Glossary

L’élément distinctif des FIR réside dans le fait que ce type de dialogues interétatiques réunit deux régions ou plus. Comme les processus consultatifs régionaux (PCR) les FIR partagent des informations et des expériences, et visent à trouver des solutions communes dans le domaine de la gestion et de la gouvernance des migrations. Mais contrairement aux PCR :

  • les FIR peuvent avoir une composition plus variée, leurs États membres représentant différentes régions et parfois différentes extrémités d'un couloir migratoire (pays de destination et pays d’origine).
  • En raison de cette non-homogénéité, les États membres d'un FIR peuvent avoir des intérêts politiques différents, parfois contradictoires. Le nombre plus élevé et la diversité des membres, les différences substantielles en termes de dynamique migratoire, d'intérêts et de résultats escomptés rendent plus difficile l'obtention d'un consensus. Les discussions et documents des FIR peuvent être encore plus informels et non contraignants que ceux des PCR composés de pays situés dans des régions à forte intégration régionale.
  • Les FIR peuvent être créés en réunissant des pays membres d’unions politiques et économiques, et donc en faisant également participer ces entités formelles à leur dialogue.

Par exemple, le Dialogue birégional structuré et global sur les migrations entre l’Union européenne et les pays d’Amérique latine et des Caraïbes (Dialogue UE–CELAC) rassemble des États membres de l’Union européenne et des États membres de la CELAC. Lorsque le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne ou lorsque le Brésil la Communauté d'États latino-américains et caraïbes (CELAC), ces pays ont cessé d’être membres du Dialogue UE–CELAC.

  • Dans les FIR qui comptent des organisations politiques ou économiques parmi leurs membres, le discours interétatique va de pair avec le discours interinstitutionnel sur la migration.

Par exemple, le Dialogue euro-africain sur la migration et le développement (Processus de Rabat)  facilite le dialogue entre ses 56 États membres, mais aussi entre l'Union européenne et la Commission de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). De même, l’Initiative sur la route migratoire UE-Corne de l’Afrique (Processus de Khartoum)  est un dialogue entre 40 États mais elle facilite également le dialogue sur les politiques entre l'Union européenne et l'Union africaine. Cela a permis au Processus de Rabat et au Processus de Khartoum d’être choisis pour assurer le suivi du Plan d'action conjoint de La Valette (PACV) destiné à renforcer la coopération entre l’Union européenne et l’Union africaine.

Les FIR peuvent être conçus pour rassembler les États le long d'un « couloir migratoire », comme le Dialogue 5+5 sur la migration dans la Méditerranée occidentale qui réunissait dix pays, cinq de chaque côté de la Méditerranée. Par ailleurs, les FIR peuvent rassembler des groupes de pays. Les Consultations intergouvernementales sur la migration, l'asile et les réfugiés (CIG), par exemple, comprennent les pays de « destination traditionnelle ».

Les FIR qui s'intéressent à un domaine concret de la gestion des migrations sont notamment le Processus de Bali (avec 45 États membres d'Europe, d'Asie, d'Amérique et du Moyen-Orient), qui vise à lutter contre le trafic illicite de migrants, la traite des êtres humains et la criminalité transnationale connexe, et le Dialogue  d'Abou Dhabi, qui porte sur la mobilité de la main-d'œuvre dans 18 États membres d'Asie et du Moyen-Orient.

D'autres FIR, comme le Processus de Budapest (qui relie l’Europe et l’Asie), le Processus de Rabat (Europe et Afrique) ou le Forum panafricain sur la migration  – ont des axes thématiques assez larges.

Bien qu'il puisse être difficile de relier directement les FIR à des accords formels au niveau régional ou mondial, les FIR continuent de jouer un rôle important dans le renforcement de la cohérence des politiques entre les États participants, et plus largement à l’échelle mondiale, ce qui ouvre souvent la voie à des accords formels ultérieurs.

Example
Exemples d’orientation en faveur des États membres résultant des forums interrégionaux sur la migration

Processus de Bali

Les ressources comprennent :

  • Regional Strategic Roadmap toolkit, pour renforcer les réponses en matière de lutte contre la traite. Ce portail interactif en ligne aide les États de l’Asie-Pacifique à évaluer leurs politiques, à en identifier les éventuelles lacunes et à améliorer leurs réponses face à la traite d’êtres humains [en anglais uniquement].

Le Processus de Bali participait également à des régions de groupes d’experts destinées à élaborer la Loi type contre le trafic illicite de migrants de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) (2010), qui a été adoptée par 18 États membres.

Consultations intergouvernementales sur le droit d’asile, les réfugiés et la migration (CIG)

Ces débats ont contribué à l'élaboration de solutions en réponse à la crise régionale du Kosovo (Walls, 2018)

Initiative sur la route migratoire UE-Corne de l’Afrique (Processus de Khartoum)

Début 2018, un bilan a été initié sur la traite d’êtres humaines et le trafic de migrants dans les pays du Processus de Khartoum en Afrique. Cet exercice a pour but de fournir un aperçu des tendances qui caractérisent les schémas régissant la traite de personnes et le trafic de migrants, des cadres politiques et institutionnels ainsi que des réponses à la traite de personnes et au trafic de migrants. Le processus a conduit à un ensemble d’observations et de recommandations finales, qui aident les États membres du Processus de Khartoum à renforcer leur engagement dans le cadre de la gouvernance des migrations, à titre individuel et collectif (OIM, 2019a)

Conjointement avec le Dialogue euro-africain sur la migration et le développement (Processus de Rabat), le Processus de Khartoum est chargé de surveiller la mise en œuvre du Plan d'action conjoint de La Valette (PACV), qui concerne divers domaines de la gouvernance des migrations. Des réunions thématiques annuelles permettent d’adopter des recommandations sur le principal axe de préoccupation du Processus (à savoir la traite d’êtres humaines et le trafic de migrants) ainsi que dans d’autres domaines thématiques, comme le suggérait la première réunion des hauts fonctionnaires du PACV. Ces domaines comprennent : avantages des migrations en termes de développement et lutte contre les causes profondes de la migration irrégulière et du phénomène des personnes déplacées ; migration légale et mobilité ; protection et asile ; retour, réadmission et réintégration (Processus de Khartoum, 2018).

Example
Exemples d’initiatives de projets par forums interrégionaux sur la migration

Consultation ministérielle sur l'emploi à l’étranger et la main-d'œuvre contractuelle pour les pays d'origine et de destination en Asie (Dialogue d’Abu Dhabi)

Le Dialogue d’Abu Dhabi est non seulement un forum de dialogue mais il entreprend également des projets pilotes, pratiques et innovants, conçus pour améliorer la gouvernance de la migration de main-d'œuvre. Ces projets sont axés sur des questions telles que le recrutement éthique, la certification des compétences, l’élaboration de programmes d’information et d’orientation ainsi que le rôle de la technologie. Par exemple, le projet pilote baptisé « An Alternative Model of Labour Recruitment » actuellement développé par les gouvernements des Émirats Arabes Unis et des Philippines entend promouvoir un recrutement équitable et éthique au sein des pays membres du Dialogue d’Abu Dhabi. Ce modèle alternatif de recrutement de main-d'œuvre tient compte d’une étude qui révélait l’existence de divergences entre les offres d’emploi telles que rapportées par les travailleurs migrants et les contrats de travail effectifs. Des procédures de recrutement ont donc été instaurées afin d’analyser les exigences de recrutement individuelles à la fois du pays d’origine et du pays de destination. L’objectif est d’éviter des tendances telles que la « fuite des cerveaux » et de s’assurer que les travailleurs migrants aient accès aux exigences des deux pays et qu’ils les comprennent.

Processus de Budapest

Le Processus de Budapest contribue, à de nombreux égards, à l'élaboration de politiques régionales dans la région des routes de la soie et au développement de réponses régionales et de voies à suivre par l'échange d’informations et l'alignement des approches. Depuis 2015, son projet Regional Law Enforcement Cooperation on irregular migration, migrant smuggling and human trafficking (RELEC) a permis de renforcer la coopération régionale dans le domaine de la prévention de la migration irrégulière, du trafic de migrants et de la traite d’êtres humains. En 2019, les pays participants (Afghanistan, Bangladesh, République islamique d’Iran, Irak, Pakistan et Turquie) ont développé une structure coopérative qui implique l’instauration de points de contact nationaux, l'échange de données pertinentes, d’un système d’alerte et d’information précoce et d’une analyse annuelle des rapports statistiques/ d’information.

Messages-clés
  • Les forums consultatifs interrégionaux (FIR) fonctionnent de manière très similaire aux processus consultatifs régionaux, à la différence qu’ils relient différentes régions. À travers le FIR, les États peuvent affiner leur connaissance des différentes questions migratoires, bénéficier de possibilités de développement de leurs capacités, contribuer à définir un cadre de coopération sur des sujets intéressants et améliorer leurs propres politiques et législation sur la migration.