également aux possibilités de mobilisation de ces ressources dans l’intérêt des migrants et de leurs bénéficiaires ainsi que des communautés dans les pays d’accueil. Ainsi, le fonds a encouragé et soutenu des initiatives locales et des initiatives déployées par des migrants qui avaient vocation à réduire les coûts des transferts et à promouvoir une meilleure utilisation de ces capitaux.

Source

UIP, 2018; AfDB, n.d.

La plupart des OIG extérieures au système des Nations Unies sont investies d’un mandat étendu : œuvrer à la coopération et à l’intégration économiques et politiques sur un territoire géographique défini. Par conséquent, la circulation des personnes sera toujours une composante indissociable de leur mission. Pour de nombreuses OIG, la migration n’est pas une priorité spécifique ou permanente, mais une question habituellement abordée dans le contexte de discussions plus larges, comme la facilitation des échanges commerciaux. Cependant, les initiatives déployées par les OIG en lien avec la migration conduisent souvent à l’adoption de principes et de directives politiques, qui peuvent constituer un fondement utile pour l’élaboration, par les États, de leurs politiques et lois nationales en matière de migration.

 Les OIG extérieures au système des Nations Unies peuvent se révéler des partenaires indispensables aux agences en charge des questions de migration qui :

  • Recherchent des conseils spécialisés sur certains aspects politiques en lien avec la migration ;
  • Engagent les parties prenantes dans le cadre du dialogue politique sur la migration ;
  • Atteignent des approches concertées sur les questions de migration aux niveaux régional et international ;
  • Disposent de financements pour gérer les questions migratoires émergentes aux niveaux régional, interrégional ou mondial.
Policy Approaches
La collaboration avec les organisations intergouvernementales extérieures aux Nations Unies, et les unions politiques et économiques
  • Exploiter les études et données émanant des unions politiques et économiques ainsi que des organisations intergouvernementales spécialisées (OIG) afin d’élaborer des directives, politiques et cadres nationaux et régionaux.
  • Contribuer à améliorer la compréhension des dynamiques régionales plus larges afin d’encourager les partenariats et la coopération par l’intégration de données propres à chaque pays dans les bases régionales.
  • Renforcer l’harmonisation régionale par l’intégration, dans les politiques et lois nationales, des principes et directives politiques élaborés par les unions politiques et économiques ainsi que par les autres OIG extérieures au système des Nations Unies.
  • Autant que nécessaire, inviter des conseillers et experts de la migration faisant partie d’OIG extérieures au système des Nations Unies à participer aux mécanismes d'élaboration de la politique nationale.
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Messages clés
  • Si les États sont les principaux acteurs de la gouvernance et de la gestion des migrations, de nombreuses organisations intergouvernementales œuvrant sur les questions migratoires appuient ces mécanismes et y apportent de la valeur.