Le mot « données » est généralement utilisé pour désigner les données numériques, les statistiques et d'autres types d'informations, généralement électroniques et quantitatives (Upton et Cook, 2014). Dans le cadre de la migration, il est important de bien faire la distinction entre les données et les statistiques.
Le terme « données sur les migrations » fait référence à « tous les types de données susceptibles de soutenir l'élaboration de politiques et de programmes migratoires complets, cohérents et tournés vers l'avenir, ainsi que de contribuer à un discours public éclairé sur les migrations. Il s'agit notamment de données concernant les différentes formes de mouvements de population, y compris à court et à long terme, forcés et volontaires, transfrontaliers et à l’intérieur d’un même pays, ainsi que de données concernant les caractéristiques des mouvements et des personnes en déplacement, les raisons et les incidences des migrations ». Les données sur les migrations comprennent également des données pertinentes relatives aux migrants et aux migrations provenant de secteurs politiques connexes, tels que le marché du travail, la santé et l'éducation.
OIM, 2021.
Science de la collecte, de la présentation et de l'analyse des données.
Upton et Cook, 2014.
Lorsque les données sur les migrations sont collectées, vérifiées et organisées à l'aide de méthodes statistiques, on les appelle des « statistiques migratoires ». Les données destinées à l'élaboration des politiques migratoires sont générées selon différentes méthodologies. Elles concernent tous les domaines, y compris :
- les statistiques de base sur les migrations, telles que sur les populations de migrants (combien de migrants vivent dans différents pays) et les flux de migrants (le nombre de migrants et les flux entrants et sortants) ;
- les caractéristiques des populations migrantes (telles que leur profil démographique, leur niveau d’éducation ou leurs qualifications) ;
- des informations sur différents sujets liés à la migration (tels que la migration et le genre, la santé dans le contexte migratoire, l’intégration, la migration de main d'œuvre ou la traite des personnes) ;
- des informations sur d'autres secteurs pertinents (caractéristiques du marché du travail, système éducatif, politiques d'immigration, services de santé, etc.).
Généralement, ces données sont réparties en deux catégories principales : données quantitatives et données qualitatives. Les données quantitatives sont des données numériques et quantifiables sur les migrations. Elles sont utiles pour mieux comprendre l'incidence d’un phénomène et le rythme auquel il se produit puisqu’elles montrent les tendances et permettent de faire des projections. Les données qualitatives sont descriptives et collectées grâce à des techniques telles que les entretiens ou les groupes de discussion. Les données qualitatives permettent d’expliquer un phénomène et les différentes perceptions et facteurs qui l'influencent.
La division de statistique des Nations unies, sous la direction du groupe d'experts des Nations unies en statistiques des migrations, a élaboré un cadre conceptuel et des concepts et définitions sur les migrations internationales, qui fixent pour les pays les orientations à suivre sur les données migratoires. Ces recommandations établissent des concepts et des définitions liés à l’évaluation des migrations internationales et constituent la meilleure base possible pour collecter des statistiques migratoires fiables et comparables au niveau international.
Les concepts fondamentaux des données sur les migrations utilisées au niveau international sont basés sur une révision substantielle, de la part des Nations unies en 1998, de ses Recommandations en matière de statistiques des migrations internationales. Le nouveau cadre conceptuel inclut les concepts de mobilité et de migration, et a été élaboré en fonction des principaux intérêts politiques. Il cherche à aligner les méthodes d’évaluation des populations de migrants internationaux sur celles des populations résidentes, et à assurer une cohérence entre les données sur les flux et les populations dans les différents pays en harmonisant les concepts pour quatre sous-groupes de population clés : les personnes nées à l'étranger, les personnes nées dans le pays, les citoyens étrangers et les citoyens nationaux. Il essaie également de répondre à la demande et aux défis liés aux données sur la mobilité internationale temporaire. Parmi les concepts clés introduits dans la révision effectuée par le groupe d’experts des Nations unies (2020) figurent :
Les populations immigrées comprennent toutes les personnes résidant dans le pays étant nées dans un autre pays ou n'ayant pas la citoyenneté nationale, y compris les apatrides à un moment donné. Les population d’émigrants comprennent tous les ressortissants ou les personnes nées dans le pays qui résident dans un autre pays à un moment donné. (Voir également le portail sur les données migratoires pour plus de détails sur les stocks).
Note: Les personnes nées dans le pays et ayant la citoyenneté nationale ne sont pas considérées comme appartenant à la population immigrée, bien qu'elles puissent être considérées comme des immigrés (récents) ou faisant partie du flux d'immigration si elles sont revenues et en ont changé de pays de résidence.
Groupe d’experts des Nations unies en statistiques des migrations, 2020.
Les données sur les flux migratoires rendent compte du nombre de migrants qui entrent dans un pays et le quittent au cours d'une période donnée, par exemple une année [Division de la statistique du Département des affaires économiques et sociales des Nations unies (DAESNU), 2017a]. Les flux d'immigration comprennent toutes les personnes qui entrent dans le pays et font partie de la population résidente au cours d'une année donnée, y compris les personnes détenant la citoyenneté nationale, ou la citoyenneté étrangère ou les apatrides, tandis que les flux d'émigration comprennent toutes les personnes qui quittent le pays pour faire partie de la population résidente d'un autre pays au cours d'une année donnée, y compris les personnes détenant la citoyenneté nationale ou étrangère, et les apatrides.
Groupe d’experts des Nations unies en statistiques des migrations, 2020.
Note: Voir également le portail sur les données migratoires pour plus de détails sur les flux.
tout mouvement de personnes franchissant des frontières internationales au cours d'une année donnée.
Groupe d’experts des Nations unies en statistiques des migrations, 2020.
tout mouvement de personnes entraînant un changement de pays de résidence (un sous-ensemble de la mobilité internationale) au cours d'une année donnée.
Groupe d’experts des Nations unies en statistiques des migrations, 2020.
toute personne ayant changé de pays de résidence et établi une nouvelle résidence dans le pays au cours d'une année donnée. Le migrant international peut être « immigrant » ou « émigrant » et comprend les personnes ayant la citoyenneté nationale ou étrangère, et les apatrides.
Groupe d’experts des Nations unies en statistiques des migrations, 2020.
personnes qui (a) ont vécu la plupart des 12 derniers mois au cours d'une année donnée ou ont l'intention de rester (ou ont obtenu un permis de séjour) pendant au moins 6 mois ; ou (b) ont vécu au moins 12 mois au cours d'une année donnée ou ont l'intention de rester (ou ont obtenu un permis de séjour) pendant au moins 12 mois. Sont exclus les absences temporaires à des fins de vacances ou de travail (Division de statistique du DAES de l'ONU, 2017a).
Groupe d’experts des Nations unies en statistiques des migrations, 2020.
personnes présentes dans le pays à un moment de référence donné (le recensement) ; comprend les résidents qui étaient présents dans le pays mais exclut les résidents qui n'étaient pas présents au moment de référence (Division de statistique du DAES, 2017a).
Groupe d’experts des Nations unies en statistiques des migrations, 2020.
personnes qui ont séjourné ou ont l'intention de séjourner (ou ont obtenu un permis de séjour) dans le pays pour une durée inférieure à la durée minimale requise pour la résidence au cours d'une année donnée.
Groupe d’experts des Nations unies en statistiques des migrations, 2020.
tout mouvement de personnes franchissant des frontières internationales et qui n'entraîne pas de changement de pays de résidence.
Groupe d’experts des Nations unies en statistiques des migrations, 2020.
personnes qui ne résident pas dans le pays d’évaluation mais qui y ont exercé des activités économiques de manière répétée (plus d'une fois par an), à condition qu'elles quittent le pays à intervalles brefs et réguliers (quotidiens ou hebdomadaires) [Organisation internationale du travail (OIT), 2018].
Groupe d’experts des Nations unies en statistiques des migrations, 2020.
personnes qui ne résident pas dans le pays d'emploi, dont le travail, de par sa nature, dépend de conditions saisonnières et est effectué pendant une partie de l'année [OIT, 2018] 65. Les autres types de travailleurs temporaires incluent toutes les personnes qui ne résident pas dans le pays d’évaluation mais s'y rendent sur de courtes périodes (moins que la durée minimale requise pour la résidence) pour des raisons professionnelles, comme les travailleurs itinérants et les travailleurs liés à un projet).
Groupe d’experts des Nations unies en statistiques des migrations, 2020.
L'application de concepts et de définitions communs permet d'identifier et de comparer les tendances internationales. Cependant, malgré les efforts de l'UNSD pour promouvoir l'utilisation de définitions standard, les données sur les migrations sont encore collectées de différentes manières, leurs définitions varient. Par exemple, la durée pendant laquelle une personne doit se trouver à l'étranger pour être considérée comme un migrant (et non comme un touriste) varie d'un pays à l'autre. De même, la durée des permis de séjour pour le même type de mouvements migratoires peut également varier.
Lors de l'étude des données nationales, il est donc important de comprendre les concepts et les définitions utilisés dans les données nationales et la manière dont ils peuvent différer des recommandations internationales.
- La Division de la population des Nations unies livre une description des différents types de données empiriques, estimations et indicateurs.
- Le portail des données sur les migrations duCentre d'analyse des données migratoires mondiales ou GMDAC (de l’OIM) présente et donne une description détaillée des différents types de données sur les migrations.
- Le Groupe mondial sur la migration (GMG) a également préparé le Manuel pour l’amélioration de la production et de l’utilisation des données sur la migration pour le développement (2017) sur les forces et limites des différentes données.
- OIM, La migration et les migrants dans le monde, 2019 (rapport État de la migration dans le monde 2020 - Chapitre 2). Il communique non seulement les derniers chiffres en date, mais aborde également les difficultés que pose la collecte des données et les lacunes en la matière.
Au niveau international, plusieurs organisations et instances, dont la DSNU, ont établi des lignes directrices concernant les statistiques migratoires. Il s'agit notamment de conseils à l’attention des pays sur la collecte de statistiques nationales (tels que des recommandations pour l'utilisation d'instruments statistiques spécifiques (recensements et enquêtes), comme indiqué dans l'encadré Approches politiques ci-dessous), ainsi que sur la manière de répondre aux besoins mondiaux en matière de données migratoires (dans le cadre du Programme 2030, par exemple).
- Utiliser des concepts et des définitions internationalement reconnus.
- Veiller à ce que les questions fondamentales sur les migrations recommandées par les Nations unies soient incluses dans l’ensemble des recensements (voirPrincipes et recommandations concernant les recensements de la population et des logements, troisième révision).
- Inclure des questions sur le pays de naissance et/ou la citoyenneté afin de pouvoir ventiler les données par statut migratoire. Voir l'approche progressive de la ventilation des données ci-dessous.
- Pour toute collecte de données spécifiques à la migration, inclure des questions pertinentes sur le sexe, l'âge et d'autres variables afin de ventiler les données en fonction de celles-ci.
: Éléments partiellement basés sur le Handbook on Measuring International Migration through Population Censuses [Manuel sur l’évaluation des migrations internationales dans le cadre des recensements de la population] (Division des statistiques du DAES de l’ONU, 2017b).
Étape 1 : La ventilation par statut migratoire peut être définie par l'une des deux variables suivantes :
- Pays de naissance : personnes nées à l'étranger et née dans le pays
- Pays de citoyenneté : étrangers (y compris les apatrides) et citoyens
Note : le pays de naissance/origine et le pays de citoyenneté/nationalité peuvent différer.
Étape 2 : S'il est nécessaire d'établir une distinction entre les migrants et leurs descendants, le statut migratoire peut être défini en fonction du pays de naissance de la personne et du pays de naissance de ses parents : personnes nées à l'étranger ; personnes nées dans le pays dont les deux parents sont nés à l'étranger ; et personnes nées dans le pays dont au moins un des parents est né dans le pays.
Étape 3 : Autres dimensions de la ventilation. Les pays qui s'intéressent à d'autres groupes de population liés à la migration peuvent ventiler davantage les données en fonction du pays de naissance des parents, de la durée du séjour dans le pays et de la raison de la migration. Les migrants internes et les personnes déplacées à l'intérieur de leur pays peuvent également être pris en compte si les pays s'intéressent à la mobilité de la population à l'intérieur du pays.
Division des statistiques de l’UNDESA, 2018. Voir aussi OIM, 2021.
Plusieurs agences des Nations unies ont également formulé des conseils quant aux différentes données sur les migrations.
- Groupe d’experts des Nations unies sur les statistiques migratoires, Draft Report on Conceptual frameworks and Concepts and Definitions on International Migration [Projet de rapport sur le cadre conceptuel général et les définitions connexes relatifs aux migrations internationales], 2020. Document de référence établi pour la 52e session de la Commission de statistique, mars 2021
- Division des statistiques du DAES de l'ONU, Handbook on Measuring Migration through Population Censuses [Manuel sur la mesure des migrations à partir des recensements de la population], 2017b.
- Mosler Vidal, E., Ne laisser aucun migrant de côté : le Programme 2030 et la ventilation des données, 2021.
- Tomas, P.A.S., L.H. Summers et M. Clemens, Migrants Count: Five Steps Toward Better Data, 2009. Rapport de la Commission sur les données relatives aux migrations internationales pour la recherche et la politique de développement.
- Jeffers, K., J. Tjaden et F. Laczko, A Pilot Study on Disaggregating SDG Indicators by Migratory Status, 2018.
- Forum international sur les statistiques migratoires (site Web). Présente et rassemble un certain nombre de présentations et de documents sur les données sur les migrations.
-
Il existe également des lignes directrices pour améliorer les données sur différents thèmes. Veuillez consulter les chapitres thématiques à ce sujet.
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La section « Ressources » du Portail sur les données migratoires offre aux professionnels des outils et documents directifs actualisés en matière de données migratoires.
Il existe plusieurs initiatives et organisations au niveau régional visant à améliorer la base de données sur les migrations. Elles fournissent souvent des conseils pour la collecte de données et assurent la coordination avec les organisations au niveau national (telles que les bureaux nationaux de statistiques [BNS]). Mais ne sont pas présentes dans toutes les régions. Des initiatives ont été prises pour harmoniser la collecte de données afin de faciliter la comparaison entre les pays et de produire des ensembles de données régionales.
Les lignes directrices pour l'harmonisation de la gestion des données sur les migrations dans la région de la CEDEAO (2018) illustrent parfaitement les efforts conjoints visant à améliorer l'harmonisation des données au niveau régional. Ces lignes directrices ont été préparées par le Centre d'analyse des données migratoires mondiales de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM GMDAC), l'Organisation internationale du travail (OIT), le Centre international pour le développement des politiques migratoires (ICMPD), l'Union européenne et la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Le processus a consisté en une étroite collaboration avec les États membres de la CEDEAO afin d’aborder les pratiques et les besoins en matière de données sur les migrations, et faire en sorte que les recommandations soient suivies par les autorités nationales. L'implication et la révision continues des États membres permettent d’adapter les lignes directrices au contexte de la CEDEAO et de faciliter de futurs travaux conjoints sur les données migratoires.
La plupart des données sur les migrations proviennent de sources nationales. Certaines organisations internationales et régionales collectent également des données sur les migrations et rassemblent souvent les données nationales pour créer des ensembles de données et des ressources à des fins de comparaison internationale. Dans ce paragraphe, vous trouverez des informations sur certaines des principales sources de données migratoires aux niveaux national, régional et international, et notamment sur deux grandes catégories de données : les données traditionnelles et les données novatrices. Une note sur les principales lacunes en matière de données vient aussi compléter la discussion sur les sources.
Sources nationales et infranationales
Les données traditionnelles sur les migrations au niveau national peuvent être réparties en deux catégories : les données statistiques et les données administratives. Les données statistiques servent à produire des statistiques officielles et incluent les recensements et les enquêtes. Les données administratives servent principalement à soutenir les processus administratifs d'un pays et comprennent les registres, les systèmes de collecte de données aux frontières et les données sur les visas.
Les données peuvent également être collectées au niveau infranational, dans les villes ou au sein de services administratifs au sens large (tels que l'État, la province ou autre). De telles données sont, à des degrés divers, rassemblées, nettoyées, éditées, agrégées et utilisées pour produire des statistiques. Les données et statistiques officielles sur les migrations sont souvent accessibles sur les sites Web des bureaux nationaux de statistiques, des ministères de l'intérieur, de l'emploi et autres.
Le tableau ci-dessous présente une synthèse des principales données traditionnelles sur les migrations. Pour plus d'informations sur les données des différents domaines politiques, voir : les principales sources de données, d’études et d'analyses dans les chapitres thématiques de l'EMM2.0.
Sources statistiques
TYPE | Avantages | Limites |
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Recensements de population |
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Enquêtes auprès des ménages (y compris les enquêtes polyvalentes auprès des ménages, telles que les enquêtes sur la population active, et les enquêtes spécialisées sur les migrations). |
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Sources administratives sélectionnées
TYPE | Avantages | Limites |
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Visas, permis de séjour et autres titres délivrés |
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Registres de population ou de migrants/autres |
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Système de collecte de données frontalières |
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D'après Hoffmann et Lawrence, 1996 ; Division des statistiques du DAES de l'ONU, 2017a ; Eurostat, 2018 ; Portail des données sur les migrations de l'OIM, n.d.
Certains pays ont mené des enquêtes par panel afin de collecter des données supplémentaires sur divers aspects de la migration. Il s’agit notamment de la New Immigrant Survey (NIS) aux États-Unis, la Longitudinal Immigration Database (IMDB) au Canada et la Characteristics of Recent Migrants Survey (CORMS) en Australie.
- Centre mondial de données et d'analyse sur la migration (GMDAC)de l’OIM. Il vise à renforcer le rôle des données dans la gouvernance mondiale des migrations, à soutenir les capacités des États membres de l'OIM à collecter, analyser et utiliser les données migratoires, et à promouvoir des politiques fondées sur des preuves en compilant, partageant et analysant les données de l'OIM et d'autres sources. Le GMDAC a été créé pour répondre aux demandes d'amélioration des données et des analyses sur les migrations internationales et travaille dans les domaines de la gestion des connaissances, du renforcement des capacités, de la collecte et de l'analyse des données. Voir, en particulier, les tableaux de bord du portail des données sur les migrations du GMDAC pour les données nationales, pour comparer les indicateurs dans un pays ou une région donné(e), ou pour comparer les pays ou les régions.
- Singleton, A., International Migration Statistics: Meeting the International Recommendations – Economic and Social Commission for Western Asia (ESCWA) Training Kit, 2009. Ce document s’intéresse à la création d’un inventaire de données via l’identification des sources et leur cartographie, ainsi qu’aux problématiques soulevées par les différents types de sources (pp. 7-13).
Il est souvent possible de rassembler, de compiler ou de gérer des données nationales provenant de plusieurs sources. Grâce à la technologie appropriée, certains systèmes de données nationaux peuvent relier, par exemple, les données des recensements de la population à celles des enquêtes ou des systèmes administratifs. Cette intégration des données peut produire des ensembles de données transnationales comparables répondant aux recommandations des Nations unies. Cependant, de nombreux pays ne rassemblent pas ou ne partagent pas efficacement les données sur les migrations collectées au sein des différents secteurs du gouvernement.
Sources internationales et régionales
Plusieurs agences des Nations unies, ainsi que d'autres organisations internationales, collectent, utilisent et/ou analysent et diffusent des données sur les migrations et d'autres données pertinentes sur des sujets spécifiques.
Organisation | Type de données |
---|---|
UNSD/UN DESA |
Collecte et diffuse des statistiques sur les migrations des pays, y compris sur les populations et les flux de migrants |
OIM |
Collecte, produit et analyse des données sur un large éventail de sujets (voir encadré ci-dessous pour des exemples de sources de données de l'OIM) A créé le Portail sur les données migratoires, un point d’accès unique à des statistiques migratoires complètes et actuelles et à des informations fiables sur les données migratoires à l'échelle mondiale, et la Matrice de suivi des déplacements, un système permettant de suivre et de surveiller les déplacements et la mobilité des populations en cas de catastrophe d’origine naturelle ou humaine |
HCR |
Collecte, compile, analyse et diffuse des données sur les demandeurs d'asile, les réfugiés et certains sujets connexes. |
OIT | Collecte, compile, analyse et diffuse des données sur la migration de main-d'œuvre, les travailleurs migrants et d'autres sujets choisis |
UNESCO | Compile, analyse et diffuse des données sur les étudiants internationaux. |
OCDE |
Compile, analyse et diffuse des données sur une sélection de sujets relatifs aux migrations dans les pays de l'OCDE, notamment les flux, le marché du travail, les politiques et indicateurs d'intégration, ainsi que les migrations et le développement Création d'une base de données pour les pays non membres de l’OCDE sur une série de sujets (caractéristiques démographiques, débouchés sur le marché du travail, durée du séjour et lieu de naissance, entre autres) |
Banque mondiale (principalement par l'intermédiaire de KNOMAD) | Collecte, compile, analyse et diffuse des données sur des sujets sélectionnés relatifs à la migration et le développement, notamment sur les rapatriements de fonds et les coûts de recrutement |
UNICEF | Compile et diffuse des données sur la migration des enfants |
Remarque : cette liste n’est pas exhaustive.
L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) recueille et partage des données sur les migrations dans de nombreux domaines pour (et au cours de) ses projets opérationnels et pour la recherche.
Gouvernance des migrations: Grâce à des projets tels que les indicateurs de gouvernance des migrations (MGI), l’OIM collecte des données qualitatives sur la gouvernance des migrations dans de nombreux pays.
Données :
- Rapports
- Données par indicateur (non accessibles au public)
Migrants disparus : Dans le cadre du Projet Migrants disparus, le GMDAC de l'OIM recueille des données sur les migrants décédés ou portés disparus au cours du processus de migration vers une destination internationale.
Données :
- Base de données (exportable)
- Rapports
Personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays (PDI) : La Matrice de suivi des déplacements (DTM) de l'OIM recueille des données sur les déplacements internes dans différents pays.
Données :
- Base de données (exportable)
- Rapports
- Enquêtes (non accessibles au public)
Les sources relatives à d'autres domaines thématiques sur lesquels l'OIM recueille des données sont incluses dans les chapitres thématiques.
En outre, l'OIM ou des chercheurs travaillant pour le compte de l'OIM recueillent des données qualitatives et quantitatives sur de nombreux sujets liés à la migration, dont les résultats sont publiés dans différents rapports. Les rapports annuels de l’OIM contiennent aussi des données et des informations précieuses sur les activités opérationnelles de l’OIM.
Les organisations régionales peuvent également collecter et analyser des données. Voir encadré ci-dessous pour une liste non exhaustive d'exemples.
- Eurostat est l'Office statistique de l'Union européenne. Il a été en 1953. Il partage divers concepts et lignes directrices relatifs à la collecte de données pour les pays de l'Union européenne. Eurostat s’appuie sur les données fournies par les membres du système statistique européen pour diffuser plus de 250 tableaux de statistiques européennes relatives aux migrations, notamment sur la population, la démographie et les migrations, les projections démographiques, l’asile, les permis de séjour, entre autres.
- Lesystème d'observation permanente des migrations internationales pour les Amériques, (SICREMI, son acronyme en espagnol) élabore des rapports semestriels rassemblant des données sur les migrations issues de différentes sources (recensements, enquêtes et dossiers administratifs) dans les pays de la région.
- Le Centre pour les migrations mixtes, ex-Secrétariat régional aux migrations mixtes (RMMS), fournit régulièrement des données essentiellement qualitatives sur les tendances des migrations irrégulières, en particulier en Afrique de l'Est et dans la Corne de l'Afrique. Outre les synthèses mensuelles par pays, le centre publie des rapports thématiques.
D'autres exemples de ressources par région sont disponibles sur le Portail sur les données migratoires, ainsi que des aperçus de données régionales pour différentes régions et/ou des aperçus de statistiques régionales clés :
- Siegel, M., Where to find migration data, 2020 (vidéo).
Grâce aux avancées technologiques, une quantité croissante d'informations relatives aux migrations est désormais disponible à partir de sources innovantes telles que les big data.
On entend généralement par « big data » les données générées automatiquement par les utilisateurs de téléphones portables, des médias sociaux, des services de paiement en ligne et d'autres plateformes et applications internet, ainsi que par des capteurs et des compteurs numériques. Ces données sont stockées en temps réel dans de grandes bases de données, généralement détenues par des entreprises privées telles que les opérateurs de téléphonie mobile, les fournisseurs de plateformes de réseaux sociaux ou d'autres services Internet.
Hilbert, 2013.
Emmanuel Letouzé (2015) établit une distinction entre les big data en tant que données (« traduction numérique d'actions, d'interactions et de transactions humaines captées par des dispositifs et des services numériques ») et les big data axé sur la collecte et l'analyse de ces données (« un écosystème de données, de capacités humaines et techniques et de communautés » produisant et utilisant ces informations pour prendre des décisions).
Pour comprendre les big data, il est utile de se rappeler que :
- Les Big data ne sont pas seulement « big » en raison de leur volume : la vitesse (« velocité ») à laquelle elles sont générées et la complexité (« variété ») des informations sont aussi des caractéristiques de ce type de données.(Hilbert, 2013).
- Elles se distinguent des données basées sur des sources traditionnelles, telles que les enquêtes auprès des ménages, car elles ne se réfèrent pas à un échantillon aléatoire d'individus mais à la totalité de la population en utilisant, par exemple, les téléphones mobiles ou les plateformes basées sur Internet, et ces données sont accessibles en temps réel (Hilbert, 2016).
- Les big data se distinguent également des données traditionnelles en raison des techniques et méthodes analytiques requises pour en extraire des informations significatives et transformer ces données en « valeur » (De Mauro, Greco et Grimaldi, 2016). En effet, des domaines tels que la science des données sont en train d'émerger pour étudier cette question. Parallèlement, les méthodes de collecte automatisée des données s'améliorent, la capacité de traitement des big data augmente et la possibilité de recourir à l'intelligence artificielle se développe, permettant ainsi d'identifier des modèles complexes, y compris en entraînant les machines à le faire.
Avec environ 5,1 milliards d'utilisateurs uniques de téléphones mobiles, et environ 4 milliards d'internautes actifs dans le monde (Kemp, 2018), de telles « traces numériques » représentent une opportunité d'améliorer la connaissance des différents aspects de la migration. La quantité sans précédent de données produites et les innovations concernant leur analyse permettent de recouper et de compléter les sources de données pour obtenir une tableau plus complet des dynamiques migratoires. Elles permettent également d’identifier les données manquantes, concernant en particulier les déplacements de courte durée. Ce qui est d'autant plus pertinent à la lumière du manque de données actuelles et de la nécessité de suivre les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs liés aux migrations dans le cadre des ODD.
De plus en plus de recherches tentent de montrer comment les big data peuvent, par exemple, expliquer les flux de migrants, les déplacements, les réseaux transationaux ou les rapatriements de fonds (voirBengtsson et al., 2011; State et al., 2014). Pour en savoir plus, voir Principes d’action avisés applicables à l'externalisation du traitement des visas (à confirmer) au Facilitation des voyages avant l’arrivée : gestion des visas, et Collecte de données et recherche sur le trafic de migrants (à confirmer) au Trafic illicite de migrants, pour comprendre, à travers des exemples, comment les réseaux sociaux peuvent être utiles dans certains de ces domaines. L'innovation en matière de données permet de mieux comprendre et plus rapidement des phénomènes de grande ampleur, comme les pandémies aux enjeux transfrontaliers telles que la COVID-19 (Rango et Borgnäs, 2020).
- Nielsen, Big data and international migration, 2014. Cet article de blog de l’initiative Global Pulse des Nations unies aborde la question de l'utilisation des big data pour améliorer la base de données sur les migrations internationales.
- Répertoire sur l’innovation en matière de données. Le répertoire sur l’innovation en matière de données (DID ou Data Innovation Directory) recense des exemples d'utilisation de nouvelles sources de données et de méthodologies dans le domaine de la migration et de la mobilité humaine.
- Le GMDAC de l’OIM et le Centre de connaissances en matière de migration et de démographie de la Commission européenne (KCMD), Alliance Big Data pour les migrations (BD4M). Lancée en 2018, elle vise à exploiter le potentiel des sources de big data pour l'analyse des migrations et l'élaboration des politiques, tout en répondant aux questions de confidentialité, de sécurité et d'utilisation éthique des données.
- Spyratos, S., et al., Quantifying international human mobility patterns using Facebook network data [Quantification des modèles de mobilité humaine internationale à l'aide des données du réseau Facebook], 2019.
Cependant, l’utilisation potentielle de ces sources innovantes pour l'élaboration des politiques s'accompagne de difficultés importantes, comme précisé dans l’encadré ci-dessous. On ignore encore quelle sera l'utilité exacte des big data pour mesurer les migrations internationales.
Sur le blog de l’initiative Global Pulse des Nations unies, un article traite notamment du potentiel des big data en tant que ressources pour comprendre les migrations internationales et pointe leurs limites (extrait du blog) :
- Manque de données de référence : les données traditionnelles fiables sur les flux migratoires internationaux sont rares, il est donc très difficile de tester l'utilisation d’une nouvelle source de données en tant que proxy (variable) ;
- Manque de partage et d’accessibilité des big data : Les entreprises du secteur privé qui détiennent la plupart de ces données ne sont pas incitées à les partager et/ou ne disposent pas des mécanismes nécessaires pour le faire tels que les protocoles de données ouvertes, la« philanthropie des données » , ou autres ;
- Problèmes liés à la confidentialité des big data : si elles ne sont pas anonymisées et correctement agrégées, ces données comportent des risques de ré-identification et d'utilisation des informations personnelles ;
- Biais de sélection : La plupart des sources des big data se limitent aux utilisateurs de données en ligne, généralement plus jeunes, plus riches et plus urbains ;
- Complexité de la modélisation des big data : Ces ensembles de données étant plus récents, plus volumineux et plus complexe, ils exigent des techniques d'analyse plus avancées.
Nielsen, 2014 [texte modifié pour plus de clarté].
Un certain nombre d'organisations et d'initiatives collectent, produisent et/ou analysent des données sur les migrations peuvent également être utiles à l'élaboration des politiques :
- Projets de recherche. D’autres projets de recherche plus larges ou universitaires peuvent générer des données qualitatives et quantitatives à partir d’études approfondies. Ces données sont généralement présentées dans des rapports, des notes d’information, des articles universitaires, des documents de référence et d'autres documents de recherche. Il arrive, dans certains cas, que des ensembles de données soient cependant mis à disposition. (Voir, par exemple, le projet MIGNEX.)
- Organisations non-gouvernementales. Les ONG collectent et partagent souvent des données relatives à leurs activités ou aux questions de migration sur lesquelles elles travaillent. Ces données sont parfois accessibles via des rapports publiés sur les sites Web des ONG.
Il existe un nombre croissant de données sur les migrations et elles sont de plus en plus accessibles (Espey, 2017). Mais il subsiste des lacunes importantes. Le rapport du Secrétaire général à la Commission de statistique de 2019 indique que:
Malgré des besoins sans précédent, les statistiques sur les migrations internationales sont insuffisantes. De nombreux pays ne disposent pas de statistiques de base sur les populations et les flux de migrants. Par exemple, [...] les statistiques sur les populations de migrants depuis 2005 ne sont disponibles que pour 125 pays. Les données sur les populations de migrants ventilées selon des caractéristiques supplémentaires telles que sexe, âge, pays d'origine et éducation, sont disponibles dans un nombre inférieur de pays. Les données sur les flux sont encore plus rares. Quant à celles sur l’importance des flux et des populations d’émigration, et de leurs caractéristiques, elles sont quasi inexistantes. Dans le cadre de la collecte de données auprès des bureaux nationaux de statistiques pour l'Annuaire démographique de la Division des statistiques du Département des affaires économiques et sociales du Secrétariat, seuls 49 pays et zones ont fourni des données sur les flux migratoires au moins une fois depuis 2011 pour au moins un tableau migratoire.
Secrétariat Général des Nations unies, 2019.
En effet, dans le cadre du Programme mondial de recensement de la population et du logement des Nations unies, la plupart des pays effectuent un recensement de manière régulière, à savoir une fois tous les dix ans. La plupart des pays incluent également dans leur questionnaire de recensement des questions sur les migrations, telles que pays de naissance ou nationalité. Toutefois, ces informations n’étant souvent ni compilées, ni diffusées publiquement, il existe un manque certains de données sur les migrations. Ce qui pose un problème aux niveaux mondial, régional et national et montre que des efforts considérables doivent être déployés pour répondre aux besoins existants.
Lorsqu’on parle de manque de données, on entend notamment :
- des données non collectées
- une couverture incomplète
- des données disséminées au sein de différentes sources
- des chiffres totaux seulement sans aucune ventilation
- des données non comparables au sein d'un même pays ou entre pays
Il peut manquer des données pour des domaines politiques spécifiques (voir par exemple Enjeux et limites des données au Trafic illicite de migrants et Paysage des données au Traite des personnes et formes connexes d'exploitation et d'abus) et/ou pour des sous-groupes de migrants. Parmi ces derniers figurent les personnes non inscrites dans les registres d'état civil (en particulier les enfants dont la naissance n'est pas enregistrée), les enfants migrants qui deviennent apatrides durant leur voyage et d’autres groupes vulnérables, tels que les adultes et les enfants non conformes aux stéréotypes de genre (pour plus de détails, voir Principales sources de données, d’études et d’analyses au Genre et migration, Enfants et migration et Migrants vulnérables à la traite, à l’exploitation et aux formes connexes de violences et d’abus). À noter que les migrants en situation irrégulière ne sont généralement pas comptabilisés à l'aide des outils traditionnels de collecte de données, et que les apatrides sont parfois exclus ou plus difficiles à identifier. En outre, les problèmes d'identification peuvent aussi entraver une collecte de données précises relatives aux décès de migrants (Portail de données sur les migrations, 2021e). Certains contextes, tels que les déplacements dans un contexte de crise, peuvent poser des difficultés supplémentaires, telles que la saturation des capacités de collecte de données (pour en savoir plus, voir Principales sources de données, d’études et d’analyses au Dimensions de mobilité liées aux crises). De manière générale, il devient urgent de disposer de données sur les migrations ventilées par âge, par sexe et par d'autres variables, ainsi que des données issues de différents secteurs politiques et ventilées par statut migratoire. Ces informations sont nécessaires afin d’améliorer les stratégies de réponse aux difficultés qu’engendrent les migrations, et de fournir un soutien et une aide efficaces aux populations touchées, notamment les groupes vulnérables.
- Projet de promotion de la recherche quantitative comparative dans le domaine de la migration et de l’intégration en Europe (PROMINSTAT) : Financé par l'Union européenne, ce projet a permis d’étudier les données de 29 pays européens, en s’intéressant essentiellement aux populations, aux flux, à l'intégration et à la discrimination.
- Poulain, M., N. Perrin et A. Singleton, Projet Towards Harmonised European Statistics on International Migration [Vers des statistiques européennes harmonisées sur les migrations internationales] (THESIM) : Ce projet a consisté à compiler des sources statistiques comparables sur les migrations internationales et l'asile dans les États membres de l'Union européenne. Bien que les résultats datent de 2006, ils fournissent des informations complètes sur les systèmes permettant de produire des statistiques sur les migrations pour les États membres de l'Union européenne.
Afin de travailler efficacement avec les données migratoires, il convient de faciliter la collecte de données de qualité en temps opportun et de veiller à ce qu’elles soient partagées, analysées, utilisées et/ou communiquées de manière adéquate à l’étape adéquate du cycle politique (voir tableau 1). Selon le contexte, chaque étape de la collecte et du traitement des données nécessite des réflexions différentes. Par exemple, les fonctionnaires participant à la définition de la politique et chargés de mettre leurs collègues plus expérimentés au courant sont parfois très occupés et n'ont pas besoin d'avoir accès à un tableau complet des données de recensement. En revanche, ils doivent disposer des coordonnées de la personne travaillant sur ces tableaux et pouvant leur fournir une analyse et répondre à leurs questions.
Dans tous les cas, les parties prenantes peuvent adopter des mesures proactives pour s'assurer que les données sur les migrations sont collectées et utilisées efficacement et qu'elles ont le plus d'impact possible sur les politiques.
Avant de collecter des données, il convient d'identifier :
- les besoins d'informations pertinentes ;
- la « population concernée » et les variables telles que sexe, âge, statut migratoire et autres caractéristiques clés à ventiler ultérieurement ;
- les sources de données pertinentes ;
- les parties prenantes intéressées par des données et analyses pertinentes, et leurs besoins, y compris au sein des différents ministères et services administratifs, des médias, de la société civile, entre autres ;
- la fréquence et l’approche du rapport et/ou de l'analyse requis, y compris les différents rapports pour les différents usages et publics ;
- les personnes idoines pour effectuer (a) la collecte et le nettoyage des données, (b) l'analyse des données et les études complémentaires, et (c) les rapports et la communication ;
- Les étapes de l'élaboration d'un plan d'action pour la collecte, le traitement, l'analyse, la rédaction de rapports et la communication des données pour les besoins politiques identifiés (voir Comment développer les capacités en matière de données afin de répondre aux besoins politiques, ci-dessous) ;
- mécanismes permettant aux utilisateurs des données de faire des retours afin d'améliorer les activités relatives aux données
Au cours des différentes étapes de la collecte et de la gestion des données migratoires, d'autres considérations sont importantes, comme le montre le tableau 4.
Étape | Réflexion | Pourquoi ? |
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Collecte, traitement et stockage des données |
Suivre et recenser tous les protocoles pertinents de collecte et de traitement des données |
Cette approche permet de suivre la collecte et le traitement des données. Il convient pour cela de suivre et de respecter les protocoles concernés, et en particulier ceux relevant de la protection des données. Ce suivi permet aux parties prenantes d'identifier l'origine des données et d'évaluer leur traitement, garantissant ainsi leur fiabilité. |
Gestion des données : analyse, rapport, dissémination et utilisation | Veiller à ce que les données soient partagées avec l’ensemble des ministères/instances gouvernementales concernés et collationnées au niveau central, le cas échéant, | afin que les rapports soient pertinents pour l'élaboration des politiques et de comprendre parfaitement la base de données. |
Veiller à ce que la communication et l'analyse des données soient guidées par les besoins politiques | afin que les données migratoires relevées et analysées soient les plus pertinentes pour les thèmes spécifiques de la politique migratoire. | |
Veiller à ce que les données et les analyses soient présentées d'une manière adaptée aux différentes parties prenantes | Afin que les informations soient communiquées dans des formats et via des plateformes répondant le plus efficacement possible aux besoins des décideurs politiques et/ou des citoyens, il est parfois nécessaire d’élaborer des stratégies spécifiques, telles que des documents ou des présentations plus courts utilisant un langage simple et renvoyant à des analyses et des études plus approfondies. Les rapports en ligne, les synthèses, les tweets, les messages SMS et les notifications par e-mail sont autant de moyens d'informer les décideurs politiques et les citoyens. | |
Veillez à ce que les métadonnées pertinentes soient disponibles lors de la publication. Il s'agit d’inclure des informations sur :
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Les métadonnées sont essentielles à une interprétation et à une analyse correctes des données. Dans le domaine de la migration, les données (ou données « brutes » non traitées) sont souvent utilisées, en l'absence de statistiques officielles, dans le calcul des estimations et des indicateurs. Il est important de comprendre les forces et les limites des données qui n'ont pas été traitées à l'aide de méthodes statistiques. |
Remarque : cette liste n’est pas exhaustive.
La protection des données dans le domaine de la migration doit être prise en considération à chaque étape de l'élaboration des politiques afin de garantir le respect du droit à la vie privée et la protection des données personnelles des migrants. La collecte et la gestion des données migratoires peuvent comporter des risques quant à la perte de données, à leur falsification, à l'accès non autorisé ou à l'échange inutile de données personnelles. Au vu de l'augmentation du nombre de données personnelles disponibles sur les migrants, leur protection mérite une attention particulière.
toute information relative à une personne concernée, identifiée ou identifiable, enregistrée par des moyens électroniques ou sur papier.
OIM, 2011.
personnes pouvant être identifiées directement ou indirectement par la mention d’un ou de plusieurs facteurs spécifiques. Il peut s’agir d’un nom, d’un numéro d'identification, de circonstances matérielles et de caractéristiques physiques, mentales, culturelles, économiques ou sociales.
OIM, 2011.
La protection des données personnelles est importante pour sauvegarder le droit à la vie privée, un droit de l’homme fondamental. L'utilisation abusive et la divulgation non autorisée de données personnelles peuvent entraîner des risques pour les migrants, notamment la violence verbale et physique, le ciblage et la discrimination. Il est nécessaire de respecter le droit à la vie privée des migrants et de veiller à ce que leurs données personnelles restent confidentielles.
La protection des données est nécessaire dans l'échange, le stockage et le traitement confidentiel des données personnelles. Ces mesures sont particulièrement importantes lors de la collecte de données personnelles de populations vulnérables, quel que soit le contexte. En cas de conflit, de déplacement et/ou de migration forcée, la sécurité des migrants peut être davantage compromise si leurs données personnelles sont collectées par les gouvernements ou partagées avec ceux sans qu'ils en aient été informés et sans leur consentement préalable. (Pour en savoir plus sur les garde-fous relatifs à la collecte et au traitement des données dans de tels contextes, voir Dimensions de la mobilité dans les crises – réponse d’urgence.)
Les États doivent s'efforcer de respecter la vie privée des personnes concernées, de protéger l'intégrité et la confidentialité des données à caractère personnel et de prévenir leur partage inutile ou non souhaitée avec des tierces parties. À cette fin, ils doivent :
- mettre en place un cadre global de protection des données répondant aux normes nationales et internationales en matière de protection des données. inclure dans ce cadre des lois strictes sur la protection des données à caractère personnel et une autorité indépendante chargée de la protection des données.
- accorder une attention particulière aux données à caractère personnel des migrants vulnérables, en veillant à ce qu’elles soient traitées à des fins déterminées et légitimes et d'une manière licite, loyale et transparente, tout en garantissant l'anonymat et la confidentialité.
- Veiller à ce que seules les données nécessaires soient communiquées à des tierces parties.
- Veiller à ce que les risques liés au partage des données à caractère personnel ne l'emportent pas sur les avantages.
- Utiliser des systèmes sécurisés pour faciliter le partage des données entre les acteurs concernés.
- Mettre en place des garde-fous pour protéger les données afin d'assurer l'anonymat et la confidentialité des données à caractère personnel.
- Désigner des coordonnateurs dans les agences et organisations concernées pour établir une structure/un cadre de gouvernance pour le partage des données, gérer les intérêts potentiellement divergents et contrôler l'utilisation continue des données.
- Développer un système commun de gestion des données et/ou des normes précisant ses utilisateurs et administrateurs, les logiciels et technologies requises, et la sécurité mise en place pour protéger les données.
Les bonnes politiques et pratiques pour veiller à ce que les données ne soient pas partagées en cas de risque pour leur protection sont les suivantes :
- mettre en place des mesures appropriées, telles que : contrôles d'accès ; registres détaillés indiquant qui traite les données et quand ; pare-feux pour veiller à ce que les données collectées dans un but précis ne sont pas utilisées à d'autres fins.
- Veiller à ce que les acteurs étatiques et non étatiques en possession de données comprennent leurs responsabilités juridiques et éthiques.
La province canadienne du Manitoba adopte la stratégie suivante lorsqu'elle présente des données sur l'immigration : toutes les valeurs sont arrondies au multiple de 5 le plus proche. Cette approche vise à prévenir toute identification des individus lorsque les données d'IRCC sont compilées et comparées à d'autres statistiques accessibles au public. Les nombres inférieurs à 5 sont simplement indiqués par « - »pour la même raison.
Province du Manitoba, 2018.
Les instruments pour la protection des données aux niveaux international, régional, national et local sont basés sur le droit à la vie privée, prévu à l'article 12 de la Déclaration universelle des droits de l'homme.
Droit international
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Remarque : cette liste n’est pas exhaustive.
Instruments régionaux |
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Remarque : cette liste n’est pas exhaustive.
LaConvention pour la protection des personnes à l'égard du traitement automatisé des données à caractère personnel (Convention 108) a été le premier accord multilatéral sur la protection des données à caractère personnel, adopté en 1981. Bien qu'elle ait été élaborée par le Conseil de l'Europe, tout État peut devenir partie à la Convention 108. LaConvention 108+ mise à jour et améliorée par rapport au texte précédent, est actuellement en cours de ratification par les États membres.
En mai 2018, leRèglement général sur la protection des données (RGPD) est entré en vigueur pour encadrer la protection des données et la vie privée dans l'Union européenne et l'Espace économique européen, et le transfert des données à caractère personnel en dehors de l'Europe. Le rapport d’évaluation du RGPD publié en juin 2020 a mis en évidence l'importance de garde-fous renforcés en matière de protection des données pour protéger les droits individuels, accroître la transparence et la responsabilité.
Les organisations internationales qui soutiennent les États dans leur gestion des migrations et/ou leur aide humanitaire ont également leurs propres principes en matière de protection des données.
- Martens, R., Manuel de protection des données de l’OIM, 2010. Basé sur les principes de protection des données de l'OIM, ce manuel guide le personnel de l'OIM et d'autres organisations opérationnelles dans le traitement des données à caractère personnel afin de protéger les droits des bénéficiaires.
- Nations unies, Principes relatifs à la protection des données à caractère personnel et de la vie privée, 2018. Fournit des conseils aux organisations du système des Nations unies sur la protection des données à caractère personnel.
L'élaboration d'un plan d'action national peut s'avérer très utile pour développer les capacités des parties prenantes concernées afin d'améliorer la collecte et l'utilisation des données sur les migrations. Les efforts visant à renforcer les capacités en matière de données sur les migrations peuvent constituer une approche efficace pour répondre aux besoins en données sur le long terme. À l’instar d'autres actions de renforcement des capacités, il nécessite du temps, des ressources, une collaboration entre les parties prenantes (par exemple, les bureaux nationaux de statistique et les ministères) et un engagement politique. Avant d’initier une action relative aux données migratoires, il convient de prendre en compte les mesures proactives décrites dans les principales considérations à différents stades de la collecte et du traitement des données sur l'utilisation des données sur les migrations à des fins politiques.
Un plan d'action national pourrait comprendre les éléments suivants :
- Cartographier les sources de données nationales sur les migrations, en identifiant toutes les sources possibles, y compris les données inexploitées collectées mais pas toujours utilisées (telles que les données administratives) ;
- Aligner les méthodes de collecte et de gestion des données sur les migrations sur les normes internationales. En passant, par exemple, par la formulation de conseils sur les pratiques harmonisées en matière de collecte, d'analyse et de diffusion des données nationales sur les migrations ;
- Développer et promouvoir l'utilisation de modules migratoires communs pour les recensements et les enquêtes ;
- Mettre en place des activités et des ateliers de formation sur les données sur les migrations de façon permanente, à l’aide de contenus de formation répondant aux besoins locaux tout en respectant les directives internationales ;
- Développer ou mettre à jour les profils migratoires nationaux existants ;
- Désigner des coordonnateurs nationaux pour les données sur les migrations, tels que des représentants des bureaux nationaux de statistiques, d'autres ministères et agences gouvernementales, et des partenaires non gouvernementaux, afin de coordonner les données nationales sur les migrations ;
- Créer un groupe de travail technique sur les données sur les migrations avec les points focaux ;
- Mettre les microdonnées du recensement à la disposition des analystes et faire appel à des experts externes pour développer des outils d'analyse des données du recensement ;
- Évaluer les activités pertinentes afin d'améliorer les pratiques de façon permanente.
Bien qu'ils se concentrent généralement sur le niveau national, les plans d'action peuvent également améliorer les capacités en matière de données au niveau régional, ce qui peut être très bénéfique pour les pays.
Les éléments d'un plan d'action régional sur les données sur les migrations peuvent inclure notamment :
- L'organisation d'ateliers régionaux permettant aux pays de partager leurs expériences et leurs meilleures pratiques ;
- Grâce à un réseau de points focaux nationaux, établir des groupes de travail techniques régionaux pour coordonner les activités régionales sur les données sur les migrations, y compris l'harmonisation des données ;
- Élaborer des profils migratoires régionaux ;
- Cartographier ou dresser un inventaire des sources de données sur les migrations au niveau régional ;
- Entreprendre une action conjointe ou régionale de mobilisation des ressources pour les données sur les migrations, y compris des ressources issues des technologies numériques.
Les initiatives de renforcement des capacités en matière de données élaborées par des organisations régionales ou internationales pour les États peuvent consister à élaborer des documents techniques, à organiser des ateliers de formation ou à offrir une assistance technique spécialisée sur des tâches particulières relatives aux données. Dans la pratique, il peut s'avérer plus efficace de combiner ces efforts pour renforcer et/ou développer les capacités en matière de données sur les migrations (OIM GMDAC, 2019). La DSNU a créé une boîte à outils pour évaluer la capacité des données nationales sur les migrations (voir Pour aller plus loin ci-dessous).
Les lignes directrices régionales de la CEDEAO mentionnées ci-dessus sont un exemple de ressources de renforcement des capacités en matière de données sur les migrations.
- UNSD : Cetteboîte à outilssur l'évaluation de la capacité des données nationales sur les migrations comprend une série de questions pour évaluer la capacité à produire des statistiques fiables, opportunes et comparables sur les migrations internationales, afin d'identifier les domaines dans lesquels un renforcement des capacités est nécessaire.
- OIM : Via son Centre mondial d'analyse des données sur les migratoires, l'OIM aide les gouvernements à renforcer leurs capacités en matière de données migratoires. Il s'agit notamment d'organiser des ateliers de formation, d'élaborer des outils et des manuels spécialisés sur les données migratoires, de partager et d'expliquer les données disponibles sur le portail de données migratoires, de présenter les bonnes pratiques, notamment en matière de renforcement des capacités, et bien plus encore. Pour plus d'informations, consulter leur site Web.
- L'UNDESA participe à l'amélioration de la base de données mondiale sur les migrations, notamment par le biais du renforcement des capacités en matière de données. Pour plus d'informations, voir leur.site Web.
- L'OIT propose des cours et des séminaires de formation ainsi que des outils de formation en ligne sur des sujets spécifiques afin de soutenir la mise en œuvre des normes internationales en matière de statistiques du travail. Ces outils sont disponibles en français, en anglais et en espagnol. Pour plus d'informations, voir leur site Web.
- Banque mondiale L'équipe « Développement statistique et partenariat » du groupe sur les données sur le développement travaille à l'amélioration des statistiques qui soutiennent la mission de la Banque mondiale en matière de lutte contre la pauvreté. Pour plus d’informations, voir le site Web.
En outre, les programmes d'enquête sur les migrations internationales peuvent aider les bureaux nationaux de statistique en élaborant des questionnaires et des manuels, en préparant des logiciels et en détachant des experts de la migration. Les programmes d'enquête peuvent être réalisés par un consortium d'instituts de recherche.
- Latin American Migration Project: Projet de recherche pluridisciplinaire visant à collecter systématiquement des données sur les migrations vers les États-Unis depuis 10 pays d'Amérique latine grâce à des enquêtes auprès des ménages (extension du Mexican Migration Project).
- Households International Migration Surveys in Mediterranean Countries (MED-HIMS): Ce projet, qui consiste en des enquêtes menées auprès des ménages développées pour les pays de la région du Sud de la Méditerranée, est une initiative conjointe réunissant la Commission européenne, la Banque mondiale, le FNUAP, le HCR, l'OIT, l'OIM de la Ligue des États arabes. Visant à « collecter des données multiniveaux représentatives, rétrospectives et comparables sur les caractéristiques et le comportement des migrants et les incidences de la migration internationale », ses premiers résultats ont été publiés en 2016.
- Projet sur les migrations entre l'Afrique et l'Europe (MAFE): Une initiative de recherche indépendante axée sur les mouvements bilatéraux entre l'Afrique subsaharienne et l'Europe afin de comprendre les motifs et les causes de la migration et de recueillir des informations sur ses conséquences sur le développement afin de tirer parti de ces avantages dans différents domaines politiques. Elle a duré de 2005 à 2012 (Rapport final).
- Les données sont la pierre angulaire de l'élaboration de politiques migratoires fondées sur des données probantes. Les données sont principalement collectées au niveau national et sont essentielles dans les étapes d'identification, de formulation, de mise en œuvre et d'évaluation du cycle politique.
- Les cadres et engagements mondiaux, tels que le Programme pour 2030 et le Pacte mondial pour les migrations, soulignent l'importance des données sur les migrations et le besoin urgent de les améliorer.
- Le corpus de données sur les migrations est lacunaire ; notamment en raison de l’insuffisance de données de qualité, actualisées et comparables. Il manque des données sur de nombreux sujets importants liés à la migration, ainsi que de données ventilées par statut migratoire dans différents secteurs. En outre, les pays utilisent souvent des définitions et des concepts différents pour la collecte des données, ce qui complique la comparaison.
- Les nouvelles technologies et méthodologies ont contribué à une augmentation sans précédent de la quantité de données disponibles sur les migrations et des options pour les traiter. Bien que la manière dont les nouveaux types de données, tels que les big data, peuvent être systématiquement utilisées pour améliorer le corpus de données sur la migration et soutenir l'élaboration des politiques, ne soit pas encore claire, les avancées sont prometteuses.
- Il est essentiel de comprendre les concepts clés des données sur les migrations (tels que les populations par rapport aux flux) ainsi que les points forts et les limites des différents types de sources de données pour pouvoir utiliser celles-ci en connaissance de cause au cours des différentes étapes du cycle d'élaboration des politiques.
- Afin de travailler efficacement avec les données sur les migrations au niveau national, il peut être utile d'élaborer un plan d'action systématique pour collecter, traiter, analyser et communiquer les données en fonction des besoins politiques identifiés, et de mobiliser les partenaires nécessaires à la réussite et à l'efficacité dudit plan.
- Il existe de nombreux types d'activités de renforcement des capacités en matière de données pouvant contribuer à améliorer la collecte et l'utilisation des données sur les migrations.